Chevrolet Corvette - La mutante magique

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2022

Le groupe GM a tenu pleinement son immense pari de transformer une icône américaine de l’automobile en grande sportive à moteur central, après plus de six décennies de lente évolution et de tradition farouche. Cette Corvette s’est imposée comme le meilleur vendeur de sa catégorie au pays dès sa première année, récoltant même le double des ventes de sa plus proche rivale. Et ce n’est qu’un début, puisque de nouvelles variantes vont bientôt augmenter l’offre, alors que l’usine de Bowling Green n’arrive pas encore à satisfaire la demande. Et la suite promet d’être spectaculaire.

Alors que cette huitième génération de la Corvette, alias C8, entame déjà sa troisième année, on n’entend plus la clameur des puristes qui souhaitaient la survie de la version classique à moteur avant. Parce que la nouvelle a démontré, avec panache, que l’ingénieur en chef, Tadge Juechter, et son équipe ont eu raison de se battre et de concrétiser le rêve d’une Corvette à moteur central qui animait Zora Arkus-Duntov, père légendaire de la voiture sport américaine par excellence. Un rêve entretenu, pendant plus d’un demi-siècle, par la création d’une série impressionnante d’études et prototypes de toutes sortes.

Au jeu des groupes et des options

La svelte C8 a vite conquis la presse automobile, qui l’a aussitôt bombardée de superlatifs et couverte d’honneurs. Parmi eux, le titre de Voiture nord-américaine de l’année. Les acheteurs se sont rapidement manifestés par la suite, pour les quelque 21 000 exemplaires qu’a réussi à produire l’usine du Kentucky la première année, soit environ la moitié de ce qui était prévu. Près de 20% de ces pionnières étaient des décapotables, dont le toit rigide rétractable ajoute 46 kg au poids de la Stingray et se replie ou se replace en quelque 16 secondes, jusqu'à 48 km/h. Et la petite vitre qui s’abaisse entre les contreforts derrière les sièges permet de doser à volonté air frais et sonorité.

Plus de 85% des Corvette de cette première portée étaient des versions 2LT et 3LT très bien équipées, comme c’est souvent le cas avec les nouveautés. On aurait cependant tort de ne pas considérer la 1LT, aux prix de base actuels de 71 748 $ pour le coupé et 80 748 $ pour la décapotable (transport et préparation inclus dans les deux cas). Jamais la plus abordable des Corvette n’aura effectivement été aussi intéressante.

D’abord parce qu’elle profite de l’agilité, de l’équilibre et de la motricité que lui procure son moteur central. Ensuite parce qu’il s’agit du même V8 atmosphérique tout aluminium de 6,2 L et 490 ch que ses sœurs, lubrifié par carter sec et jumelé à une excellente boîte Tremec à double embrayage comptant 8 rapports. Il suffit d’allonger 1 375 $ pour l’échappement de performance qui fait passer la puissance de 490 à 495 ch et le couple de 465 à 470 lb-pi, sonorité fauve en prime. Les fabuleux amortisseurs à variation magnétique sont une option vendue 2 180 $.

Cette Corvette 1LT a beaucoup de gueule, entre autres parce qu’elle est posée sur des jantes d’alliage de 19 pouces à l’avant et 20 pouces à l’arrière, chaussées de pneus de taille 245/35ZR19 et 305/30ZR20, comme les autres. Or, la version 1LT de la Stingray C7 se contentait à l’origine de jantes de 18 et 19 pouces qui émoussaient à la fois sa direction et son look. En outre, l’habitacle de la C8 est, sans conteste, plus attrayant et mieux fini. La qualité et la richesse des matériaux se bonifient au gré des éléments et finitions spéciales que l’on ajoute aux 2LT et 3LT, déjà plus cossues.

Les choses sérieuses

Pour tirer le meilleur de cette Corvette Stingray, il lui faut le groupe Z51, toujours une aubaine, même à 6 995 $. Parce qu’il lui octroie des freins Brembo plus grands, des amortisseurs à variation magnétique réglables, l’échappement de performance, un rapport de pont plus court de 5.17 avec différentiel autobloquant électronique et des pneus Michelin Sport 4S plus mordants, sans oublier une lame sous l’avant et un aileron arrière. La C8 est ainsi fin prête pour les circuits, si la chose vous sourit, en plus de son grand talent pour la conduite sur route sinueuse. Ce que vous pourrez constater dans notre match des sportives auquel a participé une Corvette 3LT avec groupe Z51.

Et ce n’est qu’un début, puisque Chevrolet lancera bientôt une nouvelle Z06 animée par une version civile du V8 de 5,5 litres qui a mené les Corvette C8.R à la victoire aux dernières 24 Heures de Daytona. On attend une puissance de 615 ch et un régime maxi entre 8 500 et 9 000 tr/min pour ce moteur atmosphérique à double arbre à cames en tête, doté d’un vilebrequin à manetons plats (flat-crank), comme chez Ferrari. Notre boule de cristal montre également une C8 hybride, une nouvelle ZR1 et une Zora de près de 1 000 ch, à rouage intégral. Peut-être même une Corvette électrique. Désolé pour les puristes…

Feu vert

  • Performances et sonorité emballantes
  • Comportement et roulement exceptionnels
  • Habitacle moderne et bien fini
  • Conception ingénieuse et soignée

Feu rouge

  • Visibilité arrière très limitée
  • Commandes de climatisation étranges
  • Peu de rangement dans l’habitacle
  • Qualités hivernales douteuses

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires