Que de l'électrique en 2035 : BMW n'y croit pas

La clé, c’est le libre choix. La flexibilité d’offrir une multitude d’options mécaniques qui peuvent ou non être populaires, en fonction des marchés. Voilà ce que clame haut et fort Frank Weber, membre de la direction de BMW AG, et responsable du développement des produits. En entrevue, il admettait que l’électrification prend de plus en plus d’espace et demeure une solution d’expansion, contraire par exemple à celle du diesel.

Or, pour un constructeur de la trempe de BMW, il est, dit-il, impossible d’imaginer qu’un jour, on pourrait en arriver à ne commercialiser qu’un seul type de motorisation. Et plus les années avanceront, plus les solutions se multiplieront.

À ses yeux, l’idée qu’un pays comme le Canada puisse interdire complètement la vente de modèles à essence dès 2035 est donc farfelue. D’une part, parce que les règles changent constamment et que les gouvernements se renouvellent et s’adaptent aux nouvelles réalités, mais aussi parce que si 2035 peut sembler lointain, il en va autrement pour un constructeur automobile. En fait, M. Weber explique que BMW travaille déjà sur des modèles qui seront commercialisés dans la prochaine décennie, donc très près de cette date butoir.

Photo: BMW AG

Des véhicules déjà bien entamés et qui, dans plusieurs cas, pourront accueillir tout type de motorisation, incluant même l’hydrogène. C’est par exemple le cas de la dernière BMW Série 5, laquelle peut recevoir des motorisations à essence, diesel, hybride rechargeable, et tout électrique.

Weber affirme que sur certains marchés, le passage à l’électrification va bon train. Selon lui, il a été relativement facile de convertir un premier 30% d’acheteurs à cette technologie, avec la participation des gouvernements bien sûr. Il estime également que dans les pays les plus engagés, on pourrait aller chercher un autre 40% d’acheteurs qui passeront à l’électrification.

Or, les 30% restant seront très difficiles à convaincre, alors que sur d’autres marchés, il sera même difficile d’atteindre 30% des ventes de modèles électriques. Parmi ces marchés, les États-Unis, chez qui la réalité diffère énormément d’un État à l’autre, et où l’électricité est parfois aussi coûteuse qu’écologiquement néfaste à produire. M. Weber a en outre abordé la question de la production des batteries, qui pourrait devenir un véritable enjeu environnemental.

Photo: BMW AG

Qui plus est, s’adapter aux règles des marchés locaux est une tâche quasi impossible à accomplir, mentionne M. Weber, notamment parce que celles-ci peuvent changer à tout moment. Et puisque BMW vise à offrir la meilleure technologie dans chacun des créneaux, il importe de pouvoir continuer à travailler sur l’ensemble des options existantes. C’est donc dire que si Tesla mène actuellement le bal de l’électrification, BMW a pour tâche de surpasser le fabricant américain. Sans toutefois négliger le marché des véhicules à essence, où le constructeur bavarois est meneur, devant Audi et Mercedes-Benz.

Fait intéressant, on assiste à un ralentissement de l’intérêt de plusieurs manufacturiers automobiles envers les véhicules électriques. Parmi eux, Stellantis, qui avait annoncé il y a quelques années vouloir emboîter le pas vers l’électrification de façon radicale. Aujourd’hui, à la lumière des difficultés rencontrées chez Ford comme chez d’autres marques face à cette technologie, Stellantis fait un pas en arrière. Ou du moins, observe et s’adapte à la réalité du marché en affirmant vouloir proposer des véhicules électriques, mais aussi de nouvelles générations de motorisations à essence, et des hybrides.

Maintenant, en sachant que les constructeurs élaborent des modèles qui seront commercialisés dans cinq ou six ans, et en observant un certain ralentissement, voire un désintérêt d’une partie de la clientèle envers l’électrification, tout laisse croire que les objectifs annoncés par les gouvernements du Québec et du Canada, qui diffèrent sur plusieurs points, seront irréalisables. Certes, la voiture électrique continuera son ascension chez nous, au Québec, où l’énergie est propre et peu coûteuse.

Photo: BMW AG

Or, il suffirait demain matin de retirer les crédits applicables en vigueur pour qu’une majorité de consommateurs changent d’avis. À preuve, nos voisins ontariens, qui achètent cinq fois moins de véhicules électriques pour une population deux fois plus importante que celle du Québec. M. Weber ajoute d’ailleurs qu’en Europe, où les « cadeaux » des gouvernements se resserrent, on observe un retour vers les véhicules à essence de la part de gens qui avaient déjà fait le saut vers l’électrification.

BMW est donc très heureux de constater que la berline i4 figure parmi les voitures les plus vendues d’Europe, toutes catégories confondues. Et en ce sens, voilà pourquoi BMW lancera en cours d’année 2025 une nouvelle génération portant présentement le nom de Neue Klasse, laquelle sera entièrement électrique et de taille comparable à la Série 3.

Or, à l’inverse de certains constructeurs qui choisissent de délaisser les modèles à essence pour se consacrer uniquement à l’électrification, cette nouveauté très attendue ne compromet pas l’avenir de la Série 3 à essence, plus traditionnelle. Et s’il en va ainsi chez BMW, soyez assurés que ce sera pareil chez Audi et particulièrement, chez Mercedes-Benz, qui annonçait récemment vouloir revoir sa stratégie envers les modèles EQ, qui ne connaissent pas le succès escompté.

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