Dodge Charger 2019: Elvis est éternel
La Dodge Charger représente l’archétype de la voiture américaine : grosse, lourde, puissante, mal finie… et incroyablement attachante
Elvis Presley a eu plusieurs époques. Il y a eu celui des débuts, qui a révolutionné la société américaine, puis celui qui enchaînait les films, le Elvis nouveau qui a effectué un immense comeback en 1968, celui, moins en forme, des dernières années. Elvis était une si grande star qu’il ne s’est pas éteint le 16 août 1977. Pour plusieurs, il est toujours en vie!
À plusieurs égards, l’histoire de la Dodge Charger rappelle celle d’Elvis. Après des débuts plus ou moins convaincants, en 1966 (contrairement à ceux du chanteur une décennie plus tôt), la Charger a connu une exceptionnelle destinée après son remaniement, en 1968. Elle était à ce moment, et demeure encore selon l’auteur de cet essai, la plus belle voiture américaine jamais produite, point à la ligne. Vous avez le droit de ne pas partager mon enthousiasme. La Charger a elle aussi connu une brillante carrière au cinéma et à la télévision (Bullitt et Cours après moi, Shériff, ça vous dit quelque chose?). Les années 70, et surtout les années 80, n’ont pas été tendres envers cette voiture, mais son retour en 2006 l’a remise en selle. Et comment!
Treize ans plus tard, loin de s’essouffler, la Charger ne cesse de surprendre. Son châssis a beau être, en partie, celui d’une Mercedes-Benz Classe E d’il y a plus de vingt ans, on s’en fout. Ceux qui recherchent du raffinement vont voir ailleurs. Ce que veulent les baby-boomers prêts à apposer leur signature au bas d’un contrat pour l’achat d’une Charger, c’est de la puissance. Un déluge de chevaux, un ouragan de testostérone, un tsunami de livres-pied.
Rock’n Roll!
Quatre moteurs sont offerts pour celle que l’on imagine passer l’arme à gauche d’une année à l’autre. Quatre moteurs dont le plus faible, un V6 de 3,6 litres, développe tout de même 292 chevaux. Ce qui s’avère amplement suffisant pour des accélérations vives, dans une sonorité, ma foi, fort intéressante. Bien que ce moteur soit le plus économique du lot, il consomme quand même pas mal. Au moins, il forme un parfait duo avec la boîte automatique à huit rapports. En passant, il s’agit du seul à pouvoir être lié au rouage intégral.
Pour beaucoup de puissance, il faut passer au V8 5,7 litres Hemi à tiges-poussoirs, une technologie qui ne mérite plus ce nom tant elle est dépassée. Qu’importe, ce moulin livre 370 chevaux et un couple de 395 livres-pied. Vous voulez laisser votre trace sur l’asphalte dans un déferlement de décibels? Rien de plus facile avec le 5,7!
Et là, c’est le Elvis de 1968, plus en forme que jamais, avec un gros 6,4 litres (ou 392 pouces cubes… d’où la très intéressante version 392) de 485 chevaux. Ici, on ne parle plus de traces sur l’asphalte. On parle de traces DANS l’asphalte. Si vous vous inquiétez de la consommation d’essence de ce monstre qui déménage les quelque 2 000 kilos de la Charger comme moi je fais défiler les photos sur mon iPhone, c’est manifestement parce que vous n’êtes pas l’acheteur type!
Enfin, la version Hellcat. Jamais l’enfer n’aura été pavé de si mauvaises intentions. 707 chevaux et 650 livres-pied prêts à satisfaire les plus bas instincts routiers. La consommation est effarante, mais pas tant que ça, pour autant qu’on y aille léger avec la pédale de droite. Curieusement, ce satanique moteur peut faire preuve d’une douceur tout à fait angélique. Il suffit de choisir les mauvais paramètres via l’écran central... Tout amateur de belles mécaniques doit avoir conduit une Charger (ou une Challenger) Hellcat avant de mourir.
Elvis… imparfait et éternel
La Charger, peu importe sa version, est une grosse voiture. Et lourde. Évidemment, cela paraît quand on la conduit. Entre la livrée de base et la Hellcat, il y a un monde de différences. Le contraire aurait été surprenant! Si la Charger V6 se comporte un peu mollement (suspensions plus calibrées pour le confort que pour la sportivité, direction un peu vague), il en va tout autrement pour la démentielle Hellcat, dont la tenue de route, la direction et les freins sont étonnants de précision et d’endurance pour une berline américaine. Et que dire de ses sièges ultra enveloppants? Sur un circuit sinueux, une Corvette mettrait une Hellcat dans sa petite poche, par contre… Selon mon humble avis, le V8 de 5,7 litres constitue le meilleur compromis.
Il y a quelques années, les designers de Dodge ont entièrement revu le tableau de bord et on les en remercie encore tant il est esthétique et ergonomique. L’équipement de série est plutôt généreux et le système multimédia UConnect, l’un des mieux réussis de l’industrie. Ses menus et ses graphiques sont simples et clairs et les icônes sont placées de façon intuitive.
La Dodge Charger est sans doute l’une des voitures les moins politiquement correctes sur la planète. Même si elle est toujours en demande, elle ne pourra pas vivre éternellement. Mais on ne sait jamais. Après tout, Elvis est encore vivant. Je le sais, je le croise souvent. Il se déguise même en policier à l’occasion!
Feu vert
- Habitacle vaste et confortable
- Moteur V6 amplement suffisant
- Gueule d’enfer et futur classique (Hellcat)
- Excellent rapport prix-performances
Feu rouge
- Consommation absolue (V8)
- Finition sommaire
- Valeur de revente dramatique
- Voiture trop lourde et trop grosse
- À ne pas laisser entre toutes les mains (Hellcat)