Chevrolet Optra, victime de la loi de la jungle
Le créneau des voitures compactes est plutôt occupé ces temps-ci. Les Mazda3, Ford Focus, Hyundai Elantra, Pontiac Vibe, Honda Civic, Kia Spectra et Toyota Corolla, pour ne nommer que celles-ci, se livrent une guerre sans merci et seules les plus fortes survivront. La Chevrolet Optra a choisi de tirer à bout portant sur rien de moins que la Mazda3 en proposant, comme cette dernière, une livrée berline, une autre hatchback et, enfin, une familiale. Même si elle paraît désavantagée dès le départ, l’Optra garde certaines cartes dans sa manche et sait les sortir le temps venu. Voyons ça de plus près !
Il faut tout d’abord rappeler que l’Optra, ainsi que les Chevrolet Aveo et Epica, provient des restes de la défunte Daewoo et est toujours fabriquée en Corée. Le nom Daewoo n’a pas nécessairement bonne presse au Québec (et nulle part dans le monde !), mais il ne faut pas croire que ce trio soit bâclé. Même que des trois voitures, l’Optra est sans doute celle qui mérite le plus notre attention, étant située entre les deux autres dans la gamme Chevrolet et étant aussi celle qui possède la personnalité la plus intéressante. Fait à noter, Suzuki fabrique sa propre version de l’Optra, la Forenza, disponible uniquement chez nos voisins au sud du 45e parallèle.
VARIATIONS SUR THÈME CONNU
Comme nous le disions, la gamme Optra se décline en trois versions, soit la berline, le hatchback appelé Optra5 et la familiale, judicieusement baptisée « wagon » par les anglophones et apparue quelques mois après les autres. Chacune de ces variations nous arrive en livrée de base ou LS et seuls certains accessoires viennent les démarquer. Par exemple, la version de base ne peut recevoir le télédéverrouillage ou la direction à assistance variable en fonction de la vitesse. Même chose pour le régulateur de vitesse et les rétroviseurs à commande électrique. Le climatiseur, standard dans la LS, est optionnel dans la livrée de base. Dans un exercice marketing courant (mais que je ne comprends toujours pas), les freins ABS sont optionnels, peu importe la livrée.
Un seul moteur a été retenu par Chevrolet pour l’Optra. Il s’agit d’un quatre cylindres de 2,0 litres de 119 chevaux et 126 livres-pied de couple. Ces données n’impressionnent guère et force est d’admettre que ce moteur peine un peu, surtout lorsqu’il est accouplé à la transmission automatique et que le duo doit déplacer les 1 315 kilos de la familiale. Les accélérations et reprises sont pénibles (0-100 en 12,6 secondes tandis qu’il faut calculer 10,1 secondes pour passer de 80 à 120 km/h), et la sonorité du moteur en plein travail nous fait quasiment regretter Daniel Hétu. À vitesse constante, par contre, il sait se taire.
La transmission automatique effectue son boulot consciencieusement mais semble bouffer plusieurs chevaux, alors que la boîte manuelle se manie aisément et se montre bien adaptée au moteur.
Le châssis se révèle fort rigide et Chevrolet (ou Daewoo ?) lui a assigné des suspensions réglées pour le confort. Qui dit confort, dit souvent tenue de route précaire. Mais il ne faudrait pas croire que l’Optra ne tienne pas la route pour autant. Certes, si on pousse la machine on découvrira un comportement sous-vireur (comme toutes les tractions), mais c’est davantage le manque de soutien latéral des sièges et la pauvreté des pneus d’origine qui sautent aux yeux ! Les freins, sans ABS, risquent de donner des sueurs froides à quiconque descend le moindrement trop vite la côte de St-Joseph-de-la-Rive. Les freins ABS, eux, se veulent discrets mais les distances demeurent un peu longues.
LES GRANDS ESPACES
Il n’y a pas si longtemps, une alliance entre General Motors et un constructeur coréen aurait donné des résultats hyper poches en termes de finition, les deux parties ayant un taux de réussite assez faible en la matière. Ce n’est plus le cas puisque, malgré toute ma mauvaise volonté, je n’ai pu dénicher de défauts à la carrosserie de notre voiture d’essai. La finition intérieure péchait à un ou deux endroits, mais il faut vraiment être critique (critiqueux selon ma conjointe…) pour trouver des bibittes. Même au chapitre de l’ergonomie, rien à redire, sinon que la clenche qui actionne la trappe à essence est difficile à atteindre si la portière est fermée. Le siège du conducteur s’ajuste en hauteur, autorisant ainsi une bonne position de conduite. D’aucuns trouvent les sièges fermes mais il faut avouer qu’ils se montrent confortables, même sur de longues distances. Deux personnes devraient pouvoir voyager sur la banquette arrière sans trop de peine. L’espace pour les jambes est surprenant mais la troisième personne, mal assise, pourrait tomber en dépression profonde avant d’avoir eu le temps de remarquer ledit espace.
La plus grande différence entre les trois versions de l’Optra se situe à la poupe. La berline propose un coffre traditionnel assez logeable. L’Optra5 présente davantage d’espace mais c’est, naturellement, la familiale qui rafle les honneurs au chapitre de l’espace de chargement même s’il n’est pas très haut. Tous les modèles possèdent une banquette arrière dont les dossiers s’abaissent. De plus, sous le tapis et dans les parois on retrouve beaucoup d’espaces de rangement.
Même si elle n’est pas un parangon de sportivité ou de confort, il n’en demeure pas moins que l’Optra est une voiture très honnête. Son prix fort avantageux et sa qualité de fabrication amènent de plus en plus de consommateurs à la mettre sur leur liste d’épicerie. Et son look n’est pas vilain du tout !
Feu vert
Rapport qualité/prix intéressant
Design sobre mais efficace
Finition très correcte
Familiale sérieuse
Bonne ergonomie
Feu rouge
Freins peu endurants
Puissance déficiente
Boîte automatique mal adaptée
Coffre et capot un peu lourds
Climatiseur plus ou moins efficace