Audi A3 TDI 2011: Pourquoi chercher de midi à quatorze heures?
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Si, autrefois, il fallait vanter la puissance d’une voiture pour espérer attirer les consommateurs dans les salles de montre, il est aujourd’hui de mise de mettre à l’avant-plan son côté vert. Les hybrides tels qu’on les connaît sont sans aucun doute nés de cet engouement pour l’environnement. Mais avec les véhicules hybrides ou électriques, est apparue une extraordinaire complexité technique.
Pourtant, avant même le début du XXième siècle, un certain Rudolph Diesel développait un moteur fonctionnant à l’huile lourde, un pétrole moins raffiné que l’essence. Au fil des années, le moteur diesel s’est taillé une excellente réputation partout à travers le monde et dans une foule d’applications, surtout grâce à sa consommation moindre que celle des moteurs à essence et à son couple généreux à bas régime. C’est surtout l’industrie du transport lourd qui, durant de nombreuses années, a bénéficié des propriétés du diesel. Pour améliorer sa puissance, on lui adjoint souvent un turbocompresseur.
Aujourd’hui, la technologie du diesel est parfaitement maîtrisée et, à puissance égale, émet moins de CO2 que les moteurs à essence conventionnels. En 2006, 2007 et 2008, c’est une Audi R10 mue par un V10 TDI (Turbo Diesel Injection - diesel turbocompressé à injection directe) qui a remporté les 24 Heures du Mans. On est rendu loin d’un engin de machinerie lourde!
La logique, mon œil…
La logique la plus élémentaire voudrait que tous les véhicules actuels soient motorisés par des diesels. Or, pour la plupart des gens, surtout en Amérique du Nord, diesel rime encore avec sale, bruyant et polluant, des caractéristiques qui, malheureusement, lui collent à la peau comme un acarien à un drap utilisé depuis une semaine. Il est alors bien plus payant pour un constructeur automobile de parler d’électricité que de diesel…
Il existe heureusement quelques constructeurs, tous allemands, qui persistent à offrir un moteur diesel dans quelques-uns de leurs véhicules vendus de notre côté du trou d’eau. Audi, par exemple, propose deux modèles, la A3 et le VUS Q7. L’été dernier, nous avons pu faire l’essai d’une A3 TDI. Aussi bien vous le dire tout de suite, nous avons été charmés par cette petite familiale.
Bien qu’elle soit bâtie sur le châssis de la Golf GTI, il existe suffisamment de différences entre les deux pour que la A3 jouisse d’une personnalité propre. Tout d’abord, il faut avoir l’œil pour voir une Golf dans les délicates lignes de la A3. Dans l’habitacle, c’est un peu plus évident, surtout au niveau du design du tableau de bord mais on a réussi, chez Audi, à améliorer la présentation, la qualité des matériaux et leur assemblage, déjà très relevés dans la GTI!
1000 km entre chaque plein
Même sous le capot de la A3, on est en terrain connu puisqu’on y retrouve l’excellent quatre cylindres à essence de 2,0 litres turbocompressé de 200 chevaux et 207 livres-pied de couple de la GTI. Pour le moteur diesel, Audi n’a pas eu à chercher loin non plus, la Golf familiale offrant un excellent quatre cylindres de 2,0 litres de 140 chevaux et un généreux couple de 236 livres-pied. Ou est-ce la Golf qui l’a pris de Audi? ATK, comme on dit maintenant… Toujours est-il que ce moteur ne change pas radicalement la personnalité de la A3 même si on l’entend un peu plus, le diesel n’étant pas encore aussi silencieux qu’un moteur à essence. Mais ce n’est jamais dérangeant sauf, peut-être, à froid durant l’hiver. Durant notre semaine d’essai estival, nous avons eu le temps de nous habituer à l’accélérateur dur et peu progressif mais c’est surtout la consommation d’essence, pardon de diesel, que nous retenons. Même si nous n’avons pas toujours été très respectueux des limites de vitesse et de la bienséance lors des départs, nous avons obtenu une moyenne de 7,0 litres/100 km, ce qui nous amenait à faire le plein environ à tous les 925 kilomètres, ce qui est excellent. Sans doute qu’une conduite plus légale nous aurait amené aux pompes aux 1000 km.
La seule transmission offerte avec ce moteur est une automatique S-Tronic à six rapports au fonctionnement plus qu’adéquat et qui, grâce à ses palettes derrière le volant, nous fait oublier le plaisir de manipuler une manuelle. C’est surtout en mode Sport que cette boîte automatique se distingue en changeant les rapports beaucoup plus tard, ce qui semble donner un petit coup de pep au moteur. Par exemple, à 100 km/h, le moteur « tourne » à 1900 tours/minute tandis qu’à 120, le tachymètre affiche 2300.
Un peu dure pour le dos
La Audi A3 TDI fait toujours preuve d’un comportement routier très relevé grâce à des suspensions assez fermes, suffisamment pour incommoder les physiques sensibles. Il faut dire que les pneus Pirelli Zero Rosso à taille basse 225/40ZR18 de notre version S-Line ne font rien pour améliorer la situation! Le diesel n’étant pas offert avec l’excellent rouage intégral quattro, ce sont les roues avant qui ont le mandat de tirer la voiture. Les ingénieurs ont bien travaillé puisqu’on ne sent jamais, ou si peu, d’effet de couple (la direction semble tirer à gauche et à droite) dans les roues avant en accélération vive. Super!
La voiture affiche un aplomb remarquable en virages et les amateurs de sensations fortes peuvent s’amuser ferme sur une piste puisque les systèmes de contrôle de traction et de stabilité latérale se désactivent complètement. Mais même lorsqu’ils sont en fonction, leur intervention n’est pas trop abusive. On retrouve aussi un mode catapulte (launch mode) qui n’est pas compliqué à utiliser et qui, effectivement, catapulte la voiture, pour autant que les roues avant ne soient pas braquées et que la température du moteur, et sans doute de la transmission, soit jugée correcte par l’ordinateur. Et pour ajouter au plaisir, les sièges avant retiennent très bien les corps tout en faisant preuve de confort tandis que la direction électromécanique est précise et offre un bon retour d’informations. Et si jamais le plaisir dépassait les compétences, huit coussins gonflables protégeront les occupants.
Question de $$$$
Il y a bien peu à redire sur la Audi A3 TDI. Elle est racée, sportive, utile grâce à son hayon et économe avec son moteur diesel. Cependant, elle demeure un peu plus dispendieuse que le modèle à essence équivalent ( 33950$ contre 35 300$) tandis qu’une Volkswagen Golf familiale Highline équipée du même moteur se transige, au moment d’écrire ces lignes, 30 775$. Nous parlons ici des modèles de base, sans options. Et comme Audi a le crayon plutôt lourd dès qu’il s’agit d’options, le prix peut monter rapidement. On pourrait alors se retrouver avec une A3 TDI de près de 43 000$, comme notre voiture d’essai…
La A3 TDI est donc une synthèse entre la sportivité d’une Golf GTI et la mécanique d’une Golf familiale diesel. Pour plusieurs, cela vaut les $$$ supplémentaires demandés. Les autres continuent de croire que la Audi A3 TDI parfaite aurait droit à une boîte manuelle (même si la S-Tronic à six rapports fait un travail fabuleux) et au rouage quattro comme en Europe. Mais à quel prix...