Chevrolet Cruze 2011, GM a tenu parole
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Lorsque ce constructeur a connu de sérieuses difficultés commerciales et financières au cours de la dernière année, ses dirigeants ne cessaient de parler de la Chevrolet Cruze comme étant l'une des automobiles en mesure de leur permettre de remonter la pente. Pourtant, lorsque la Cruze a été dévoilée dans le cadre du Salon de l'auto de Paris en 2008, je dois avouer que je n'avais pas été tellement impressionné. Cette nouvelle venue était entourée par une meute de journalistes qui ne cessaient de la photographier sous tous ses angles mais je ne peux pas dire qu’elle m’avait emballée. J’avais même déchanté en fermant l'une des portières arrière qui avait alors émis un son de « cacanne ». Oupelaye !
Quoi qu'il en soit, ce modèle a été commercialisé depuis plusieurs mois dans d'autres marchés où il a connu beaucoup de succès. En effet, on a même souligné qu'il était le meilleur vendeur de sa catégorie presque partout. Voilà maintenant au tour des États-Unis et du Canada de recevoir cette Chevrolet qui revêt tant d'importance. Est-ce que GM a tenu ses promesses ? Trop souvent par le passé, la campagne de publicité annonçant l'arrivée d’un nouveau modèle était plus qu'impressionnante. Mais après nous avoir promis monts et merveilles, le produit fini était fort décevant.
Puisque le titre de cet essai a déjà dévoilé le punch final, vous savez que l'opération a été réussie. Reste à savoir maintenant comment cela s'est passé.
Élégante mais sobre
Il est certain que les stylistes qui ont conçu cette voiture ont renoncé au coup d’éclat. En effet, les lignes de cette berline sont sobres, très sobres même. Elles sont un peu dans la même inspiration que la nouvelle Volkswagen Jetta. Il ne faut pas se méprendre sur mon énoncé. La voiture est élégante, jolie même, mais sa silhouette joue la discrétion. En fait, c'est surtout sa grille de calandre traversée par une large barre transversale au milieu de laquelle le trône le fameux nœud papillon Chevrolet qui est l'élément le plus visuellement important. La ligne de caisse est assez élevée, comme le veut la mode actuelle, tandis que l'arrière se retrousse quelque peu. Cette présentation permet d'obtenir de meilleures cotes aérodynamiques tout en offrant un coffre à bagages plus volumineux. Il faut ajouter que les feux arrière sont relativement grands et reliés entre eux par une barre chromée qui traverse le rebord du couvercle du coffre à bagages. Cette astuce permet de donner une impression de largeur à la voiture.
L'habitacle est d’un design quelque peu plus audacieux. À titre d’exemple, les trois cadrans indicateurs sont localisés dans une nacelle dont la partie supérieure épouse les contours de ces cadrans circulaires. Cela ajoute un peu plus de relief à un ensemble relativement sage. Ces instruments sont rétro éclairés par des diodes électroluminescentes projetant une lumière claire d’un bleu glacé, en plus d’éclairer d’autres commandes intérieures.
Comme c'est dorénavant la tradition chez la plupart des produits de ce constructeur, une console centrale accueille les commandes audio qui sont encadrées par deux buses de ventilation, une de chaque côté. Une applique de couleur argent permet de délimiter les espaces. Quant aux commandes de la climatisation, on a refusé de jouer la carte des trois boutons. Cette fois on n'en utilise que deux, un pour la température et l'autre pour régler le ventilateur. Les autres réglages s’effectuent par des touches placées entre ces deux éléments. La console placée entre les sièges avant accueille bien entendu le levier des vitesses dont le maniement s'est avéré relativement facile. Par contre, on a placé le pavé de désactivation du système de stabilité latérale sur la partie de droite de la console, donc du côté du passager. Je crois que c'est trop exposé à ce que le passager désactive le système par mégarde. Toutes les versions de la Cruze possèdent des commandes audio et de téléphonie sur les branches horizontales du volant. Le boudin de celui-ci est de bonnes dimensions et se prend très bien en main.
Et, fait dorénavant fréquent chez General Motors, la qualité des plastiques s'est avérée excellente de même que la finition intérieure. Un bémol cependant. J'ai eu l'occasion de conduire une version de base qui comprenait sur la partie de la planche de bord faisant face aux passagers une applique recouverte de tissu. Il me semble que cette approche n'est pas tellement rassurante car ce tissu risque de changer de couleur sous l’effet des rayons du soleil et même d’amasser des poussières et autre saletés. Sur d'autres modèles, cette applique été recouverte de cuirette, une solution beaucoup plus intéressante à long terme.
Les sièges avant offrent un bon support latéral pour une voiture de cette catégorie et le support pour les cuisses est également bon. Par contre, le dossier semble ne pas être en harmonie avec l'anatomie de certaines personnes. Lors de ma randonnée d'essai, mon copilote s’est plaint que la partie supérieure du dossier s'appuyait au mauvais endroit. Personnellement, c'est sur la partie inférieure de mon dos que j’ai éprouvé une certaine pression. Mais au fil des kilomètres, ces sièges se sont révélés confortables. Quant aux places arrière, la banquette a une bonne assise et l’inclinaison du dossier est correcte. Par contre, il faudra que les occupants des places avant collaborent pour permettre à des personnes de grande taille de pouvoir bénéficier de suffisamment d'espace pour les jambes. Bien entendu, le confort de la place centrale arrière est assez aléatoire.
Du nouveau et encore du nouveau
Ceux qui suivent l'actualité automobile depuis plusieurs années, savent que General Motors avait tendance à rafistoler des plates-formes déjà en usage depuis plusieurs années et de les coupler à des moteurs modernisés tant bien que mal. On sait ce que cette pratique à répétition a donné. Les clients ont connu mieux avec la concurrence japonaise et ont délaissé les produits du géant américain. Celui-ci a fait amende honorable et nous propose une voiture dont la plate-forme Delta est toute nouvelle tout comme la suspension arrière et la motorisation. Quant à la suspension avant, elle est nouvelle elle aussi, mais jusqu'à quel point puisqu'il s'agit d'une suspension de type MacPherson, une configuration qui laisse peu de place à l'originalité. Par contre, la suspension arrière est vraiment innovatrice. Il est vrai qu'elle fait appel à une poutre de torsion, mais on a bien agencé cette poutre avec des bras tirés et un autre support transversal afin d'équilibrer le tout. Ceci a pour effet d'assurer un confort notable et une tenue de route fort honnête.
Deux moteurs sont au catalogue. Celui qui équipe la version LS, la plus économique, est un quatre cylindres de 1,8 litre d’une puissance de 138 chevaux et un couple de 125 livres-pied. Quant aux autres versions, elles sont dotées du tout nouveau moteur 1,4 litre turbo produisant également 138 chevaux. Par contre, son couple est plus élevé car il propose 148 livres-pied. Et ce couple est très linéaire et survient à bas régime. Ce moteur est associé à un turbo tournant à très haute vitesse et très facilement sollicité, ce qui évite presque complètement le temps de réponse qui affecte généralement les moteurs de ce type. Deux transmissions sont offertes, automatique et manuelle, et elles sont toutes deux à six rapports.
Pari gagné
Jusqu’à présent, tout se présente bien. La voiture est élégante et bien fabriquée, elle possède en outre un habitacle supérieur à la moyenne de la catégorie tant en ce qui a trait à la finition qu'à la présentation. En plus, son habitabilité est parmi les meilleures chez les compactes. Mais il fallait également que cette voiture se démarque au chapitre de la conduite. J'avoue que j'étais quelque peu inquiet devant cette motorisation de petite cylindrée. En effet, 1,4 litre, même avec un turbo compresseur, cela fait « econobox » et nous laisse entrevoir des performances modestes.
Dans le cadre de la présentation de cette voiture, nous avons pu essayer des modèles propulsés par ce moteur associé à la boîte automatique. Une version dotée du moteur 1,8 litre devait être également de la partie, mais des circonstances hors du contrôle des organisateurs ont rendu la chose impossible. Quoi qu'il en soit, j'ai été impressionné par l’homogénéité de cette voiture autant au chapitre des performances, que du confort et de la tenue de route. Ce n'est pas une sportive, il y a probablement d'autres compactes plus agréables au chapitre de la conduite pure, notamment la Mazda3, mais l'équilibre général est impressionnant.
En premier lieu, ce moteur n'est pas malingre du tout et son rendement est très bon. On peut aussi accorder une excellente note à la boîte automatique à six rapports dont les passages de vitesses sont presque imperceptibles. De plus cette boîte automatique permet les passages en mode manuel et c'est également intuitif et rapide. L'insonorisation est un point à souligner. En effet, un moteur de cette cylindrée et doté d'un turbo compresseur tournant à un régime élevé est une combinaison généralement bruyante. Par contre, les ingénieurs ont placé beaucoup de matériel insonorisant sous le capot pour atténuer le niveau sonore et c’est efficace. Il suffit d’ailleurs de soulever le capot pour se rendre compte à quel point on en a utilisé car il est très lourd.
La suspension bien calibrée permet une tenue de route honnête et sans surprise tout en absorbant les imperfections de la chaussée sans coup férir. Il est vrai que notre essai s'est déroulé en Ontario où les routes sont nettement meilleures qu'au Québec, mais certaines sections plus dégradées permettent de conclure que nous ne serons pas secoués outre mesure. Enfin, la rigidité de la caisse et de la plate-forme est à souligner.
Bref, il n'est pas surprenant que cette Chevrolet ait connu autant de succès sur les autres marchés. C'est une voiture bien conçue et bien exécutée tant au chapitre du comportement routier que du confort et de l'aménagement de l'habitacle. En plus, la qualité de sa finition est bonne. Mais l'élément le plus convaincant sera sans doute le prix de vente. En effet, le modèle le plus économique de la gamme, une LS avec moteur 1,8 litre avec une boîte manuelle à six rapports se vend 14 995$, ce qui est moins cher qu'une Honda Civic DX 2010. Et pas plus que certaines sous-compactes. Mais il ne faut pas se laisser impressionner par ce prix, car les différentes autres variantes ne sont pas vendues à prix bradé. Personnellement, une Cruze LTZ Turbo dont le prix de détail suggéré est de plus de 24 000$ m’inciterait à regarder autre chose, une Malibu par exemple. Il semble que le modèle du juste milieu soit la LT avec moteur 1,4 litre turbo couplé à la boîte automatique.
L’avenir nous le dira, mais ce premier contact avec la Cruze permet de croire que cette nouvelle venue aura autant de succès sur notre marché que dans les autres pays où elle a été commercialisée. Il faudra pour ce faire que GM réussisse à convaincre les acheteurs que le passé n’est pas garant de l’avenir avec des véhicules qui n’ont pas grand-chose en commun avec les produits de jadis.