Volvo S80, le confort entre deux chaises
La Volvo S80 évolue dans une catégorie sans pitié. Audi A6, BMW série 5, Infiniti M, Mercedes-Benz Classe E et Lexus GS se livrent une lutte acharnée à grands coups d’électronique et de chevaux-vapeur. L’an dernier, Volvo a débarqué sur le champ de bataille avec une nouvelle S80. L’entreprise suédoise a beau insuffler de la puissance à sa voiture vedette et lui embarquer de l’informatique à n’en plus finir, reste que c’est au chapitre de la sécurité qu’elle marque des points.
Mentionnons tout d’abord que si la S80 a été entièrement revue l’année dernière… ça ne paraît pratiquement pas! On a certes arrondi un angle ici, retouché un rayon là, peaufiné un détail, camouflé une ride mais le résultat ne dépayse pas, au contraire. L’épaulement de la partie arrière (le renflement si caractéristique des Volvo) a été adouci. En gros, la S80 conserve donc ses lignes. Certains huent, d’autres applaudissent. Cependant, la grille avant mérite mieux que cette grosse plaque de plastique, moulée à même la calandre, qui vient briser l’harmonie.
Beauté rare
Là où tous s’entendent, c’est sur le design de l’habitacle. Surtout lorsque présenté dans sa version couleur beige sable du plus bel effet malgré une incorrigible tendance à se salir. Le tableau de bord, un modèle d’ergonomie (le petit bonhomme du système de ventilation, entre autres!), fait preuve d’une réelle recherche stylistique qui, heureusement, n’a pas sombré dans la caricature. Les lignes s’avèrent douces et inspirent le calme. La console flottante, une exclusivité Volvo, ajoute au modernisme même s’il est toujours très difficile d’avoir accès aux petits objets placés derrière. Et que dire des sièges! D’une rare beauté, ils sont aussi très confortables et invitent aux longues randonnées. Même ceux situés à l’arrière possèdent ces attributs.
Deux moteurs sont proposés pour la S80. Un V6 de 3,2 litres et un V8 de 4,4 litres sont associés d’office avec une transmission automatique à six rapports et à un rouage intégral. Le 3,2 litres offre 235 chevaux, ce qui n’est pas mal pour une voiture de plus de 1 600 kilos. Le V8 de 4,4 litres, par contre, déplace la S80 avec une aisance peu commune. Et la sonorité de ce moteur, lorsqu’on tourne la clé de contact, plait aux oreilles mécaniquement musicales. En revanche, en pleine accélération, son grondement sourd devient plus aigu et moins intéressant. Et, encore moins intéressant, le passage à la pompe… Notre essai d’un modèle V8 s’est soldé par une consommation de 15,2 litres aux cent kilomètres, ce qui est loin des données du constructeur qui se targue d’une moyenne de 11,3. Au moins, les deux moteurs fonctionnent à l’essence ordinaire. La transmission effectue son travail avec douceur. Il est possible de changer manuellement les rapports en jouant du levier mais on se lasse rapidement. Le rouage intégral envoie majoritairement le couple vers les roues avant, mais dès qu’une de ces roues perd de l’adhérence, le couple est dirigé vers l’arrière jusqu’à concurrence de 50 %.
Mode Sport
Notre S80 d’essai était muni de l’optionnel « Four-C Active Chassis ». En fait, il s’agit d’un système de suspensions semi-actives qui s’ajustent au pilotage, à la route et à la voiture, et ce, 500 fois par secondes. Ce système interagit aussi avec l’antidérapage, le moteur, les freins et la direction. Il est aussi possible pour le conducteur de choisir entre trois modes, soit « confort », « sport » et « advanced ». Les différences observées entre les divers modes n’étaient pas aussi nombreuses que sur une V70R essayée en 2006. Néanmoins, ce système s’avère très efficace et j’ai passé une bonne partie de ma semaine d’essai sur le mode « sport », un habile compromis.
La S80 affiche, à la limite, un comportement sous-vireur mais ne donne jamais l’impression d’être dépassée par les événements, aidée en cela par les Pirelli PZero Rosso 18" de notre voiture. À tout événement malheureux, vous pouvez compter sur des freins puissants et une multitude de béquilles électroniques pour vous sortir d’impasse. En parlant de freinage, il faut mentionner qu’une accélération vive après un arrêt d’urgence donne l’impression que le rouage intégral « glisse » un court moment. Sans être agréable, cette situation ne semble pas dramatique. Le volant, un zest trop grand à mon goût, propose un bon feedback.
Depuis plusieurs décennies, Volvo rime avec sécurité. Et la S80 ne fait pas exception à la règle. Outre les six coussins gonflables, les freins ABS et le système antidérapage, on retrouve un système optionnel appelé BLIS (Blind Sport Information System) qui, par l’entremise de petites caméras placées sous les rétroviseurs extérieurs, avise le conducteur qu’il y a des voitures placées dans son angle mort. Ce système s’avère très efficace, peut-être trop… Avec ce type de béquille, bien des personnes ne prendront plus la peine de tourner la tête pour bien vérifier. Par contre, un bouton d’ouverture d’urgence dans le coffre aurait été le bienvenu…
La Volvo S80 est une réussite à plus d’un point de vue. Pourtant, encore une fois, la marque suédoise ne devrait attirer que les consommateurs déjà vendus à la marque. Les autres préfèreront une voiture plus sportive (Audi, BMW) ou plus confortable (Mercedes-Benz) ou plus fiable (Infiniti, Lexus). Mais pour l’ergonomie, le niveau de sécurité et l’habitacle, la S80 ne part pas perdante.
Feu vert
Tableau de bord réussi, sièges impeccables,
moteur V8 puissant, essence régulière,
suspensions ajustables (Four-C)
Feu rouge
V8 gourmand, fiabilité reste à confirmer,
ouverture coffre petite, anti-dérapage autoritaire,
sportivité un peu à la traîne