Volvo S60, l'anti Volvo ?
Complexés les Suédois de chez Volvo ? Il semble bien qu’ils ont réagi qu’après s’être fait accuser pendant des décennies de produire de grosses boîtes carrées efficaces mais peu excitantes à conduire. Et cette réaction a trouvé son point culminant avec la S60. Les stylistes affectés à cette berline ont fait l’impossible pour la démarquer de tout ce qui avait été conçu auparavant. Sous la férule du Britannique Peter Forsbury, ils ont concocté ce coupé quatre portes se voulant sportif d’allure.
Les responsables de ce modèle s’étaient tellement convaincus de leur mission qu’ils nous parlaient de Volvo comme d’une marque à caractère sportif depuis des générations ! Cette volte-face n’a pas toujours été bien accueillie, d’autant plus que ce constructeur se vantait depuis des générations de fabriquer les voitures les plus efficaces en matière de sécurité et pas nécessairement d’être les plus sportives. Malgré cet écart de conduite, la philosophie traditionnelle de la marque n’a pas été modifiée tandis que la S60 joue toujours les sportives.
Priorité au stylisme
Comme mentionné précédemment, la S60 avait pour mission de changer la perception de la marque auprès des gens qui ignoraient ce produit. Les designers ont donc eu l’idée de l’affubler d’une carrosserie plus sportive, proposant la silhouette d’un coupé et le caractère pratique d’une berline. Si Mercedes-Benz a réussi un coup de maître avec la CLS, c’est moins heureux du côté de Göteborg alors que la partie arrière s'amenuise très rapidement, créant un déséquilibre visuel important. De plus, pour s’installer à l’arrière, il faut être souple et ne pas être trop grand car, une fois assis, le dégagement pour la tête est moyen tout au plus. Toujours pour souligner le caractère spécial de la S60, on a opté pour des feux arrière de grandes dimensions, un peu semblables à ceux de la première S80. C’est pas mal sur cette dernière, mais moins harmonieux sur la S60 en raison du dessin de la ligne de toit.
Par contre, l’habitacle est dans la plus pure tradition Volvo avec des sièges avant presque parfaits proposant un confort et un support supérieurs à la moyenne. En plus, le tableau de bord est sobre, bien aménagé et d’une ergonomie de bon aloi. Je suis moins impressionné par le design de l’articulation du levier de vitesse qui fait un peu surchargé, cette grosse boule argentée étant de trop en fonction du reste du décor. Bref, malgré ce léger bémol, toutes les qualités qui ont fait apprécier cette marque au fil des années comme la qualité de l’assemblage, des plastiques et de la finition sont présentes dans la S60.
Au pays du turbo
Les ingénieurs suédois aiment la turbocompression plus que dans tout autre pays. Selon eux, pas besoin d’une grosse cylindrée pour obtenir des performances. Aussi bien chez Saab que chez Volvo, les moteurs turbo font la loi ! Sur la S60, le moteur le plus utilisé est un cinq cylindres en ligne turbocompressé de 2,5 litres d’une puissance de 208 chevaux, couplé à une boîte manumatique à cinq rapports. Cette puissance peut sembler un peu juste sur une voiture de cette grosseur, mais un peu comme le moteur Turbo 2,0 litres de Audi, la réaction du moteur est instantanée et la puissance toujours au rendez-vous. À moins de vouloir courir des rallyes ou rouler constamment chargé, ce cinq cylindres fait le travail. Il est également offert avec une transmission intégrale faisant appel au système Haldex dont l’efficacité n’est plus à prouver. Par contre, ce modèle est plus lourd, environ 75 kg, ce qui nuit quelque peu à son équilibre général et à sa maniabilité.
Vous admettrez avec moi que 208 chevaux, ce n’est pas terrible pour une berline qui veut jouer les sportives. Ce qui explique la présence dans la gamme de la S60 de la T5 et de la R60. La première est équipée d’un moteur cinq cylindres en ligne monté transversalement d’une puissance de 257 chevaux et d’une boîte manuelle à six rapports. La T5 peut sembler être un modèle de rêve combinant sportivité et le caractère pratique de la marque. Pourtant, il ne m’emballe pas trop en raison d’un moteur affecté d’un certain temps de réponse du turbo, tandis que la boîte de vitesses à six rapports est affligée d’un embrayage pas nécessairement sportif... Et comme il s'agit d'une traction, un effet de couple est ressenti dans le volant. Par contre, le comportement routier est rassurant à défaut d’être sportif.
La R60 se veut le modèle de haute performance de la marque. Cette fois, c’est le moteur 2,5 litres qui est sous le capot, déployant 300 chevaux grâce à un méga turbo. En équipement de série, il propose une boîte manuelle à six rapports et l’intégrale. La boîte manumatique à cinq rapports est optionnelle. Sans tenir compte du temps de réponse du turbo, cette S60 est très, très rapide tandis que son comportement routier devrait satisfaire les plus audacieux. Par contre, tous les modèles R que j’ai conduits laissent entendre des craquements et des cliquetis, preuve que les 300 chevaux sollicitaient la rigidité de la plate-forme. Malgré ses airs de rebelle par rapport aux autres voitures de la marque, la S60 est une authentique Volvo en raison de sa solidité, de sa sécurité et de son confort, tout en offrant une conduite un peu plus sportive.
Feu vert
Sécurité assurée, sièges confortables,
moteurs adéquats,
boîte automatique
Feu rouge
Places arrière difficiles d'accès, abandon version R,
silhouette vieillotte, direction engourdie,
fiabilité inégale