Ferrari 612 Scaglietti, pour voyager entre amis
Pour les purs et durs, les modèles Ferrari quatre places ne sont qu’un compromis que la compagnie a constamment fait pour attirer une clientèle plus bourgeoise et moins intéressée par la conduite sportive. Ils ont beau lever le nez sur ces versions, il n’en demeure pas moins qu’elles sont appréciées. D’ailleurs, la 456M, était un modèle qui a toujours été en demande. Depuis l’an dernier, elle est remplacée par la 612 Scaglietti qui nous prouve que luxe, confort et performances peuvent se retrouver dans une voiture arborant le cheval cabré.
Le constructeur de Maranello aime parfois identifier ses voitures par un nom de lieu, Daytona par exemple, mais utilise rarement le nom d’une personne. Pourtant, Luca di Montezemolo, le grand patron, a décidé de faire une entorse à la tradition en voulant rendre hommage à Sergio Scaglietti. Ce carrossier de génie a produit plusieurs voitures de légende pour le Commendatore, et l’arrivée de cette berlinetta a été l’occasion de lui rendre l’hommage ultime : produire une voiture qui porte son nom. La Scaglietti, comme les voitures produites par ce dernier dans les années 50, est dotée d’une carrosserie en aluminium, mais en plus, le châssis n'est plus en tubes d'acier soudés mais de type « space frame » en alliage d'aluminium. Il s'agit en fait de la première Ferrari de tourisme à proposer du « tout alu ». L’utilisation de ce matériau plus léger a pour effet de limiter le poids de la voiture en plus d’obtenir une amélioration de la rigidité structurelle de 60 pour cent. Cette rigidité a une influence sur le confort des occupants en permettant d’utiliser des réglages de suspension moins fermes, de réduire le bruit dans l’habitacle tout en assurant une meilleure protection en cas d’impact.
L’empattement de la 612 est incroyablement long par rapport à ses concurrentes. Cet empattement géant s’explique par le désir des ingénieurs de pouvoir installer en position longitudinale le moteur V12 de 5,7 litres derrière l'essieu avant. Il s’agit quasiment d’une voiture à moteur central avant. Et afin de garantir un équilibre quasi optimal, la boîte de vitesses a été placée à l’arrière. Ce qui assure une distribution du poids de 44 pour cent à l’avant et de 56 pour cent à l’arrière. Toujours au chapitre de la technologie, la Scaglietti est dotée d’amortisseurs actifs, d’un système de contrôle de stabilité latérale et de l’antipatinage.
Autant d’éléments pour faire hurler les puristes qui ont en horreur toute aide électronique au pilotage. Une Ferrari avec un système de stabilité latérale est un véritable « char de mauviettes » selon eux. Il est possible toutefois de renverser l’argument. Avec un puissant moteur V12 de 5,7 litres produisant la bagatelle de 540 chevaux, il semble plus logique d’éviter les catastrophes et de faciliter la tâche des pilotes qui n’ont pas nécessairement le talent et les réflexes de certains. À mon avis, c’est d’autant plus sage qu’il peut y avoir deux passagers assis en arrière.
Sans doute pour ne pas trop édulcorer la fiche technique, la boîte automatique de la 456M a été abandonnée. L’acheteur a le choix entre une boîte manuelle à six rapports ou la version FIA qui utilise un embrayage électrohydraulique pour passer les rapports. Des pastilles derrière le volant contrôlent le passage des rapports. Compte tenu du lien de cette boîte avec les Ferrari de Formule 1, cette transmission est la plus populaire.
Climatisation deux zones ?
Par tradition, les voitures Ferrari ont toujours eu des habitacles quasiment spartiates. Ce sont des voitures de sport et la conduite à haute vitesse n’a rien à faire avec des systèmes audio de qualité, la climatisation, les glaces à commande électrique et tout le bataclan. Pourtant, la 612 propose tout cela et plus encore. Elle est la première Ferrari à offrir la climatisation deux zones par exemple. Mais bien que le niveau de confort de cette voiture soit très poussé, le tableau de bord est très sobre. La plupart des réglages visant à personnaliser la voiture sont placés sur le volant, un peu comme en F1.
Il a toujours été de tradition de devoir se contorsionner et de baisser la tête pour s’asseoir à l’avant des grandes sportives. Cette fois, l’exercice est grandement facilité et même les conducteurs de grande taille peuvent y prendre leurs aises. Les places arrière sont d’un surprenant confort et une personne de moins de 180 cm n’aura pas de difficulté à s’y installer confortablement. L’accès aux deux places arrière nécessite un peu de souplesse, mais c’est confortable une fois assis tandis que le support latéral est digne de mention.
Vitesse et confort
La 612 est la plus grosse Ferrari jamais produite et il faut souligner le travail des stylistes de Pininfarina qui ont produit une voiture dont les lignes sont fluides et élégantes. Les parois latérales concaves évitent que la voiture paraisse trop large.
Mais, une Ferrari, c’est la conduite, et cette grosse Scaglietti ne s’en laisse pas imposer par ses concurrentes de la catégorie dont la Aston Martin Vanquish ou la Bentley Continental GT. Même lorsque l’indicateur de vitesse dépasse les 200 km, le pilote se sent en pleine confiance et la sonorité des quatre tuyaux d’échappement du V12 est une musique qui se fait apprécier. Par contre, le couple du moteur pourrait se montrer plus élevé à bas régime. Le compte-tours doit indiquer 5 230 tours/minute avant que le couple optimal ne soit atteint. Il faut donc toujours piloter en maintenant le régime dans la zone des 4 000 tr/min pour tirer un bon parti du moteur. C’est à ce moment que les palettes de la transmission FIA sont appréciées.
Feu vert
Moteur V12
Authentique 4 places
Confort assuré
Tenue de route
Prestige
Feu rouge
Peinture atroce
Prix prohibitif
Silhouette controversée
Faible visibilité arrière