Saturn Astra, la métamorphose se poursuit
Jamais une division de General Motors n’aura accompli autant de progrès en un an que la division Saturn. Après avoir végété pendant quelques années avec des véhicules au design insipide et à la mécanique poussive, la direction de Saturn se retrouve au volant d’une marque impressionnante. En fait, en mai 2007, le véhicule le plus ancien de la marque était la Sky, lancée une année plus tôt. Et pour compléter son offre et être compétitif dans la catégorie des compactes, Saturn a pris un raccourci qui risque de porter fruit.
En effet, au lieu de développer à grands frais une toute nouvelle voiture sans savoir pour autant quelle serait la réaction du public, les décideurs ont porté leur choix sur l’Opel Astra, un élégant hatchback qui connaît beaucoup de succès sur le marché européen. En deux temps, trois mouvements, Saturn se retrouve avec un véhicule gagnant dans ses salles de démonstration. Encore faut-il souligner que cette approche n’est pas sans risques.
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Europe versus Amérique
Souvent, les gens qui visitent le continent européen reviennent impressionnés par les voitures qu’ils y ont vues, et se demandent pourquoi celles-ci ne sont pas importées en Amérique du Nord. Certains d’entre vous se souviennent que les constructeurs nord-américains ont parfois tenté l’expérience mais le succès n’a pas toujours été au rendez-vous. Il suffit de mentionner les Merkur XR4-Ti et Scorpio pour confirmer que les allemandes ne sont pas forcément bien accueillies... Chez General Motors, l’Opel GT distribuée dans les années 70 a eu une carrière assez courte. Bref, pour toutes sortes de raisons, l’importation de produits européens n’est pas un gage de succès, même si le modèle en question est fort populaire ailleurs. Comme vous pouvez le constater sur les photos, l’Astra est un modèle élégant aussi bien dans sa version trois portes que cinq portes. Et vous avez bien lu, on parle ici d’un hatchback, une configuration qui ne plait pas nécessairement à nos amis, au sud de la frontière. Selon les premières impressions recueillies par les Québécois qui ont vu cette nouvelle Saturn, celle-ci risque d’être fort bien accueillie au Québec, c’est déjà ça de gagné.
Il faut également souligner que la division Saturn a pour mission de convaincre les acheteurs de voitures importées et de les ramener dans le giron de GM, une tâche certainement pas facile. Malgré tout, les ventes progressent et cette Astra a plus d’arguments pour persuader les futurs clients que la tristounette Ion, une berline qui semble avoir été dessinée pour les décourager. Un dernier détail quant aux origines de cette voiture, elle est produite dans une usine Opel située à Anvers en Belgique. La qualité d’assemblage ne devrait pas causer de soucis puisque cette usine lutte pour obtenir le contrat de renouvellement pour la production de la prochaine génération de l’Astra. Soulignons au passage que ce modèle a été dévoilé au Salon de l’auto de Francfort en 2003 et qu’il a connu une révision esthétique et mécanique en 2007.
Un air de famille
Si vous comparez un photo de l’Opel Astra avec celle de la Saturn du même nom, vous remarquerez une incroyable ressemblance entre les deux modèles qui sont pratiquement identiques, à l’exception de l’écusson de chaque marque. La similitude est telle que les stylistes de Saturn n’ont rien eu à faire pour qu’on associe l’Astra à cette division. En fait, la grille de calandre est pareille ou presque. La réponse à cette énigme est toute simple : Opel et Saturn sont associés dans la grande famille GM et se partagent aussi bien les mécaniques que le design. Par exemple, le cabriolet GT d’Opel est la Saturn Sky, tandis que l’Astra demeure l’Astra dans les deux camps. Constatez-le par vous-même en comparant les photos des deux modèles cinq portes qui accompagnent cet article ! Le tableau de bord est identique à un ou deux détails près. La silhouette de ce modèle est très élégante et toujours à la mode, surtout le modèle trois portes. La gamme Opel comprend également l’Astra Twin Top, un cabriolet à toit rigide qui a mérité plusieurs prix et qui ferait un malheur sur notre continent. Mais ne devançons pas les choses...
Mécanique sage
Si le plumage de cette allemande impressionne et nous séduit, il ne faut pas perdre de vue que c’est une compacte destinée à être vendue à un prix compétitif. Un peu comme la Honda Civic Coupé ou berline, sous des dehors enjôleurs se cache la mécanique d’une voiture à vocation économique. Même si l’Astra devrait se vendre un peu plus cher que ses rivales asiatiques en raison de sa fabrication européenne, elle ne devrait pas les dépasser de beaucoup, faute de rater le coche. Comme toutes les voitures de sa catégorie, elle est dotée d’une suspension avant à jambes de force et leviers triangulés, tandis que l’essieu arrière est constitué par une poutre de torsion demi-indépendante plus ou mois similaire à ce que nous propose la Toyota Corolla depuis des lunes. Donc, si vous critiquez cette configuration mécanique en la qualifiant de désuète, ne venez pas par la suite vanter celle de la Toyota ou de la Matrix !
L’offre mécanique comprend également quatre freins à disque reliés à un système ABS offert de série alors que la direction est à assistance électrique. Puisque ce texte est écrit quelques mois avant le lancement de la version définitive pour l’Amérique du Nord, ces informations risquent d’être modifiées, mais les principaux éléments ne devraient pas changer. Chez Saturn, on a annoncé que le moteur choisi serait un quatre cylindres Ecotec 1,8 litre produisant 140 chevaux et couplé de série à une boîte manuelle à cinq rapports. Une transmission automatique à quatre rapports est offerte en option. Il est permis de s’interroger quant à la pertinence de ce choix étant donné que l’Astra propose un éventail de 11 moteurs, selon les marchés. Quoi qu’il en soit, il ne serait pas surprenant qu’une version Red Line de cette voiture soit commercialisée un peu plus tard avec le moteur 2,0 litres turbo de 240 chevaux ! Le modèle cinq portes sera doté de roues de 16 pouces mais il sera possible de commander en option des jantes de 17 pouces. Le trois portes peut être équipé de roues de 17 ou 18 pouces selon la gamme d’équipement choisie.
Essai cocasse
Quelque peu découragé de devoir attendre l’automne pour effectuer un essai routier de cette voiture en sol nord-américain et ainsi rater la date de tombée du Guide 2008, j’ai profité d’un voyage de presse en Allemagne pour emprunter la voiture d’un employé de l’hôtel, le fier propriétaire d’une Astra 2007 trois portes. Je remercie donc Karl Meissenbach de sa généreuse contribution. Ce résident de Bamberg était en stage à mon hôtel et s'est laissé convaincre de me confier son petit bijou ou la « Kleine Wunder » comme il l’appelait. En échange, il recevra un exemplaire du Guide de l’auto 2008. Malheureusement, son bolide était nanti d’un moteur 2,0 litres de 170 chevaux, et non pas du moteur qui sera vendu en Amérique. Mais cela m’a permis de me faire tout au moins une idée du comportement général de la voiture. Ce moteur boucle le 0-100 km en 8,7 secondes, comparativement au 1,8 litre qui prend une seconde de plus.
Bien que la chaussée n’était pas complètement sèche lors de ma courte promenade dans la banlieue de Francfort, j’ai pu réaliser que la plate-forme est rigide, moins que celle d’une Rabbit mais au moins l’égale d’une Civic. La boîte manuelle à cinq rapports était bien étagée quoique le passage des rapports soit quelque peu imprécis. Il faut souligner que ma voiture d’emprunt affichait plus de 7 000 km au compteur. Comme sur tout produit GM doté de la direction à assistance électrique, le feedback de la route est un peu trop filtré, mais rien pour diminuer l’agrément de conduite. La tenue de route est fort satisfaisante et ce n’est qu’en négociant une courbe très serrée que la suspension arrière à poutre déformante m’a démontré ses limites. Et le propriétaire de la voiture qui m’accompagnait m’a également fait savoir que sa patience avait des limites... Il a retrouvé le sourire lorsque j’ai fait le plein de carburant de son Astra. C’était la moindre des choses ! Comme il manquait environ 30 litres dans son réservoir, cela m’a coûté quelques euros... Faites le calcul, 32 litres à 2,40 euros le litre, ça fait mal au portefeuille... Mais c’est avec plaisir que je me suis exécuté. En fait, le seul pépin lors cette petite aventure est que mon appareil photo était resté bien sagement dans ma chambre puisque ce test impromptu s’est décidé très rapidement.
Somme toute, cette prise de contact sommaire est encourageante. Non seulement la plate-forme est-elle rigide et le comportement routier sain, mais la finition est sérieuse malgré certains plastiques trop durs. Reste à savoir si le moteur 1,8 litre Ecotec sera à la hauteur. Il a au moins une bonne réputation. Le produit est intéressant, la silhouette accrocheuse et la mécanique moderne. À présent, la direction de Saturn doit convaincre les acheteurs !
Feu vert
Silhouette du tonnerre, plateforme rigide,
version hatchback pratique, comportement routier européen,
équipement complet
Feu rouge
Fiabilité inconnue, essieu arrière demi indépendant,
moteur de petite cylindrée, antipatinage et Stabilitrack
en option sur le 5 portes.