Saab 9-3, le meilleur est à venir
La Saab 9-3 connaît sa première transformation depuis son lancement en 200? Et si vous aimez les changements spectaculaires, il se peut que vous soyez déçus. Si vous êtes rationnel comme le sont les ingénieurs de Trollhättan, vous aimerez ce qu'ils ont fait de la 9-3. À part quelques retouches à l’avant, les responsables de cette voiture ont concentré leurs efforts à la rendre encore meilleure qu’elle était. Et comme la 9-3 était déjà passablement réussie, ils ont dû travailler fort. Il est également important de souligner que le fruit de leur labeur ne sera pas complètement apprécié ici puisque le centre de recherche de Saab a développé des moteurs fonctionnant au Super Éthanol et ceux-ci ne seront pas vendus sur notre continent. Au Québec par exemple, il y a une poignée de pompes à carburant E-15, inutile de rechercher les stations-service offrant du E-85. Mais nous vous en reparlerons un peu plus loin. Mieux vaut pour l’instant faire état des changements apportés à la carrosserie.
L’influence de l’Aero X
Vous vous souvenez de la Saab Aero X ? Je l’espère car cette voiture-concept ornait notre page couverture l’an dernier ! Nous voulions illustrer le fait qu’une automobile pouvait être sportive et écologique à la fois. Ce coupé sport aux airs de voiture de science-fiction était propulsé par le même moteur V6 2,8 litres alimenté au BioPower ou éthanol E-85 utilisé sur tous les modèles de la nouvelle 9-3. En plus, l’Aero X a influencé les stylistes qui se sont inspirés de la partie avant de cette dernière pour remodeler la calandre et le pare-choc. La grille de calandre est ainsi plus accentuée tandis que le pare-choc comprend deux ouvertures plus importantes situées à chacune de ses extrémités. Au premier coup d’oeil, on est porté à conclure que les changements ne sont pas si importants, mais comparez les deux voitures côte à côte et vous observerez une bonne différence. Parmi les autres changements, il faut mentionner : un capot incurvé en forme de « U » – une autre caractéristique empruntée aux Saab classiques –, des retouches mineures aux formes des tôles, à la fenestration et aux feux arrière qui sont dorénavant givrés. D’autre part, les feux de route ont été redessinés et il sera possible de commander en option des phares au Xénon de type actif avec faisceau mobile afin de mieux éclairer la route. Au risque de me répéter, les changements ne sont pas spectaculaires pris individuellement, mais le résultat global est réussi.
L’habitacle n'a presque pas été modifié car il avait été amélioré l’an dernier, notamment avec l'arrivée d’un écran à affichage par cristaux liquides beaucoup plus grand qu’auparavant. Selon le modèle choisi – Linear, Vector et Aero –, la présentation est différente tout comme le volant. J’ai été en mesure de conduire des versions Aero seulement, et une fois assis sur un siège ultraconfortable, j’ai trouvé que le volant se prenait bien en main.
Diesel, intégrale et éthanol
Si les stylistes ont été assez conservateurs, pour leur part, les ingénieurs n’ont pas chômé. Non seulement ont-ils développé un moteur V6 turbo pouvant être alimenté à l’éthanol E-85, mais ils ont continué le développement d’un moteur diesel de 1,9 litre d’une puissance de 180 chevaux en plus de modifier au BioPower le moteur Turbo 2,0 litres commercialisé sur notre continent. Et comme il leur restait un peu de temps, ils ont concocté un rouage intégral qui ne sera commercialisé qu’au cours de 2008 et qui pousse le système Haldex vers de nouveaux niveaux d'efficacité. Ce rouage intégral sera couplé à une version spéciale du moteur V6 2,8 litres dont la puissance sera de 280 chevaux. En passant, la version « ordinaire » de ce même V6 a été portée à 255 chevaux, un gain de 51 chevaux par rapport à l’an dernier. Dans tous les cas, la boîte manuelle à six rapports est de série tandis que l’automatique à six vitesses est optionnelle. Et ces moteurs sont offerts aussi bien sur la berline, le hatchback Combi que sur le cabriolet. Entre parenthèses, ce dernier a subi avec succès les tests de l’Insurance Institute for Highway Safety. Le seul autre cabriolet à mériter les meilleures notes a été une autre voiture suédoise, la Volvo C70.
Les caractéristiques générales du modèle précédent concernant la mécanique ont été conservées, notamment la suspension arrière de type « ReAxs » qui assure le pincement des pneus arrière en virage afin de réduire le plus possible le sous-virage dans les courbes serrées. Cette astuce ajoute de beaucoup à l’agilité de cette voiture et le fait que le volant soit un peu trop assisté a moins d’importance.
Revenons au rouage intégral qui se fera attendre quelques mois. Comme il s'agit d'un système fourni par Haldex, ce mécanisme aura sans aucun doute un comportement semblable à celui des Volvo AWD. Les ingénieurs de Saab ne cachent pas ces origines similaires, mais soulignent aussi que les programmes de fonctionnement sont propres à Saab et que le fait de développer ce système à la suite de Volvo leur a permis d’y apporter plus de raffinement. La différence se trouve essentiellement dans le temps de réaction du transfert du couple, et également dans la grande polyvalence de traction entre des roues ayant différentes adhérences. Les combinaisons sont presque à l’infini. J’ai eu l’occasion de conduire sur un circuit spécialement préparé pour mettre ce rouage à l’épreuve. Ce test était sans doute trop court, mais j’en ai conclu que la traction était excellente même lorsque la chaussée était détrempée, glissante ou en terre meuble. Il faudra cependant patienter plusieurs mois, car les 9-3 AWD et leur moteur V6 2,8 litres de 280 chevaux ne seront sur le marché nord-américain qu’au milieu de 2008… si j’ai bien compris le « swenglish » de l’ingénieur suédois nous présentant ce modèle.
Dommage
Bref, la nouvelle 9-3 revue et corrigée est une meilleure voiture que celle qu’elle remplace. Et s’il faut croire les discussions de « gars de chars » que sont mes confrères journalistes, la 9-3 est une voiture capable de combler les plus difficiles d'entre nous. La voiture est maniable, rapide et d’une tenue de route saine. La caisse a beau pencher plus que de raison dans les virages, la direction être un peu trop assistée et le temps d’attente du turbo parfois longuet, cette suédoise est agréable à conduire. De plus, ses notes de sécurité sont parmi les meilleures, non pas seulement pour le cabriolet mais pour la berline et la familiale itou.
Dans le cadre du lancement de la nouvelle 9-3, j’ai passé la majorité du temps à conduire une version Aero à moteur V6 2,8 litres de 255 chevaux et cette combinaison s’est avérée très agréable. En outre, la plate-forme très rigide assure une grande stabilité tant en virage que dans les lignes droites. Si les accélérations du moteur sont nerveuses, un effet de couple se fait sentir dans le volant lorsqu’on enfonce l’accélérateur brusquement. Modulez la pression sur l’accélérateur et les choses seront plus civilisées. Enfin, les freins sont puissants tandis que la voiture possède tous les accessoires électroniques d’assistance au pilotage, dont un système de contrôle de stabilité latérale qui prévient les pertes de contrôle en détectant un dérapage éventuel et en intervenant avant que le conducteur perde la maîtrise du volant. Il est toutefois dommage que Saab ne trouve pas le moyen de se faire justice dans notre pays. En premier lieu, les clients types de cette marque ne sont pas nécessairement les plus grands adeptes de General Motors qui est non seulement le proprio de la compagnie, mais qui distribue les Saab sur le marché canadien par l’entremise de son réseau Saturn. Même si les concessionnaires Saturn jouissent d’une excellente réputation en fait de qualité de service, plusieurs sont réticents. Car si l’excellence technologique a toujours démarqué ces voitures suédoises, leur manque de fiabilité de même qu’une dépréciation assez spectaculaire éloignent bien des acheteurs.
Ingénieurs et stylistes ont accompli leur travail, reste aux responsables de la mise en marché de convaincre les acheteurs de la valeur de ces voitures et de leur fiabilité, car les Saab ne sont plus aussi capricieuses que jadis. Peut-être l’arrivée des versions à moteur BioPower pourrait inciter plusieurs nouveaux acheteurs à adopter la solution de l'avenir, s’il faut en croire Knut Simonsson, directeur des ventes internationales chez Saab. Selon ce monsieur, le Super Éthanol ou E-85 permet de réduire de 30 à 50 grammes de CO2 par kilomètre. De belles paroles que les gens voudraient bien croire, mais il faudra leur faire la preuve auparavant que ces Saab Bio sont aussi fiables que propres.
Feu vert
Excellente tenue de route, sièges confortables,
moteurs sophistiqués, version Combi à découvrir,
bonne habitabilité
Feu rouge
Faible diffusion, dépréciation rapide,
intégrale disponible en milieu d'année seulement,
effet de couple dans le volant