Mercedes-Benz Classe G, défier la logique
Dans une industrie où cinq années font office d’éternité, où le design prime royalement sur la fonctionnalité, où une consommation d’essence le moindrement élevée est aussi bien perçue qu’un pasteur américain se faisant prendre avec une prostituée, la Mercedes-Benz Classe G peut être considérée comme une héroïne ! Alors que, logiquement, elle n’aurait pas dû passer à travers les années 80, années drabes s’il en fut (dans le domaine de l’automobile en tout cas), le Gelandewagen, ou le G, tout simplement, est toujours vivant en 2008 ! L’an dernier, nous pensions que l’introduction de la Classe GL sonnerait son glas mais il n’en est rien. Compte-rendu d’un véhicule hors de l’ordinaire…
Arrivée sur le marché en 1979 (le disco, les T-Tops de Firebird, le magazine Croc, vous vous souvenez ?), la Classe G était déjà bizarre. Sa carrosserie de congélateur le plaçait irrémédiablement dans une classe à part. Plusieurs années plus tard, on la pointait de l’index comme étant le véhicule le plus polluant de la planète. Pourtant, sa consommation d’essence n’est pas si élevée que ça, mais entre consommation et efficacité énergétique, il y a un grand pas que la Classe G n’a jamais pu franchir. Toujours est-il qu’on la retrouve encore dans les pages du Guide 2008, pas tellement différente de la version originale. Côté mécanique, par contre, c’est une autre histoire. En Amérique du Nord, Mercedes-Benz n’importe que la version à quatre portes à essence, tandis que l’Europe a droit à trois versions (quatre portes, deux portes et décapotable) et à des moteurs à essence et diesel. Or, le nombre d’unités vendues annuellement sur notre continent ne justifie sans doute pas l’importation de plusieurs modèles.
Contrairement à la croyance populaire, la Mercedes-Benz Classe G n’est pas plus grosse qu’un Hummer H2 ou qu’un Chevrolet Suburban. Ses formes aussi carrées que possible donnent l’impression qu’elle est plus imposante. Remarquez qu’elle n’est pas petite non plus ! Bizarrement, la Classe G était, à ses débuts, conçue pour une utilisation militaire. À force de peaufinage, les ingénieurs de Mercedes-Benz ont réussi à lui donner une vocation luxueuse. Et plusieurs étaient tout surpris quand, l’année dernière, Mercedes-Benz annonçait que sa Classe G serait le véhicule officiel de l’armée canadienne en remplacement des vieux Iltis bons pour la retraite. Et à cause de ses formes très carrées, la Classe G est un véhicule parfait pour recevoir un blindage, une gâterie toujours appréciée en ces temps de terrorisme et de grippe aviaire. Et inutile de s’attarder sur son coefficient de pénétration dans l’air, plus près du tracteur de ferme que du VUS.
493 chevaux?
Les versions canadiennes comprennent la G500 et la G55 AMG. La première compte sur un V8 de 5,0 litres développant 296 chevaux et 336 livres-pied de couple pour déplacer son imposante masse de 2 500 kilos, soit l’équivalent de deux Aveo et demie ! Sa transmission automatique à sept rapports dirige le couple vers les quatre roues via un rouage intégral des plus efficaces. Ce moteur peut, croyez-le ou non, faire passer la G de zéro à cent kilomètres/heure en moins de 10 secondes, au prix de quelques burn-out chez les écolos, certes… Et à peine se relèvent-ils, ces gens carburant à la pensée d’une planète propre, qu’il faut leur rappeler que Mercedes-Benz commercialise une autre Classe G, encore plus extrême. Il s’agit de la G55 AMG. Son V8 de 5,5 litres crache 493 chevaux et quelque 517 livres de couple. Puisque la transmission à sept rapports ne peut supporter un tel couple, AMG a dû se contenter de l’automatique à cinq rapports. Elle reçoit le même rouage intégral que la G500. En passant, de tous les véhicules modifiés par AMG (AMG est le pendant sportif de Mercedes-Benz au même titre que M pour BMW ou SRT pour Chrysler), seule la Classe G semble hors-norme… encore une fois.
Trois différentiels
Le rouage intégral de la G500 est, en fait, un système 4x4 à prise constante. Donc, les quatre roues sont toujours en prise et, si jamais le besoin s’en faisait sentir, le conducteur peut engager la gamme basse (Lo) ou bloquer un des trois différentiels quand ce ne sont pas les trois en même temps. Aidée par sa garde au sol généreuse, ses plaques de protection et ses angles d’attaque et de départ se rapprochant de celles d’un Hummer H3, la Classe G est équipée pour veiller tard. Cependant, bien peu de gens ayant dépensé au bas mot 110 000 $ (et plus de 150 000 $ pour la G55 AMG !) vont se payer une petite virée dans le bois... Mais remarquez que le pourcentage de gens n’utilisant pas les capacités de leur VUS de 30 000 $ doit être à peu près le même !
Si la G500 peut en découdre à côté de la route, elle se montre un peu moins à l’aise dessus. Certes, les performances ne sont pas à dédaigner, mais la moindre courbe fait rapidement prendre conscience des limites de la direction, cette dernière est tellement vague que seuls les surfeurs l’apprécient ! En fait, cette imprécision devient une qualité quand, en hors route, le volant effectue un vif retour à la suite d’un contact brutal avec un obstacle. Ainsi, de nombreux pouces ont évité le plâtre. Quant aux suspensions… elles ont pour mandat de suspendre le véhicule au-dessus des roues, point. Empêcher la G500 de pencher en courbe ne fait pas partie de leur programme. La G55 AMG se débrouille un peu mieux à ce sujet, mais outre les lettres AMG et le prix faramineux qu’elles commandent (ce qui est un gros plus pour les gens très riches), je ne vois pas l’intérêt de ce modèle.
Côté luxe, par contre, la Classe G ne s’en laisse pas imposer. Tout ce que vous pouvez imaginer d’équipements électronique, pneumatique, de sécurité ou de divertissement est là. Cette année, Mercedes-Benz a revu la partie centrale du tableau de bord, question de mieux y intégrer le système de navigation. Le réceptacle contenant les jauges a lui aussi été redessiné. Aussi bizarre que cela puisse paraître dans un véhicule si gros, on s’y sent à l’étroit. Les portières et les glaces verticales et la large console centrale contribuent à ce sentiment. La visibilité est excellente, sauf vers l’arrière où le pneu de secours, accroché sur la porte bloque un peu la vision. Encore une fois victime de son apparence, la Classe G, plus petite que la GL, permet à moins de bagages d’entrer dans sa soute. Mais elle n’est pas démunie pour autant !
La Classe G de Mercedes-Benz est le plus illogique des véhicules vendus au Canada. Mais sa présence peut rassurer dans le sens où elle représente un lien avec un passé très lointain, « automobilement » parlant. Et elle est aussi le seul véhicule neuf que l’on pourrait voir sur les terrains d’exposition de voitures anciennes !
Feu vert
Véhicule préféré des archéologues, moteurs performants,
rouage 4x4 inébranlable, luxe de première classe,
excellente visibilité
Feu rouge
Véhicule démodé, énergétiquement peu efficace,
aérodynamique de {{bulldozer}}, version AMG inutile,
comportement routier d'une autre époque