Mercedes-Benz Classe CLS, et en avant la musique !
Les jeunes lecteurs n’ont probablement aucune idée de ce qu’était « Soirée canadienne ». Lorsque son animateur, le toujours souriant Jean-Louis Bilodeau s’éclipsait du champ visuel en déclarant « Et en avant la musique ! », les rigodons ou les sets carrés se mettaient en branle. Quand la Mercedes-Benz CLS a été dévoilée, c’est un peu comme si la marque à l’étoile d’argent avait annoncé le début de la mode des coupés quatre portes. En effet, depuis que Mercedes a lancé la musique, Aston Martin, Porsche et plus récemment BMW et Jaguar ont dévoilé leurs modèles coupé quatre portes, rivalisant d’esthétisme et de luxe.
Et la mode ne fait que débuter. Curieusement, même si la Mercedes-Benz CLS est loin d’être démunie au chapitre du prestige et du luxe, tous les autres concepts ci-haut mentionnés font dans le très, très haut de gamme. À tel point que la CLS semble un peu chiche ! D’ici quelques années, l’offre dans ce créneau spécialisé devrait même se bonifier. Peut-être qu’un jour, Kia dévoilera un coupé quatre portes ! En passant, un coupé est un véhicule à deux portes. Dans le cas qui nous intéresse, la voiture possède quatre portes mais adopte les lignes d’un coupé. Quoi qu’il en soit, la Mercedes-Benz Classe CLS est une voiture d’une extrême beauté. À tel point que les gens nous arrêtent dans les stationnements publics pour nous féliciter pour notre bon goût !
Symphonie en huit majeur
La CLS bénéficie du châssis de la Classe E, ce qui est une excellente nouvelle. De cette génitrice, la CLS ne conserve que les deux moteurs les plus puissants, soit les V8 5,5 litres et 6,2 litres. Le premier de ces moteurs fait dans les 382 chevaux et 391 livres-pied de couple. Il permet à la CLS550 d’accélérer et d’effectuer des reprises tout à fait honorablement, le tout avec une belle sonorité. Si ce moteur se distingue par sa souplesse (il semble toujours y avoir de la puissance, peu importe le régime), il ne brille pas par sa consommation qui se situe à plus de 15 litres aux cent kilomètres, selon Transport Canada. Notre essai s’est soldé par un plus réaliste 13,0 litres aux 100 km. Le problème, avec ce type de voiture, c’est qu’on est souvent porté à écraser le champignon, question de bien vérifier si notre ouïe n’a pas défailli depuis le départ de la maison… L’autre moteur, le 6,2 litres de la CLS63 AMG livre ses 503 chevaux et 465 livres-pied de couple avec une aisance émouvante. Et si nous étions charmés par la sonorité du 5,5 litres, celle du 6,2 relève carrément de la symphonie. Encore une fois, cela a une influence néfaste sur la consommation d’essence. Ce moteur, assemblé par un technicien spécialisé qui y a apposé sa signature, est une œuvre d’art, rien de moins.
Dans les deux cas, une transmission automatique à sept rapports fonctionne avec une douceur de grand-mère. Heureusement, elle n’en a pas la lenteur et les passages des rapports s’effectuent avec célérité. Les deux modèles possèdent un mode manuel qui n’est pas de la frime. Le volant de la CLS63 AMG présente des palettes encore plus agréables à utiliser, d’autant plus que le passage des rapports est plus rapide dans cette version. Cette transmission relaie la puissance aux roues arrière. Contrairement à la Classe E, l’intégrale n’est pas proposée. Si vous désirez vous payer une simili CLS63 AMG, il est possible de doter la CLS550 de l’ensemble « AMG Sport Package » qui, moyennant quelques milliers de dollars, offre les roues, les pneus et les palettes derrière le volant de la vraie AMG.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les suspensions de la CLS550 s’avèrent un peu dures, surtout sur nos routes dignes d’une table de billard… qu’on aurait fait exploser ! Mais comme les sièges sont particulièrement confortables, leur dureté est en partie annihilée. Ces suspensions proposent trois modes, soit « confort », « sport 1 » et « sport 2 ». Si les différences ne sont pas tellement marquées entre les deux premières positions, elles le sont beaucoup plus entre la première et la dernière. La tenue de route, à moins d’exagération du pied droit combinée à une diminution du quotient intellectuel, saura satisfaire les plus exigeants. Si jamais vous présentiez les deux caractéristiques que nous venons d’énumérer, sachez que le contrôle de stabilité n’intervient pas immédiatement mais quand il se décide, il le fait très impérieusement. Il est heureusement possible de le débrancher et de contrôler la voiture à l’accélérateur en sortie de virage, comme le font tous les gens possédant une voiture de plus de 90 000 $...
Pour repousser encore plus loin les limites, la CLS63 AMG est tout indiquée. Ses suspensions tapent dur, mais ce trait est compensé par une tenue surréaliste en virage. Par contre, sur une AMG essayée en Allemagne, les pneus, très larges, avaient une tendance beaucoup trop marquée à suivre les moindres interstices de la route, surtout à basse vitesse. Un confrère qui a conduit un modèle identique n’a pas relevé ce problème. Comme sur toute Mercedes, l’accélérateur demande un certain temps d’adaptation mais dès qu’on s’y est fait, notre conduite s’avère beaucoup plus coulée. La direction est précise et son « feedback » est très bien dosé, tandis que le rayon de braquage se montre très court.
Cher toit…
Dans l’habitacle, on a déjà vu pire ! Les matériaux sont de belle facture et la finition est telle qu’un moine en développerait un complexe d’infériorité. Les sièges, on l’a vu, sont très confortables à l’avant. À l’arrière aussi, mais ils sont plus difficiles d’accès, gracieuseté de la courbure prononcée du toit. De plus, l’espace pour les jambes et surtout pour la tête est sérieusement compté. La configuration du toit a une autre incidence pas très heureuse : la visibilité vers l’arrière et les trois quarts arrière n’est pas terrible. Cet effet est accentué par la ceinture de caisse relativement élevée et des sièges dont l’assise est assez basse, ce qui donne l’impression d’être assis dans un bain. Comme si ce n’était pas assez, j’ai trouvé les rétroviseurs trop petits ! Au niveau de la sécurité, la CLS550 est dotée de six coussins et rideaux gonflables tandis que la CLS63 AMG n’en possède pas moins de dix ! Remarquez qu’à près de 130 000 $ l’unité, la sécurité passive des occupants se doit d’être à son comble.
La Classe CLS de Mercedes-Benz a marqué sa génération, et nombre de véhicules du même acabit lui emboîteront bientôt le pas. Ce qui, selon nous, représente le plus bel hommage qu’on puisse rendre aux gens de Stuttgart.
Feu vert
Lignes superbes, puissance époustoufflante (AMG),
habitacle luxueux, rayon de braquage très court,
freins de F1 (presque...)
Feu rouge
Visibilité arrière pénible, seuil du coffre élevé,
consommation irréaliste (AMG), suspensions un peu dures,
entretien dispendieux