Aston Martin DB9, beauté fragile
Aston Martin fait partie de ces marques dont le rayonnement dépasse de beaucoup la diffusion de ses modèles. Produites en quantités limitées, les voitures Aston Martin jouissent d’un prestige remarqué et assurent ainsi une certaine exclusivité à l’acheteur fortuné. Toutefois, tout n’est pas rose dans l’univers raréfié de cette GT de luxe, puisque la DB9 avec laquelle j’ai eu l’occasion de rouler dans le cadre du Challenge Trioomph a démontré plusieurs signes de faiblesse.
Au premier contact, on est rapidement séduit par l’élégance classique de la DB9 qui est l’une des plus belles voitures au monde. Créée par le designer Henrik Fisker, la DB9 est carrément inspirée de la DB7 qui a été l’œuvre de Ian Callum, et elle respecte en tous points les critères établis de la marque en matière de design, comme en témoignent la calandre typée, le capot avant surélevé qui laisse deviner la présence du moteur V12, ou encore le fait que les portières pivotent vers le haut à un angle de 12 degrés à leur ouverture. La DB9 fait également appel à la haute technologie, puisque châssis et carrosserie sont réalisés en aluminium, ce qui permet à la voiture d’afficher 1 710 kilos à la pesée malgré ses dimensions imposantes. D’ailleurs, lorsqu’elle est stationnée aux côtés de la Lamborghini Gallardo, la Aston Martin DB9 semble deux fois plus grosse que l’exotique italienne… L’habitacle de la DB9 est absolument remarquable par la qualité des matériaux et la justesse de l’assemblage. Le cuir est magnifique, les appliques de bois sont de bon ton, et l’effet produit est tout simplement splendide. C’est au moment de monter à bord que l’on comprend pourquoi l’assemblage d’une DB9 demande plus de 200 heures de travail à la main, soit trois fois plus de temps qu’une voiture ordinaire.
Quand l’électronique défaille…
Le moteur V12 est lancé à la seule pression d’un bouton, et c’est également au moyen de boutons et de palettes au volant que le conducteur doit commander la boîte automatique qui compte six rapports. Cette boîte, créée par ZF, a cependant montré des signes de faiblesse dans l’environnement particulièrement éprouvant de la conduite sur circuit, la boîte ayant parfois tendance à surchauffer ce qui interdisait alors la sélection des rapports inférieurs. De plus, la DB9 a souvent eu des manques du côté de l’électronique… Pas pour ce qui est d’éléments complexes comme la gestion électronique du moteur ou encore les systèmes de stabilité qui sont intégrés à la voiture, mais bien du côté des commandes électriques pour le réglage des sièges avant… En quelques mots, lorsqu’un nouveau conducteur s’assoyait et tentait de régler la position de son siège, celui-ci s’avançait automatiquement à la position la plus serrée du volant et du pédalier, coinçant ainsi dans la voiture des conducteurs de grand gabarit... Pour remédier à cette situation, il fallait débrancher la batterie pendant une certaine période pour ensuite relancer l’ordinateur de bord, ce qui permettait de faire fonctionner de nouveau les commandes de réglages électriques des sièges, du moins jusqu’à la prochaine réapparition du problème... On serait alors tenté de dire en anglais : « Dearborn, we have a problem », Aston Martin faisant partie du portefeuille des marques de Ford.
Fabuleux V12 et sonorité exquise
Malgré ces irritants, le V12 de 6,0 litres et 450 chevaux s’est montré à la hauteur des attentes, grâce surtout au fait que 80 % de son couple maximal de 420 livres-pied est disponible dès les 1500 tours/minute, et que la sonorité de ce moteur est particulièrement envoûtante, l’habitacle ne laissant filtrer que les bruits agréables à l’oreille. Sur circuit, les performances de la DB9 n’étaient pas à la hauteur de celles livrées par d’authentiques sportives, l’Aston Martin étant plus lourde et exigeant plus d’efforts de la part du conducteur. Ainsi, la pédale de frein demande une pression considérable pour ralentir la voiture et le volant semble toujours un peu trop lourd. Bref, la DB9 est beaucoup plus à l’aise pour la conduite sur route à un rythme plus raisonnable, mais elle n’apprécie pas vraiment la torture infligée par la conduite sur circuit, le roulis en virage devenant souvent très marqué sur la piste.
La DB9 se double aussi d’un cabriolet appelé DB9 Volante, dont le style est tout aussi réussi. Également construite sur la base de la plate-forme VH, la Volante fait aussi un usage élevé de matériaux de pointe comme l’aluminium et le magnésium, mais elle est toutefois plus lourde que le coupé et son châssis n’est pas aussi rigide. Elle conviendra donc à ceux qui sont à la recherche d’un cabriolet haut de gamme qui ne manquera pas de faire tourner les têtes. Par ailleurs, Aston Martin a dévoilé une voiture-concept de type berline appelée Rapide, qui est élaborée sur une version allongée de 300 millimètres de la plate-forme utilisée pour les deux variantes de la DB9. La puissance du V12 a été portée à 480 chevaux, et la Rapide fait appel à des disques de freins en composite de céramique ce qui représente une première incursion dans ce domaine pour la marque. Il s’agit donc de la première Aston Martin à quatre portes depuis la célèbre Lagonda, dévoilée il y a une vingtaine d’années. La Rapide, dont l’arrivée sur le marché est prévue pour 2008, entend livrer une concurrence directe à la Porsche Panamera à moteur V10 qui devrait faire son entrée en 2009.
feu vert
Moteur fabuleux
Style intemporel
Habitacle somptueux
Exclusivité assurée
feu rouge
Fiabilité décevante
Poids élevé
Visibilité vers l’arrière
Volume limité du coffre