Lamborghini Murcielago, court galop avec 640 chevaux
C’est au Circuit Mont-Tremblant que j’ai pris contact avec la variante LP640 de la Murcielago pour un court galop d’essai réalisé exclusivement sur piste. Cette situation particulière s’est matérialisée à la demande du propriétaire d’une LP640 qui voulait voir ce dont sa voiture était capable. Voilà le genre d’invitation que l’on ne refuse pas, et c’est ainsi que j’ai pris le volant avec mon passager pour découvrir la plus performante des Murcielago !
La désignation technique de ce modèle LP640 s’explique ainsi : les lettres LP signifient longitudinale posteriore, et font référence à la disposition du moteur, alors que le chiffre 640 indique la puissance développée par cette version du V12 dont la cylindrée est passée de 6,2 à 6,5 litres et qui reçoit un nouveau dispositif de calage variable des soupapes. Dès la sortie des puits, la puissance du V12 s’exprime avec une sonorité basse et profonde, et la poussée vers l’avant est phénoménale, la LP640 étant équipée de la traction intégrale, tout comme la Murcielago, ce qui lui donne une motricité exceptionnelle. La boîte de vitesses est commandée par un bon vieux levier dont le maniement est assez précis, mais qui demande un peu d’efforts de la part du conducteur lors du passage des rapports.
Au freinage pour les « esses », on sent que le poids de la LP640 est tout de même élevé (plus de 1600 kilos), et les freins mis au point par Brembo font leur travail pour ralentir la voiture efficacement. Dès la réaccélération à la sortie des « esses », le V12 se remet à hurler sa joie, alors que l’on file vers l’enchaînement du virage six et du redoutable virage sept qui est aveugle et dont le dévers devient négatif à partir du point de corde jusqu’à la sortie. C’est dans ce virage que l’on peut voir si une voiture est bien équilibrée, ce qui est le cas avec la LP640, la présence d’éléments du rouage intégral à l’avant de la voiture permettant justement d’équilibrer les masses. À la sortie du virage huit, on attaque la ligne droite arrière du circuit, qui n’en est pas vraiment une, puisqu’on y retrouve un léger virage à gauche qui est cependant pris à fond. C’est dans ce plus rapide secteur du circuit que j’ai constaté que le surcroît de puissance de la LP640, par rapport à la simple Murcielago, se trouve dans les hauts régimes. À 8000 tours/minute, le son du moteur est extrêmement présent dans l’habitacle ce qui donne l’impression que l’on roule encore plus vite et l’expérience est carrément envoûtante.
Subtiles retouches esthétiques
Par rapport à la Murcielago, la LP640 est dotée de subtiles retouches esthétiques qui peuvent facilement passer inaperçues. Ainsi, le déflecteur avant adopte un profil différent, les feux arrière ont été redessinés, et juste en dessous de ces feux, on note que les panneaux de carrosserie sont ventilés afin d’extraire la chaleur dégagée dans le compartiment moteur. L’unique tubulure d’échappement est énorme et les roues, d’un diamètre de 18 pouces, sont d’un design particulier à ce modèle. À l’approche de la LP640, on ne manque pas d’être frappé par le fait que la voiture est très basse puisqu’elle ne fait que 42 pouces en hauteur, alors que sa largeur hors tout est de 80 pouces et demi. En s’installant au volant, on note immédiatement que l’on est assis très bas dans la voiture, ce qui gêne un peu la visibilité tout en créant un habitacle plus intimiste en raison de la ceinture de caisse qui paraît alors surélevée. Il y a cependant assez d’espace pour accommoder les grands gabarits qui souffriront moins aux commandes de la Murcielago qu’au volant de certaines rivales. L’ergonomie déficiente des défuntes Countach et Diablo fait désormais place à un habitacle signé Audi qui ne prête pas flanc à la critique à cet égard, exception faite des boutons de la chaîne audio qui sont très petits.
Les roadsters
La LP640, de même que la Murcielago, se décline également en versions roadster qui sont équipées d’un toit de conception tellement simpliste que l’acheteur est prévenu de ne pas rouler à plus de 160 kilomètres/heure tandis que celui-ci est en place parce qu’il pourrait tout simplement partir au vent… Quand le toit est retiré et remisé dans le coffre, il est encore plus facile d’apprécier la sonorité particulière du V12 lorsque celui-ci dépasse la barre des 5000 tours/minute. La carrosserie de ce bolide italien est réalisée presque entièrement en fibre de carbone à l’exception du toit et des portières qui sont en acier. Quant à la conception des portières en élytre de la Murcielago, il est évident que cela ajoute une touche d’exotisme à la voiture tout en permettant une certaine filiation avec les modèles précédents, mais ces portières ne facilitent pas l’accès à bord.
Véritable brute, la LP640 a de la gueule et du cœur et permet à Lamborghini de prolonger la durée de vie de la Murcielago en attendant l’arrivée de sa remplaçante qui devrait se pointer au début de la prochaine décennie.
Feu vert
Style distinctif, toujours plus de puissance,
tenue de route ennivrante,
exclusivité assurée
Feu rouge
Freins peu endurants, accessibilité peu convaincante,
assise exagérément basse,
utilisation annuelle de très courte durée (Québec)