Acura TSX, un cornet à la vanille
Tout nouveau, tout beau ! disait mon père, et la TSX d’Acura en est un bel exemple. Louangée abondamment par la presse dès sa sortie en 2004 elle a, depuis, vu sa popularité quelque peu s’estomper au profit de concurrentes plus aguichantes. Son style, à l’époque, définissait les bases de la nouvelle image chez Acura et fut, par la suite, appliqué de brillante façon sur les modèles subséquents que sont la TL, la RL et la CSX. Malheureusement pour la division de prestige de Honda, la TSX est aujourd’hui un peu trop sobre et en manque de saveur. N’allez pas croire pour autant que la voiture souffre d’un mal chronique quelconque, au contraire, ce serait bien mal connaître Acura. Cependant, après avoir mis à l’essai la TL l’an dernier (et quelle voiture !), je dois avouer que mes attentes étaient élevées quant à la TSX. Fiabilité et qualité Honda auxquelles on ajoute la touche sportive légendaire d’Acura, j’étais évidemment impatient de conduire la « Accord européenne ».
Dédoublement de personnalité
Inutile de mentionner que l’extérieur est quelque peu fade malgré une calandre agressive et une ligne, somme toute, racée. On a bien essayé de lui refiler quelques touches distinctives en lui greffant des phares à décharge ionique, un aileron arrière et des bas de caisse aérodynamiques, mais rien ne vient vraiment écarquiller les yeux du pilote, du moins les miens. À l’opposé, l’intérieur propose un exercice de style agréable à l’œil et une finition exemplaire. Les matériaux sont bien choisis et de qualité, donnant à l’ensemble une impression de luxe, timidement véhiculée par l’aspect extérieur du véhicule. Les éléments de série offerts sont nombreux et procurent à la TSX un net avantage par rapport à la concurrence. Sellerie en cuir, climatisation double, toit ouvrant et changeur de 6 disques compacts sont livrés sur le modèle d’entrée de gamme. Seules la navigation par satellite et la téléphonie « mains libres » sont optionnelles. La disposition des commandes audio et de la climatisation mérite une très bonne note alors que leur utilisation est grandement facilitée par l’écran tactile de 8 pouces livré avec le système de navigation. Et que dire des sièges avant ! Ceux-ci sont d’un incroyable confort et leur soutien latéral ferait l’envie de bien des modèles à vocation sportive, ils sont littéralement enveloppants ! Quant aux places arrière, elles sont généreuses tout comme le coffre qui, étonnamment, est plus volumineux que celui de la TL. Beau travail !
Un cas de Ritalin…
Comme chez l’enfant hyperactif, la TSX est très dynamique et sa principale qualité demeure sa maniabilité. Le « petit » moteur 4 cylindres de 2,4 litres en est d’ailleurs grandement responsable en délivrant plus de 205 chevaux. Les accélérations sont donc promptes et sans bavures. La puissance disponible est toujours maximale à condition de savoir manier la boîte manuelle à 6 rapports dont le passage des vitesses s’effectue admirablement bien. Les freins sont également bien dosés et les suspensions permettent d’obtenir un bon confort. Cependant, une fois poussée à la limite (lire ici en conduite un peu moins gentille), la voiture adopte un comportement bien différent et un peu moins rassurant. On a alors l’impression que la TSX est un peu trop légère et que l’effet « velcro » n’est pas aussi présent qu’il peut l’être sur l’A4 d’Audi ou la 325 de BMW, deux compétiteurs directs de la TSX. Les causes en sont nombreuses. Tout d’abord, les pneus de série sont mal adaptés à ce type de conduite, la direction est un peu trop assistée et les suspensions deviennent un peu trop molles. Ajoutons à cela une pédale d’embrayage dont la course est trop longue et un levier de vitesse lilliputien. À ce niveau, on serait presque tenté de refiler à la TSX une petite dose de Ritalin®, question de limiter l’effet de couple ressenti en accélération et d’oublier le roulis en virages serrés. Car une fois la pilule avalée, la voiture devient un charme à conduire, d’autant plus que ses dimensions extérieures permettent de la garer facilement et de se faufiler aisément dans le dédale de la ville. N’empêche que l’expérience de conduite n’est pas totalement décevante, mais ne procure certainement par les mêmes sensations que celles éprouvées au volant d’une allemande vendue à un prix identique.
« En… quête » d’identité
Le contraste extérieur/intérieur amène donc une certaine ambiguïté sur l’éventuelle clientèle cible. D’un côté, le comportement sportif et la réputation d’Acura attireront sûrement les plus jeunes alors que, de l’autre côté, la sobriété de la ligne extérieure et la fiabilité plairont davantage à des acheteurs plus âgés. Toutefois, il serait juste de se demander pourquoi un hypothétique acheteur de TSX n’opterait pas pour une Honda Accord V6 qui offre plus d’espace intérieur, propose un six cylindres et est moins dispendieuse. La TSX aurait-elle un problème d’identité ? À voir le retrait de la RSX, dicté par la popularité de la Civic Si, on se demande bien si l’Accord ne pourrait pas faire le même coup à la TSX ?
La voiture n’est cependant pas à dénigrer, au contraire. Elle affiche une qualité de finition exemplaire, une fiabilité sans reproche et une conduite nerveuse et sportive, ce qui la place bien au-dessus de la moyenne dans le marché féroce des berlines sportives intermédiaires. Il ne lui manque qu’un petit quelque chose, comme si on pouvait passer de la glace à la vanille à celle au tutti frutti, pour la distinguer des autres et la rendre plus attrayante. Avouons que pour un prix similaire, il est plus prestigieux de piloter une BMW 325, une Audi A4 ou une Lexus IS250 !
Guy Desjardins
feu vert
Richesse de la finition intérieure
Sièges avant enveloppants
Moteur fougueux
Fiabilité assurée
Ergonomie exemplaire
feu rouge
Transmission manuelle décevante
Sensation de légèreté de la voiture
Prix élevé (TSX Navi)
Design extérieur anonyme
Tôle mince