Kia Amanti, Euh…non !
Vous savez quoi ? Ça fait environ une demi-heure que je suis installé devant mon écran d’ordinateur, à chercher une façon de décrire poliment cette tentative d’insertion dans le monde luxueux, de la part de Kia. Mais comme le temps passe et que cette voiture ne mérite pas qu’on s’y attarde trop longtemps, je vous la décrirai comme suit : l’Amanti, c’est tout simplement un produit qui rate sa cible (même si elle est améliorée depuis l’an dernier), et sans doute la voiture la plus kitsch qui soit actuellement commercialisée.
Et je m’excuse auprès des rares acheteurs qui se sont procuré cette voiture au cours des quatre dernières années, mais vous admettrez que ce choix n’a pas été le meilleur de votre vie. Entre vous et moi, n’auriez-vous pas préféré rouler en Chrysler 300 ou en Buick Lucerne ? Sans doute que oui. Bien sûr, je vous entends d’ici me dire que les rivales de l’Amanti sont plus chères, ce qui explique que vous ne vous êtes pas déplacé pour aller en faire l’essai ! Alors oui, je dois admettre que cette Kia est compétitive au niveau du prix, mais au moins, la valeur de revente des concurrentes ne tombe pas à ce point en chute libre dès la sortie du concessionnaire.
Un peu moins kitsch
Je n’irais pas jusqu’à dire que l’Amanti est maintenant plus belle, mais disons qu’elle est moins laide qu’avant ! Légèrement retouchée l’an dernier, l’Amanti a subi des changements esthétiques discrets mais qui réduisent son aspect, disons-le, un peu kétaine. La partie avant affiche donc toujours ces quatre phares ronds et son immense grille de calandre, qui ne sont pas sans rappeler le museau de la Jaguar S-Type. Mais parce que cette partie est davantage inclinée et mieux profilée, on obtient un résultat plus acceptable. La partie arrière a elle aussi reçu sa part de changements et exhibe maintenant des feux verticaux plus élégants. Néanmoins, le style rococo demeure omniprésent, ce mélange esthétique de Lincoln, de Mercedes-Benz et de Jaguar étant un peu trop chargé...
À bord, force est d’admettre que les améliorations apportées l’an dernier sont parvenues à nous faire oublier la surabondance de faux bois des modèles antérieurs que l’on pouvait presque confondre avec la mélamine d’une étagère à assembler de chez Zellers ! Désormais, la présentation est plus sobre et nettement plus gracieuse. On a remplacé le similibois par des appliques anthracite et on a redessiné la console centrale ainsi que toute la partie supérieure de la planche de bord. Évidemment, pour dorloter votre fessier, les sièges sont ultramoelleux et confortables. Chauffants à toutes les positions et réglables de multiples façons à l’avant, ils permettent à des personnes de toutes tailles de s’y sentir à l’aise. Mais de toute manière, l’espace accordé à chacun des passagers (même derrière) est à ce point généreux qu’il me semble invraisemblable de penser que quelqu’un pourrait être gêné par un manque de dégagement. Et selon vos mœurs, sachez que le coffre peut facilement accueillir huit caisses de bière, trois sacs de golf ou deux cadavres !
Plus de punch
De 3,5 litres, la cylindrée du V6 est passée l’an dernier à 3,8 litres, ce qui a permis de faire grimper la puissance de 62 chevaux (pour un total de 262). Vous comprendrez donc que les accélérations comme les reprises sont beaucoup plus punchées, et que les performances répondent bien mieux aux exigences de la clientèle. Toutefois, il faut savoir que cette Kia demeure extrêmement lourde et que par conséquent, la consommation s’en ressent. À titre de comparaison, une Toyota Avalon qui propose sensiblement la même puissance, mais à laquelle on retranche 200 kilos, se contente que de 85 % du carburant utilisé par la Kia. Et bien sûr, les accélérations sont encore plus relevées.
Sur la route, on constate tout de suite que cette Amanti s’est améliorée en matière de suspension. Mieux calibrée, elle n’est plus comme jadis, c’est-à-dire d’une décourageante mollesse. Néanmoins, son principal travail sera d’offrir aux occupants un confort de première classe, ce qui explique la souplesse tout de même importante des amortisseurs. Et comme la voiture repose sur des pneumatiques à gros flancs, de piètre qualité par-dessus le marché, vous devinerez que la tenue de route n’est pas très impressionnante... La voiture tangue énormément en courbe et ne donne aucunement l’impression d’être bien accrochée au bitume. On sent d’ailleurs le train avant très léger, particulièrement en accélération. De ce fait, sachez que l’augmentation substantielle de puissance du moteur ne s’est pas faite sans engendrer un effet de couple considérable.
Outre cela, il faut admettre que la vie à bord d’une Amanti n’est pas désagréable, pour qui apprécie ce genre de confort. L’insonorisation est poussée, le confort des sièges est royal et les bruits de caisse sont carrément absents, signe d’un assemblage sérieux. Mais malgré tout, la carrière de cette berline est condamnée à l’échec (les chiffres de ventes le prouvent !). Car même si la voiture est compétitive en matière de prix, bien construite, bien garantie et généralement fiable, les acheteurs de ce type de produits désirent habituellement un produit plus mûr, plus joli et mieux réputé. Car il faut aussi dire que Kia et luxe ne riment pas ensemble. Même Hyundai, qui oeuvre dans ce marché depuis 2001, peine toujours à percer, et ce, même si la nouvelle Azera est une voiture nettement mieux réussie que la présente Kia. Il faudra donc attendre une véritable refonte, avec une carrosserie plus sobre et un comportement encore mieux équilibré, pour que le succès puisse avoir lieu…
Feu vert
Confort exceptionnel
Puissance intéressante
Équipement généreux
Habitabilité surprenante
Suspension mieux calibrée
Feu rouge
Design raté
Image de la marque problématique
Consommation importante
Forte dépréciation