Ford Taurus, Surprise ! Surprise !
Mesdames et messieurs, la toute nouvelle Taurus 2008 ! Voilà comment les dirigeants de Ford nous ont dévoilé cette Five-Hundred revue et corrigée au dernier Salon de Chicago. Et vous auriez dû voir le visage des membres des médias tomber par terre (et même ceux de certains employés du constructeur), lorsqu’on nous a annoncé qu’on reprenait cette nomenclature. « N’aviez-vous pas abandonné ce nom en prétextant qu’il était rendu mauvais pour votre image, parce que trop associé aux voitures de flotte ? », demanda un journaliste américain. Euh… bof… non… nos études ont démontré que…
Bref, voilà la preuve que le constructeur, dans ses grands élans de marketing, s’est à nouveau mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Et là, après avoir constaté l’insuccès de la Five-Hundred et l’erreur de l’abandon de la Taurus, on tente une fois de plus de sauver les meubles. Bon, le retour du nom Taurus brise peut-être le moule voulant que chaque voiture vendue chez Ford (sauf la Mustang) possède un nom commençant par la lettre F (les camions, c’est E), mais entre vous et moi, qui est-ce que ça importe ?
Pour être honnête, ma première réaction en apprenant cette nouvelle était : « Voyons donc, ils prennent vraiment les gens pour des imbéciles ! » Mais après mûre réflexion, je me suis rappelé que pour acheter une Five-Hundred, il ne fallait pas s’intéresser à l’automobile. Par conséquent, les acheteurs de cette « nouvelle » Taurus n’ont probablement aucune idée qu’une Five-Hundred existait auparavant ! Mais en revanche, ils connaissent tous le nom Taurus ! Cette idée qui semblait à première vue être une insulte à l’intelligence n’est donc peut-être pas si mauvaise.
Maintenant, le produit !
Je vous l’accorde, faire l’achat d’une Taurus est une activité aussi excitante que de magasiner un matelas ou un aspirateur. Et si la Five-Hundred était d’un ennui mortel, il en va de même pour la Taurus. Remarquez toutefois la grande similarité des lignes avec l’ancienne génération de la Volkswagen Passat, une voiture qui n’avait pourtant rien de banal ! À la fois imposante par ses dimensions et discrète de par ses lignes, cette voiture est certainement la meilleure qu’un voleur puisse se procurer ! Il pourra ainsi y loger beaucoup de matériel dérobé tout en se fondant dans le paysage automobile avec la même aisance qu’un goéland chez McDonald ! Qui plus est, il profitera d’une bonne dose de puissance pour fuir les lieux du crime, puisque la Taurus reçoit un nouveau moteur pour 2008.
En fait, ce nouveau moteur est déjà bien connu chez Ford, puisqu’il repose aussi sous le capot du Edge et des Lincoln MKX et MKZ. Il s’agit bien sûr du V6 de 3,5 litres multisoupapes, lequel propose beaucoup de couple et de puissance. On obtient donc des accélérations et des reprises aussi rapides que linéaires, ce qui signifie que la puissance est disponible, peu importe le régime. Plus souple et silencieux que celui qu’il remplace, il contribue aussi à rehausser le confort. La consommation n’est malheureusement pas inférieure à celle du 3,0 litres, mais les quelque 13 litres ingurgités par tranche de 100 kilomètres me semblent beaucoup plus raisonnables ici, compte tenu de la puissance et du rendement du moteur. La boîte automatique à six rapports est pour sa part très appréciable, puisque très bien adaptée à ce moteur. Curieusement, le frein moteur est moins accentué sur la Taurus que sur le Edge, et ce, même si la voiture est munie de la traction intégrale.
Vous dire à quel point elle est ennuyante à conduire est difficile... Toutefois, il est facile après seulement quelques kilomètres passés à bord de comprendre l’intérêt qu’un acheteur pourrait avoir pour cette auto. Non seulement la position de conduite est agréable parce que surélevée, mais le grand confort et le sentiment de sécurité qui s’en suivent sont aussi deux éléments très vendeurs. Et il faut bien le dire, cette voiture est loin d’être aussi paresseuse qu’elle en a l’air. La Taurus est agile, bien équilibrée, très bien suspendue et pourvue d’une direction juste assez ferme et précise. Bref, voilà une bagnole qui impressionnera les plus sceptiques par son comportement. Mais cela ne l’empêche pas d’être franchement ennuyeuse.
De l’espace !
À bord, la première chose qui épate est assurément l’espace offert. C’est bien simple, on se croirait presque dans une défunte Country Squire dans laquelle six personnes et un Golden Retriever pouvaient monter sans problème. Et il en va de même pour le coffre, qui vous permettra de faire vos emplettes chez Costco en dépensant pratiquement sans limites ! Mais au-delà de l’espace, la Taurus mise beaucoup sur le confort de ses occupants. Ainsi, la disposition des éléments est simple et efficace et les sièges sont très confortables. Évidemment, l’habitacle n’a rien de bien excitant au plan esthétique, mais ce n’est pas méchant non plus. Faites toutefois gaffe aux options, car celles-ci font grimper la facture vers des sommets inacceptables.
Mon constat, c’est que cette voiture n’est pas plus belle qu’avant, ce qui signifie qu’elle ne connaîtra jamais le succès escompté. Et c’est dommage, parce que n’eût été de son design et des mauvaises décisions marketing du constructeur, elle aurait pu connaître une brillante carrière, qu’importe le nom qu’on lui aurait donné ! Néanmoins, parce qu’il s’agit d’une voiture bien construite, confortable, agile, sécuritaire et très spacieuse, il m’est impossible de ne pas la recommander. Et c’est d’autant plus vrai cette année, puisque la traction intégrale jumelée à ce moteur de 3,5 litres constitue un combiné mécanique fort intéressant.
Feu vert
Comportement routier surprenant
Voiture très bien construite
Confort exceptionnel
Habitacle ultraspacieux
Motorisation intéressante
Feu rouge
Design raté, même avec les retouches…
Conduite ennuyeuse
Beaucoup d’options
Dépréciation importante
Va-t-on l’appeler LTD en 2009 ?