Ford Fusion, du sérieux !
Alors que l’an dernier les nouveaux modèles 500 et Freestyle étaient accueillis avec tiédeur et parfois indifférence, il a fort à parier que cette berline connaîtra davantage de succès. Même si sa silhouette est assez ordinaire, force est d’admettre qu’elle est tout de même réussie tant sur le plan visuel que dynamique. Et c’est tant mieux pour Ford qui a bien besoin d’une voiture qui soit populaire. Vendre des VUS et des camionnettes c’est bien, mais les constructeurs japonais sont en train d’accaparer le marché des berlines.
Ironiquement, c’est au Japon que Ford est allé chercher son modèle destiné à lutter contre les meilleures japonaises. En effet, la Fusion prend ses origines chez Mazda alors qu’elle utilise la plate-forme et la mécanique de la Mazda 6. Vous admettrez avec moi qu’il aurait été possible de faire un pire choix.
Version américaine
Le fait de mentionner qu’un modèle est dérivé d’une plate forme connue ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit d’une copie conforme. La Fusion utilise la même plate-forme que la Mazda 6, mais plusieurs modifications y ont été apportées afin de pouvoir offrir un comportement routier répondant aux attentes des conducteurs nord-américains. Les suspensions sont moins fermes, la réaction de la direction un peu plus feutrée. La suspension avant est à bras inégaux et celle à l’arrière de type multibras. Les deux sont boulonnées sur un châssis autonome pour plus de rigidité et une meilleure insonorisation. Le fait d’avoir allongé l’empattement de cinq centimètres a permis d’offrir des places arrière plus confortables tandis que la voie élargie explique la meilleure stabilité en ligne droite. Parfois chiches en fait d’équipement de freinage, les ingénieurs ont fait appel cette fois à des disques de freins avant et arrière beaucoup plus volumineux que la moyenne. De plus, les pastilles de freins utilisées sont censées produire moins de poussière que les plaquettes habituelles. Enfin, le modèle de base roule sur des pneus de 16 pouces tandis que des jantes de 17 pouces sont optionnelles.
Comme la plate-forme, les deux moteurs proposés sont des éléments connus. Le moteur quatre cylindres de 2,3 litres produisant 160 chevaux est utilisé sur plusieurs autres produits Ford et Mazda, tout comme l’incontournable Duratec V6 3,0 litres d’une puissance de 221 chevaux. Le quatre cylindres est offert de série avec une boîte manuelle à cinq rapports, tandis que la transmission automatique en option nous propose le même nombre de vitesses. Pour sa part, le moteur V6 ne peut être livré qu’avec une boîte automatique à six rapports. Celle-ci sera suivie plus tard dans l’année d’une transmission intégrale qui sera optionnelle.
Sage comme une image
Selon J. Mays, le grand manitou du design chez Ford, la silhouette de la Fusion est inspirée de la Ford 427, une voiture-concept présentée dans le cadre du Salon de l’auto de Detroit en 2003. Il est d’ailleurs évident que les deux parties avant ont plusieurs éléments similaires. Il faut souligner que l’avant est la partie la mieux réussie de la voiture avec sa grille de calandre constituée de trois bandes horizontales qui seront la marque de commerce des berlines Ford à l’avenir. Compte tenu des dimensions plus modestes de la Fusion, les stylistes n’ont pu conserver la partie arrière allongée que mettait en évidence un coffre à bagages relativement long, comme dans les années 55-60. Le toit est donc bombé tandis que le couvercle du coffre est assez court, donnant à l’ensemble une allure assez générique.
L’habitacle est mieux réussi bien que ce soit classique comme approche. Au lieu de formes délirantes comme chez Pontiac, les stylistes de Ford ont joué sur les textures et les couleurs. La plupart des plastiques utilisés sur la planche de bord sont de type mou, à l’exception du couvercle du vide-poche monté sur la partie supérieure du tableau de bord. On retrouve même une horloge analogique placée juste au milieu de la bande transversale qui sert à délimiter les parties supérieures et inférieures du tableau de bord.
L’habitabilité est impressionnante pour une voiture de cette catégorie. Les places arrière sont confortables et les « grands six pieds » s’y sentiront à l’aise. Autre avantage, il est facile de placer ses pieds sous le siège avant. Et cet espace n’a pas été acquis au détriment du coffre à bagages puisque la capacité de ce dernier est de plus de 420 litres. Soulignons enfin la grande ouverture du coffre de même que la présence de tirettes situées dans le coffre afin de faire basculer le dossier arrière vers l’avant.
Bien née
Souvent, les berlines nord-américaines nous déçoivent par leur tenue de route molasse qui vient gâter la sauce. Cette fois, ce fut une agréable surprise de me retrouver au volant d’une voiture proposant un bel équilibre. Les sensations de conduite sont généralement bonnes, tandis que la version à moteur V6, la seule essayée, s’est démarquée par une suspension confortable mais dépourvue de tout roulis ou de tangage. La direction est trop assistée, mais de peu. Elle est précise et permet d'enfiler les virages avec aplomb. D’autre part, son assistance est linéaire et il n’y a pas ce manque de « feeling » dans les virages serrés. Enfin, les freins sont progressifs et ont résisté à des sollicitations intempestives.
La Fusion ne remportera pas de prix d’élégance, son comportement routier ne délogera pas les Honda Accord et les Mazda 6, mais son équilibre général est réussi. Elle plaira donc à la majorité en raison de sa tenue de route juste ce qu’il faut et une suspension bien réglée. Si la fiabilité ne fait pas défaut, cette voiture devrait s’illustrer sur notre marché.
Feu vert
Mécanique éprouvée
Bonne habitabilité
Tenue de route saine
Prix compétitif
Finition sérieuse
Feu rouge
Fiabilité inconnue
Silhouette anonyme
Manuelle non offerte avec V6
Certaines commandes difficiles à lire