Ford Edge, quand Ford se met à jour !
Il y en aura eu des erreurs stratégiques chez Ford au cours des dernières années. Et ces erreurs, elles ont coûté cher ! Mais heureusement, elles n’ont pas eu d’incidences sur les produits, puisque la qualité générale des véhicules Ford n’a jamais été aussi bonne. Le problème, c’est qu’on proposait jusqu’à tout récemment des véhicules qui n’étaient plus actuels et qui ne répondaient par conséquent plus aux besoins de la clientèle. On a donc entrepris le remaniement de la gamme (après l’échec des Five-Hundred et Freestyle) avec la Fusion en 2006 (première réussite), puis on s’est ensuite concentré sur un nouveau VUM (véhicule utilitaire multisegment), le Edge.
Vous aurez deviné que Ford met beaucoup d’espoir dans ce véhicule qui pourrait bien lui permettre de redevenir leader d’un segment, comme c’était le cas avec l’Explorer au début des années 90. Bien sûr, de nos jours, la concurrence est encore plus féroce et les catégories de véhicules sont de plus en plus difficiles à définir, mais Ford compte bien accaparer une part du marché qui, jusqu’à tout récemment, était dominée par les Asiatiques. N’ayant donc qu’un Explorer et un impopulaire Freestyle (aujourd’hui Taurus X) à offrir à sa clientèle, le constructeur se devait en 2007 de lancer un tout nouveau produit, dans l’optique de concurrencer l’armada de nouveaux véhicules multisegments fraîchement introduits en Amérique du Nord. Et il ne fallait pas rater son coup. C’était l’heure du « ça passe ou ça casse » !
Mais alors que la Taurus X et le nouveau Flex (qui nous arrivera sous peu) tentent de séduire une clientèle délaissant la minifourgonnette, le Edge compte plutôt attirer une clientèle affectionnant les VUS. Bien sûr, certains consommateurs aux besoins spécifiques veulent toujours conduire des véhicules plus robustes, d’où la pertinence de continuer à offrir un Explorer et un Expedition. Toutefois, plusieurs actuels propriétaires de VUS ne souhaitent plus nécessairement composer avec un comportement de camion et une consommation d’essence trop importante. C’est pour eux qu’a été créé le Edge.
Une jolie robe
Ne serait-ce qu’en observant les photos du véhicule sur les documents de presse, je lui prédisais un grand succès. D’abord, son style craquant et son allure très dynamique allaient attirer les foules chez les concessionnaires et d’autre part, il allait permettre au constructeur de se défaire de l’image trop banale reflétée jusqu’à maintenant par le Freestyle. Car il faut admettre que ce véhicule, même s’il n’est pas vilain, passe totalement inaperçu. Et aujourd’hui, la clientèle souhaite justement le contraire. Pour ce faire, le Edge affiche donc un caractère nettement plus accentué. De bons mots sont attribuables pour son air gaillard, imputable à ses ailes élargies et son long empattement. Par ailleurs, la grille de calandre empruntée notamment à la Fusion et en voie de devenir une signature visuelle de la marque, est on ne peut plus élégante. Quant aux feux arrière à lentille claire et aux bas de caisse contrastants, ils ne font que suivre la tendance.
Équilibrées, les lignes du Edge ont également l’avantage de bien vieillir. Et lorsqu’on sait que Ford ne redessine plus totalement ses véhicules lors d’une refonte (pensez au Explorer 2006, au Expedition 2007 ou au Escape 2008), il est bon de savoir que le style de cette carrosserie ne vieillira pas prématurément. Qui plus est, notez que même si vous optez pour un modèle d’entrée de gamme, c’est-à-dire la version SE à deux roues motrices, vous n’aurez nullement l’air de conduire un véhicule…d’entrée de gamme ! Ici, on ne vous prive pas de poignées de porte de couleur et de jantes d’alliage ou d’un becquet arrière. Tout est là.
En ouvrant la portière, on constate que de grands efforts ont été faits pour rendre ce véhicule aussi accueillant que possible. D’abord, la qualité d’assemblage et de finition est sans reproche, et supérieure à de nombreux rivaux japonais. Le design de planche de bord reflète également très bien ce qui est ressenti en observant les lignes de la carrosserie, c’est-à-dire une approche à la fois gracieuse, sobre et contemporaine. La planche de bord, qui ne désorientera personne, propose donc un style très agréable, mais qui se démarque néanmoins par une touche d’originalité. Elle se distingue en fait par une console centrale en relief, ornée de faux aluminium, ainsi que par des bouches de ventilation verticales, arborant le chrome très élégant. Quant à l’instrumentation, elle évoque un peu le passé avec ses cadrans gradués de chiffres inclinés.
Cinq adultes peuvent s’installer à bord sans contrainte, le dégagement étant généreux peu importe l’endroit où vous vous trouvez. Sachez également que les sièges sont très confortables et s’ajustent pour que vous y soyez parfaitement à l’aise. Ainsi, autant un conducteur de grande taille qu’une petite personne sauront trouver une position de conduite adéquate. Et vous aurez bien sûr compris que le Edge n’offre pas de banquette de troisième rangée, ce que certains pourraient contester. À cela, Ford rétorque que la Taurus X et le Flex proposent ce type de configuration. Et c’est vrai ! De toute façon, cettedite banquette est souvent encombrante pour plusieurs, limitant l’espace de la soute. À ce propos, le Edge possède un coffre très volumineux, bien découpé, et qui peut être agrandi en abaissant les dossiers de la banquette au simple touché d’un bouton. Évidemment, plus vous déboursez et plus vous obtenez d’équipements. En débutant à environ 33 000 $, un équipement tout ce qu’il y a de complet est compris dans le Edge. Mais si vous êtes du type sièges en cuir chauffants, gros système audio et système de navigation, la facture peut monter considérablement. En effet, en ajoutant chacune des options au modèle SEL à traction intégrale, vous pouvez calculer un écart d’à peu près 10 000 $ avec le modèle le moins cher.
Enfin, fini le 3,0 litres !
L’une des erreurs les plus importantes lors de l’introduction de la Freestyle à l’automne 2004 aura été d’équiper ce véhicule du satané V6 Duratec de 3,0 litres qui personnellement, ne m’a jamais plu. Rugueux, bruyant et surtout trop gourmand, ce moteur n’a rien à offrir d’avantageux. Il était donc évident qu’en le nichant dans le Edge, Ford aurait trouvé encore une fois le moyen de se tirer dans le pied. C’est pourquoi les ingénieurs ont travaillé à développer un nouveau V6 de 3,5 litres, plus puissant et plus raffiné. Introduit d’abord dans le Edge et le MKX (son jumeau chez Lincoln), ce moteur a aussitôt été greffé à de nombreux modèles de la marque.
Ce V6, qui reprend lui aussi l’appellation Duratec, déploie une puissance de 265 chevaux, soit environ 25 % plus que l’ancien 3,0 litres. Non seulement ses performances sont plus relevées, mais il fait preuve également de plus de souplesse, de douceur et de raffinement. Plus nerveux, il ne rechigne jamais lorsqu’on le sollicite. Malheureusement, il demeure aussi gourmand que celui qu’il remplace. Vous me direz que l’augmentation de la puissance et de la cylindrée peut expliquer ce résultat, mais à cela je répondrai que la concurrence qui utilise des motorisations comparables (GMC Acadia, Honda Pilot, Toyota Highlander et autres) fait mieux à ce niveau.
Un bel équilibre
En prenant le volant du Edge, on constate en premier lieu que le véhicule est très bien appuyé au sol. On le sent lourd, solide et bien équilibré. Ainsi, un sentiment de confiance et de sécurité est vite ressenti par le conducteur. Et ne serait-ce que pour cet élément, on peut dire que le Edge a gagné son pari. Car s’il y a quelque chose qui importe les automobilistes nord-américains, c’est bien ce sentiment de sécurité. Dès les premiers tours de roue, on remarque que le Edge est un véhicule bien suspendu. Par conséquent, il est capable d’offrir un grand confort tout en assurant une excellente stabilité routière. Et il me faut aussi admettre que le châssis très moderne est toujours à la hauteur. Jamais le Edge n’a montré un quelconque signe de faiblesse même lorsque malmené, et les bruits de caisse ont, dans les trois véhicules qui m’ont été confiés, brillé par leur absence.
Deux éléments demeurent cependant décevants en ce qui concerne la conduite. D’abord, il y a cette direction qui manque de précision et qui semble quelque peu déconnectée de la route, puis il y a cette boîte automatique qui met un temps fou à rétrograder. Vous remarquerez par exemple que dans un quartier résidentiel où les arrêts obligatoires se multiplient, la boîte est constamment hésitante. Dommage.
Je terminerai en mentionnant que le Edge est un véhicule dont le degré d’insonorisation étonne. De ce fait, il est facile de conclure qu’il propose en plus de ses nombreuses qualités, un confort des plus exceptionnels. Il ne lui manque qu’un zeste de piquant au niveau de la conduite, ce qui permettrait plus d’agrément au volant. Mais somme toute, il s’agit d’un véhicule fort réussi.
Feu vert
Ligne séduisante
Présentation intérieure soignée
Habitacle très confortable
Insonorisation poussée
Comportement équilibré
Feu rouge
Transmission paresseuse
Direction peu communicative
Cinq places seulement
Consommation légèrement trop élevée