Honda Element, un hummer passé à la sécheuse !
Cette référence au fameux Hummer, les propriétaires de Element l’ont tous entendu… et deux fois plutôt qu’une ! S’il a l’allure carrée du véhicule militaire, le Honda Element ne peut prétendre offrir les mêmes capacités en conduite hors route, et ce, même s’il bénéficie de la traction intégrale, optionnelle. Heureusement, sa consommation a aussi rétréci par rapport au Hummer. Dans les deux cas, toutefois, les véhicules savent attirer l’attention et si l’un fait grincer des dents les gens de Greenpeace, l’autre fait sourire… généralement. Car on aime ou on n’aime pas la silhouette bizarre du Element.
SHOW DE CHAISES
Cette carrosserie, toute de tôle et de panneaux de plastique, à défaut d’être très aérodynamique, offre un espace de chargement exceptionnel. Le panneau arrière s’ouvre en deux parties, et celle du bas peut servir de banc lors de feux de camp ou de support lorsque vient le temps de transporter des objets longs. Remarquez qu’il est toujours possible d’enlever le toit ouvrant situé à l’arrière (mais il n’y en a pas pour les gens assis à l’avant) et de faire dépasser ledit objet. Les portes arrière latérales s’ouvrent à contresens – les pentures sont placées à l’arrière – et il n’y a pas de pilier entre ces portes et celles à l’avant. Il est donc très facile de charger des objets encombrants d’autant plus qu’il existe, dixit Honda qui possède beaucoup d’imagination, 64 configurations différentes de sièges. Personnellement, je n’ai pu que baisser le dossier des sièges avant pour former un lit de fortune avec ceux situés à l’arrière ou faire basculer les deux sièges arrière vers l’avant pour agrandir l’espace de chargement ou les enlever, tout simplement, une opération relativement complexe qui risque d’égratigner le plastique des parois intérieures. Heureusement, ces sièges ne sont pas très lourds. Il y a aussi la possibilité de les rabattre contre les parois, ce qui améliore davantage l’espace de chargement mais qui bloque toute visibilité latérale arrière. Le plancher est recouvert d’un plastique facile à laver à grande eau. Par contre, il peut se révéler glissant si vos chaussures sont mouillées. Si vous déposez des objets sur ce plancher lisse sans prendre le temps de les fixer aux crochets existants, vous en serez quitte pour les entendre passer de gauche à droite à la moindre courbe.
Le Honda Element ne semble être que sièges. Ceux d’en avant offrent un confort relatif et un support latéral pratiquement inexistant. Puisque leur assise est haute et que la surface vitrée est importante, la visibilité n’est rien de moins qu’exceptionnelle. Les sièges situés à l’arrière sont très faciles d’accès grâce à l’absence de pilier « B » mais ils se montrent aussi durs que la belle-mère d’Aurore. L’espace pour les jambes est phénoménal mais si vous mesurez plus de six pieds, votre tête risque de se frotter contre le plafond, ce qui est plutôt ironique vu la hauteur du véhicule!
Au chapitre des ironies, mentionnons que si l’extérieur crie à tue-tête sa différence, l’habitacle, lui, se fait beaucoup plus discret. À part le levier de vitesse planté au milieu de la planche comme c’est la tendance actuellement et une débauche de plastiques (au demeurant de bonne qualité), il n’y a rien pour écrire à son député. Les commandes tombent sous la main, le système audio de 270 watts de notre véhicule d’essai n’est pas le meilleur de sa catégorie, les espaces de rangement pourraient être plus nombreux et le repose-pied est placé trop à l’horizontale pour être serviable.
Le Honda Element peut recevoir, moyennant supplément, une traction intégrale. Cela n’en fait pas un Jeep TJ, loin de là, mais assure une meilleure traction dans la neige ou dans le sable des plages de Malibu. Ce système, toujours un peu lent à réagir, est appelé « Real Time » et envoie la puissance aux roues qui en ont le plus besoin. Le châssis, tout comme le système intégral, est copié sur celui du CR-V et fait preuve d’une belle solidité malgré l’absence de pilier entre les portières avant et arrière. Le moteur est le 2,4 litres qui se retrouve aussi dans… le CR-V. Il développe 160 chevaux qui peinent à la tâche de traîner cette masse de plus de 1 500 kilos, 1 600 dans le cas de la version intégrale. Dans ce dernier cas, effectuer le 0-100 km/h en moins de 11 secondes relève du témoignage devant le juge Gomery. Les reprises sont un peu plus vivantes mais on ne se brise pas la nuque sur l’appuie-tête. La livrée traction (roues avant motrices) amène des performances beaucoup plus allumées, tout en consommant environ un litre de moins aux cent kilomètres.
Les suspensions sont un peu trop sèches mais ont le mérite d’être solides. Elles impriment au Element un comportement sous-vireur alors que la caisse penche un peu, ce qui est tout à fait normal dans les circonstances. Les pneus d’origine (des Goodyear Wrangler) seraient à peine dignes de se retrouver sous une brouette de jardin et crient leur désarroi à la moindre oscillation du volant. Les freins procurent des distances d’arrêt correctes et rectilignes malgré des disques à l’arrière qui semblent bien petits. Un examen des dessous du Element nous montre un bon antirouille, des fausses ailes ouvertes sur le moteur, permettant de dégager la chaleur mais aussi de salir rapidement les organes mécaniques. L’entretien ne devrait pas causer de problèmes particuliers.
Le Honda Element ne s’adresse pas à tout le monde. Il faut aimer se faire remarquer, avoir des besoins d’espace plus importants que la moyenne, ne pas privilégier la conduite sportive et, surtout, accepter ses qualités et ses défauts. Moi, je serais prêt… et vous ?
Feu vert
Style très particulier
Excellente visibilité
Habitacle polyvalent
Mécanique fiable
Bon antirouille
Feu rouge
Style très particulier
Version AWD peu économique
Sièges arrière inconfortables
Sensibilité aux vents latéraux
Performances en manque de Viagra (AWD)