Smart 2010: l'électrique lui va si bien
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Brooklyn, New York – Après la Leaf de Nissan et la I-Miev de Mitsubishi, au tour de la Smart de se faire électrique. Nous avons fait l’essai dans les rues de Brooklyn de celle qui sera d’abord offerte en quantité limitée cet automne puis, si tout va bien, à Monsieur et Madame Tout le Monde dès 2012. Mais ces derniers en voudront-ils?
Oui s’ils sont urbains, non s’ils attendent de leur Smart électrique qu’elle leur donne la même autonomie qu’une voiture traditionnelle. Car avec ses 135 kilomètres possibles sur une seule recharge (davantage si on freine souvent, moins si on utilise la climatisation ou le chauffage), la Smart électrique permet des déplacements limités au quotidien. Et une fois ‘à sec’, il lui faut trois heures et demie pour se remettre de la mine dans le crayon – voire huit heures pour retrouver sa charge complète. C’est pas mal plus long qu’un plein d’essence, ça…Évidemment, c’est en conduite urbaine que la Smart « verte » est à son meilleur, grâce à ses petites dimensions qui se faufilent toujours aussi lestement, mais aussi à son moteur électrique. Installé dans l’espace ordinairement occupé par le trois cylindres à essence, cet organe de 30 kilowatts ne développe que 41 chevaux. C’est peu, vous dites? Et comment. D’ailleurs, la Smart électrique voit sa vitesse maximale limitée à 100km/h. Nul doute que ça posera des problèmes stratégiques lorsque viendra le temps de lui faire emprunter nos autoroutes.
L’effet « immédiat »
Reste qu’avec la transmission de sa petite puissance en mode direct, c’est-à-dire sans rapport pour venir briser l’élan, de même qu’avec les 88 lbs-pi de couple disponibles dès les premiers tours de roue, la Smart électrique s’élance pour le 0-60km/h en 6,5 secondes. Et elle le fait dans une attitude facilement modulable du bout du pied droit, en toute linéarité. Rien à voir avec l’effet ‘chaise berçante’ que nous livre encore la Smart à boîte séquentielle. Rien à voir non plus avec la sonorité grondante ou chantante d’un moteur à combustion. Mais elle n’est pas silencieuse pour autant, la Smart électrique : un petit sifflement accompagne ses poussées d’adrénaline et, pour un peu, on se croirait dans un mini-vaisseau spatial. On trouve ça drôle au départ, mais est-ce qu’on en aura marre lorsque l’effet nouveauté sera chose du passé? Une chose est sûre : ce son du futur a l’avantage d’avertir les piétons du passage d’un véhicule non traditionnellement motorisé. Rappelons que pour éviter de tragiques accidents, des groupes de personnes non-voyantes font pression auprès des constructeurs automobiles pour que leurs hybrides (et, éventuellement, leurs produits électriques) se fassent entendre comme n’importe quelle autre voiture normale.
Ça brasse un peu plus…
Mais retournons à nos moutons urbains pour dire que la direction de la Smart « verte » passe de l’hydraulique à la mode électrique, sans pour autant perdre de sa connexion avec la route. Et c’est une bien bonne chose. Par contre, la suspension se fait pas mal plus cogneuse que pour la Smart traditionnelle. La balade brasse davantage son Canadien ici que dans les Smart diesel et à essence que nous avons essayées de façon plus qu’extensive (6000 kilomètres sur la Côte Ouest en 2005 et 2500 kilomètres au Cercle polaire l’hiver dernier). La faute incombe sans doute au poids supplémentaire des batteries (la Smart électrique engraisse de 140 kilos) qui ont trouvé à se loger entre les essieux, sous les fesses des deux passagers. En contrepartie, ce positionnement a l’avantage de ne rien retrancher du petit espace cargo situé derrière les sièges. Fiou…
Oh, une critique « frein » : la pédale est dure et bien peu réactive. Les hybrides les plus modernes ont réussi à allier la récupération du freinage avec une sensation de contrôle sous le pied gauche et il faudra que la Smart électrique réussisse, elle aussi, à offrir davantage d’amplitude.
Zéro essence, zéro pollution
À conduire la Smart électrique dans les rues de Brooklyn, en version coupé ou en variante cabriolet, on pourrait croire que bien peu de choses viennent départager cette version écologique de la variante à carburant. Selon les gens de Smart, si nous avions conservé une vitesse moyenne de 25 ou 30 km/h, il nous aurait fallu presque cinq heures pour venir à bout de la charge électrique. De fait, tout dans l’expérience s’exécute si logiquement et si naturellement qu’on en vient à oublier qu’on pilote électrique. Tout au plus se réjouit-on de ses jantes d’alliage vert et de ces touches couleur nature qui encerclent les rétroviseurs et la cage de l’habitacle. Reste que des différences, il y en a. Les deux cadrans de style « yeux de grenouille » qui trônent au sommet de la planche de bord indiquent non pas les révolutions et l’heure, mais plutôt la charge restante et le monitorage de l’énergie. Surtout, surtout : pas d’émissions polluantes pour la Smart électrique. Pas de plein en carburant non plus, qu’une recharge à même la prise électrique résidentielle à l’aide d’une rallonge, que l’on dissimule dans le hayon. Et pas de changement d’huile, pas d’entretien – que des freins à changer et, sûrement un jour, des batteries à remplacer.
21 000$ de batteries
Parlant batteries : celles qui montent à bord de la Smart électrique, fournies par le constructeur californien Tesla, sont de cette nouvelle mouture à lithium-ion. Lire entre les lignes : elles sont plus performantes, mais aussi pas mal plus chères. « On parle de 1000 Euros par kilowatt installé, » dit Derek Kaufman, vice-président pour Smart USA. À 16,5 kilowatts pour la Smart électrique, on en a donc pour 21 000$ canadiens par voiture…
Voilà l’une des raisons pour lesquelles la Smart électrique n’est pas encore entrée en production de série. On prévoit néanmoins l’y lancer en 2011, avec une livraison sur 40 marchés internationaux (dont le Canada) l’année suivante. Daimler rêve alors de pouvoir compter sur ses propres batteries, développées en collaboration avec Evonik.
45 Smart électriques au Canada
En attendant, on y va de projets-pilote. Déjà, plusieurs centaines d’unités roulent en banc d’essai dans des villes européennes et à partir de l’automne prochain, 250 d’entre elles trouveront preneurs dans des villes américaines, et 45 dans des villes canadiennes. Chez nous, localisations et prix n’ont pas encore été fixés. Mais chez nos voisins du Sud, on sait d’ores et déjà qu’Orlando (Floride), Portland (Oregon), San Jose (Californie) et Indianapolis (Indiana) expérimenteront la Smart « verte ». Les Américains locataires sélectionnés (à 80% des entreprises) verseront 2500$ en versement initial, puis 599$ par mois pendant quatre ans. Ces sommes ont été fixées en tenant compte des 7500$US versés par le gouvernement américain afin de promouvoir l’électrification automobile. L'Ontario vient d'annoncer un crédit de 8500$ alors qu'au Québec, il faudra attendre 2011 pour pouvoir se qualifier à un crédit d'impôt remboursable de 8000$.