Buick Enclave/GMC Acadia/Saturn Outlook, heureux synchronisme
La compagnie General Motors a souvent eu la mauvaise habitude de commercialiser des véhicules qui étaient hors séquence par rapport aux tendances du marché. Et si jamais ils étaient dans la bonne séquence, les produits provenaient d’un développement incomplet ou encore leur fiabilité s’avérait inférieure à la moyenne. Enfin, généralement, la mécanique était d’une autre époque. Mais cette façon d’agir est bel et bien révolue et ce constructeur nous démontre hors de tout doute qu’il a changé ses politiques avec ce trio de VUS intermédiaires. Pour une fois, on aura vu juste en dévoilant les Buick Enclave, GMC Acadia et Saturn Outlook au moment même où les gros VUS dérivés des camionnettes sont en forte baisse de popularité, surtout en raison du prix de l’essence. Un autre facteur explique cette situation : bien des gens n’ont pas envie d’acheter à nouveau un autre véhicule de cette catégorie. Presque tous ont de gros moteurs V8, leur comportement routier tient davantage du camion que de l’automobile, tandis que leur confort, ou en fait leur manque de confort, est contraignant à la longue.
La solution était de développer des VUS plus contemporains dotés d’un châssis monocoque, offrant une suspension plus raffinée et plus moderne tout en faisant appel à un moteur V6, moins gourmand en hydrocarbure. Au lieu de rafistoler un quelconque modèle pour le mettre au goût du jour, la direction de GM a décidé de nous offrir un produit tout aussi moderne que la concurrence et de le commercialiser dans trois de ses divisions, soit Buick, GMC et Saturn.
Mécanique commune
Il ne faut pas être surpris si ce trio se partage les mêmes éléments mécaniques, c’est le seul moyen de pouvoir réduire les coûts et nous proposer un véhicule à un prix compétitif. La plate-forme est de type monocoque et ne fait pas appel à un châssis autonome comme sur les Chevrolet Tahoe et GMC Yukon. De plus, la suspension arrière est à essieux indépendants afin de maximiser le confort et la tenue de route. En général, les VUS purs et durs font appel à un essieu rigide, reconnu pour son efficacité en conduite tout-terrain et pour remorquer de lourdes charges. Mais puisque ce trio sera davantage appelé à circuler sur les grandes routes et les routes secondaires au lieu de sentiers impraticables, un essieu indépendant est un meilleur choix. Toujours au chapitre de la transmission, il est possible de commander une version de base avec roues motrices avant ou d’opter pour une transmission intégrale qui transfère automatiquement le couple aux roues détenant la meilleure adhérence. En conduite sur pavé sec, les roues motrices avant reçoivent la quasi-totalité de la puissance. Ce système est essentiellement conçu pour circuler sur les routes et sentiers bien entretenus. Relativement sommaire, il est efficace. Par contre, il n’a pas de démultipliée, de système électronique de contrôle de vitesse en descente ou d’aide au démarrage en pente.
J’allais oublier le moteur V6 de 3,6 litres de 275 chevaux couplé à une boîte automatique à six rapports. Nous sommes loin du vénérable V6 3,8 litres à soupapes en tête remis au goût du jour à de multiples reprises et toujours associé à une boîte automatique à quatre rapports. Ce moteur V6 3,6 litres est en alliage léger, possède une culasse à arbres à cames en tête à quatre soupapes par cylindre, et un système de calage variable des soupapes.
Buick Enclave : le luxe
Les incursions de la division Buick dans le secteur des véhicules à caractère utilitaire n'ont pas connu tellement de succès au cours des dernières années. Si le RendezVous a su tirer son épingle du jeu, c’est une tout autre histoire pour la Terrazza, une fourgonnette qui tentait de jouer le rôle d’un VUS et d’une fourgonnette. Elle a connu un échec retentissant, tout comme la Saturn Relay d'ailleurs.
C’est une autre chose avec l’Enclave. Cette grosse Buick possède du caractère sur le plan visuel. Il est possible de ne pas être d’accord avec les décisions des stylistes, mais force est de reconnaître qu’ils ont joué d’audace et donné à l’Enclave une silhouette vraiment à part. La grille de calandre de type chute d'eau est proéminente tandis que les prises d'air le long de la paroi du capot la démarquent. Les parois latérales sont tendues et se gonflent légèrement pour souligner les passages de roue. Bref, on ne s'est pas fait prier pour se distinguer. Il est certain que les gens vont se retourner sur le passage de Monsieur T. Woods lorsque celui-ci se rendra au terrain de golf ! Le tableau de bord se particularise en raison de son design hors de l’ordinaire avec une pendulette de bord analogique de type art déco et des cadrans indicateurs à affichage bleuté. Pour une fois, la finition est bonne et les plastiques ne sont pas trop durs. Avec ses sièges en cuir, notre Enclave était une authentique Buick, digne des modèles de jadis qui ont fait la réputation de la marque.
En conduite, les performances du moteur sont correctes étant donné que ce véhicule pèse environ 2 141 kg. Soulignons au passage que sa capacité de remorquage est de 4 500 livres ou 2041 kg, ce qui devrait suffire la plupart du temps. Le modèle essayé était un quatre roues motrices et sa conduite était équilibrée avec un roulis minimal dans les virages, une bonne insonorisation en plus de reprises et accélérations dans la bonne moyenne. Lors de mon essai, la consommation enregistrée a été de 12,6 litres aux 100 km, ce qui est bon compte tenu des dimensions de l’Enclave. Car avec une longueur hors tout de 5126 millimètres, vous conviendrez qu’il ne s’agit pas d’une sous-compacte. Bref, des trois comparses, c’Enclave qui affiche le plus de prestige et de luxe, et peut être configuré en version sept ou huit places en plus d’offrir une multitude d’accessoires visant à relever le niveau de confort.
GMC Acadia : le gentleman-farmer
Vous connaissez sans doute quelqu’un dans votre famille qui roule en véhicule tout-terrain, qui est habillé comme un noble anglais allant marcher dans les champs et qui a toujours du flair pour le dernier accessoire de plein air BCBG, qu’il s'agisse d’un vêtement technique, d’un soulier aux allures branchées ou encore d’un sac à dos de conception inusitée. Il me semble que les gens qui ont dessiné l’Acadia de GMC ont ciblé ce type d’acheteur potentiel. Les lignes sont modernes mais classiques, et il est possible de déceler une filiation entre la camionnette Sierra et l’Acadia même si aucun organe mécanique n’est partagé entre les deux. Et contrairement à la Buick Enclave, le tableau de bord est beaucoup plus sobre et risque de moins susciter la controverse.
Notre essai de l’Acadia a porté sur les deux versions offertes, soit la traction et l’intégrale. Cette dernière proposait un comportement similaire à la Buick. La traction indiquait un prix nettement plus abordable, et m’est apparue plus agile et un tantinet plus véloce que le modèle à transmission intégrale, sans doute en raison d’un poids inférieur. Sur la route, son comportement est sans surprise, et son doux moteur travaille harmonieusement avec la boîte à six rapports. Avec telles dimensions, il faut vraiment avoir besoin d’un véhicule de ce gabarit, sans quoi, il est préférable de se tourner vers des modèles moins encombrants. Mais si vos besoins exigent un véhicule huit places et si vous n’avez pas une grosse remorque à déplacer, l’Acadia est une solution intéressante.
Saturn Outlook : la famille
La division Saturn a le vent dans les voiles de nos jours et l’arrivée du Outlook ne viendra pas freiner ces progrès. Il est vrai qu’il ressemble d’un peu plus près à l’Acadia qu’à la Buick Enclave, mais les différences en fait de grille de calandre, de détails dans les angles de la carrosserie et de feux arrière permettent de les départager. La même chose dans l’habitacle. Mais je suis persuadé que l’acheteur de ce VUS sera un chef de famille voulant un bon service de la part de son concessionnaire et partager l’esprit de corps qui règne dans cette division. Et probablement que ce modèle aura une vocation un peu plus familiale que les deux autres.
Quoi qu’il en soit, son comportement routier, son équipement et son rouage intégral ne diffèrent en rien des deux autres. Ce sera une question de perception et de prix, ainsi que la proximité d’un concessionnaire par rapport à un autre. J’ai eu l’occasion d’être le passager arrière d’un Outlook pendant plus de 500 kilomètres, histoire de vérifier l’habitabilité des places, leur confort et le « facteur courbature » après un trajet de cette durée sans presque aucun arrêt. Verdict : cinq sur cinq ! Et même si la troisième rangée était déployée, l'espace pour les bagages s'est révélé plus que correct. En fait, cette ultime rangée de sièges est plus confortable que la moyenne.
Bref, un bilan positif pour ce trio qui est compétent sur la route, propose des composantes mécaniques modernes en plus d’offrir une finition de bon aloi.
Feu vert
Silhouette audacieuse (Enclave), moteur performant,
consommation raisonnable, transmission 6 rapports,
bonne habitabilité
Feu rouge
Poids élevé, prix corsé du AWD,
dimensions généreuses