Un report probable de l’interdiction des voitures à essence au Québec à cause de Trump
Québec laisse de plus en plus entrevoir un report de l’interdiction des véhicules à essence prévue pour 2035, son plan d’électrification des transports étant au ralenti en raison de la réalité économique « qui change » avec Donald Trump.
Depuis 2018, presque l’ensemble du plan économique du gouvernement de François Legault s’axe sur l’électrification des transports et sa filière batterie.
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Le premier ministre est résolument engagé dans la promotion des véhicules électriques au Québec.
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À l’heure actuelle, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, assure qu’il maintient le cap. Québec interdira la vente de véhicules neufs à essence en 2035.
Mais il a signalé mercredi que le gouvernement n’est « pas naïf », car l’arrivée du président Donald Trump à la tête des États-Unis ajoute à l’instabilité du secteur des véhicules électriques et des batteries.
Il affirme que Québec « prend acte » de la réalité économique « qui change ».
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« On sait bien que le marché nord-américain est bouleversé actuellement. L’Europe aussi connaît des défis au niveau de l’électrification de ses transports », a indiqué le ministre Charette.
Ralentissement à venir
L’an dernier, 40% des véhicules neufs vendus au Québec étaient verts.
Le ministre admet que ces données sont faussées, parce qu’il s’agissait de la dernière année pour profiter de la subvention de 12 000 $ à l’achat d’un VÉ.
En plus de l’arrêt des subventions, il faut maintenant ajouter Donald Trump à l’équation. Dès son entrée en fonction, le président américain a signé un décret pour retirer les États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, en plus d’exprimer son intention de réviser les normes d'émission des véhicules.
Ces gestes, jumelés à une accélération du développement des infrastructures énergétiques fossiles au sud du pays, risquent de favoriser la production de véhicules à essence en Amérique.
Comme l’indique déjà le projet de règlement, le gouvernement Legault doit effectuer une révision de son plan en 2026. Selon les analyses du marché, Québec pourrait retarder l’entrée en vigueur de l’interdiction.
Voitures chinoises
Devant cette instabilité, des voix comme celle de l’Association des véhicules électriques du Québec s’élèvent afin de permettre l’importation des véhicules électriques chinois au Canada. Pour l’instant, ces produits sont marqués d’une surtaxe de 100%.
Québec solidaire croit que le Canada et le Québec devraient évaluer l’option de se tourner vers le marché chinois.
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« C’est une option qu'il faut absolument explorer », a mentionné le porte-parole solidaire en matière de transports, Etienne Granmont.
Selon lui, les menaces et décisions de Donald Trump ne doivent pas influencer nos choix, surtout que la « planète brûle », dit-il.
L’objectif de 2035 est non négociable, plaide-t-il.
Le ministre Charette soutient qu’il faut être prudent avec les produits chinois.
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« Ça pose un autre défi au niveau des produits chinois. Même d’un point de vue environnemental, ce sont des produits qui sont plus difficiles à recycler, puis ça compromet des emplois du côté canadien et américain. Donc, ce n’est pas une question qui est simple », dit-il.
De son côté, le Parti Québécois estime qu’il est encore tôt pour réévaluer l’objectif de 2035. Idem pour ouvrir le marché à la Chine.