Aston Martin Vanquish, espèce menacée ?
Après plus de 20 ans en tant que propriétaire d’Aston Martin, Ford a vendu ses intérêts majoritaires à un consortium dirigé par Dave Richards et sa compagnie Prodrive, comprenant également des intérêts texans et koweïtiens. Au cours de ces deux décennies, la compagnie américaine a littéralement ressuscité cette prestigieuse marque. Elle a non seulement développé une gamme impressionnante de modèles, mais a doté AM de moyens de recherche et développement, en plus d’installations d’assemblage ultramodernes.
Plusieurs se sont inquiétés de voir un groupe financier relativement petit se porter acquéreur, soulignant que le manque de ressources financières de ces investisseurs pourrait éventuellement amener le constructeur de Grande-Bretagne à déposer son bilan ou tout au moins à réduire le nombre de ses modèles et devoir faire appel à des méthodes de fabrications plus économiques.
En contrepartie, il est important de préciser que la compagnie Prodrive a été le partenaire d’autres grands constructeurs dans des projets spéciaux. Et, bonne nouvelle, c’est toujours le Dr Ulrich Bez qui est le grand manitou de la marque. C’est d’ailleurs sous sa gouverne qu’Aston Martin a pu remonter la pente. Enfin, si Ford a réussi à vendre cette compagnie, c’est qu’elle était rentable et donc attrayante pour des financiers qui sont également des fanatiques de belles voitures.
520 chevaux !
Pou la petite histoire, la Vanquish a été dévoilée à Genève en mars 2001 et son arrivée marque la résurrection de la marque. Non seulement son élégance, mais également ses caractéristiques techniques l’on fait remarquer dès que les projecteurs ont été braqués sur elle. Sa silhouette demeure toujours une référence et elle est déjà passée à l’histoire comme l’une des plus belles sportives de tous les temps. Massive, large et trapue, elle en impose qu’elle soit stationnée devant un hôtel chic ou sur la route… dans votre rétroviseur.
Mais si les stylistes ont visé dans le mille, les ingénieurs n’ont pas chômé non plus en dessinant une plate-forme qui est encore avant-gardiste sept ans plus tard. Les éléments de la caisse, de la suspension et de la carrosserie sont collés à une poutre centrale qui assure une rigidité nettement supérieure. Bien entendu, ce processus est complexe et coûteux et il faut espérer que les nouveaux propriétaires sauront résister à la tentation de modifier ce mode d’assemblage. Tous les panneaux de carrosserie sont en aluminium et façonnés à la main afin de pouvoir alléger l’ensemble et reproduire les courbes complexes, mais combien élégantes dessinées par les stylistes. Depuis l’an dernier, seule la version S et son moteur V12 de 520 chevaux est proposée. Ce double six, comme aiment l’appeler les Britanniques, est doté de quatre arbres à cames en tête, de 48 soupapes et est couplé à une boîte manumatique à six rapports contrôlée par des palets montés sur le volant. Détail aux yeux de certains, la vitesse de pointe de cette belle britannique est de 321 km/h !
Cuir et sensations fortes
Une voiture britannique ne peut renier ses origines et cela aurait été un crime de ne pas offrir un déluge de cuir dans l’habitacle. En effet, les cuirs les plus fins recouvrent le tableau de bord, les garnitures des portières, les sièges, bref, tout ce qui peut être recouvert de quelque chose ! Si ce genre de détail vous intéresse, les peaux sélectionnées sont du type « Bridge of Weir ». Personnellement, je me fiche pas mal de l’origine des animaux qui ont fourni les cuirs et me préoccupe davantage des performances et à ce chapitre, nous sommes comblés. Cela dit, il faut savoir que la Vanquish n'a pas l'agilité d’une Vantage ou d’une Ferrari 430. Elle appartient à la catégorie des Grand Tourisme capables de rouler vite, très vite même et d’offrir un niveau de confort élevé à ses occupants. Ceux-ci doivent être relativement souples, car il faut presque se plier en deux pour s’installer dans les confortables sièges aux multiples réglages et nantis d’un bon support latéral. Heureusement, une fois à bord, la position de conduite est bonne et le pédalier est bien disposé. Par contre, le volant ne fait pas très sportif.
Mais mieux vaut s'y cramponner en accélération, car ce gros coupé est capable de boucler le 0-100 km en moins de 5 secondes et on dépasse les 200 km/h en très peu de temps. Au cours des années, la direction a été rendue plus directe, la suspension abaissée et affermie, ce qui permet d’obtenir des changements de direction plus rapides dans les virages et des changements de cap plus incisifs. En outre, le roulis de caisse est presque totalement éliminé. Bref, une voiture capable de satisfaire les conducteurs plus exigeants, en dépit d’une visibilité arrière moyenne et d’une lourdeur dans le comportement d'ensemble.
Feu vert
Moteur puissant, silhouette classique, habitacle luxueux,
conception mécanique sophistiquée,
accélérations musclées
Feu rouge
Modèle sera bientôt remplacé,
fiabilité capricieuse, voiture lourde,
visibilité arrière, coffre exigu