Nissan Frontier Hardbody 2024 : c'est bien beau le rétro, mais...

Points forts
  • Moteur performant
  • Impression de robustesse
  • Planche de bord simple et ergonomique
  • Look rétro trés réussi
Points faibles
  • Consommation d'essence
  • Pas aussi à l'aise hors route que le Pro-4X
  • Le Hardbody n'est (déjà) pas de retour en 2025
Évaluation complète

La saveur rétro a-t-elle encore sa place dans l’industrie automobile en 2024 ? Parions que bon nombre de stratèges se posent cette question, surtout lorsqu’il s'agit d’un modèle populaire. Parlez-en aux décideurs de Mini avec la Cooper ou de Ford avec la Mustang, pour ne nommer que ceux-là.

Mais, cette tendance est-elle pertinente dans le créneau des camionnettes intermédiaires ? Outre le Jeep Gladiator qui ne fait que réutiliser la proue du Wrangler, aucun autre pickup sur le marché ne va piger dans le passé du modèle pour espérer un succès dans ses chiffres de ventes.

Cette affirmation était vraie il y a quelques mois à peine, mais depuis quelque temps, un autre camion de taille intermédiaire cherche à capter la fibre nostalgique des consommateurs de pickups : le Nissan Frontier Édition Hardbody 2024. C’est au volant de ce dernier que nous avons repris la route récemment, alors que le temps froid s’installait, à quelques jours des premières bordées de neige.

Photo: Vincent Aubé

Hardbody, un retour aux années 80

Pour recréer ce look instauré par le tandem Pathfinder/D21 (nom de code utilisé pour identifier cette génération de la camionnette) venu chambouler le segment utilitaire au milieu des années 80, les concepteurs de Nissan n’ont pas cherché à réinventer la roue. C’est le cas de le dire, car les jantes en alliage d’un diamètre de 17 pouces reproduisent à merveille le dessin de celles boulonnées aux anciens petits camions de la marque nipponne.

Photo: Vincent Aubé

Les autocollants « 4x4 » apposés sur les portières du véhicule sont également étroitement liés à ceux qu’on retrouvait sur les flancs des ancêtres. Et pour ajouter à l’ambiance hors route, les pare-chocs peints en noir, l’autocollant noir mat sur le capot et la présence de pneus tout terrain (durant les mois de la saison chaude, car notre véhicule d’essai était muni de pneus d’hiver) ne font que confirmer les aptitudes hors route du camion Nissan. N’oublions pas la barre reliant les deux côtés de la boîte, un artifice qui était très populaire à l’époque.

Photo: Vincent Aubé

Il est toutefois déplorable que la boîte de chargement soit limitée à la plus longue des deux. Certes, celle-ci est plus logeable, donc plus pratique, mais elle oblige aussi à opter pour l’empattement le plus long, ce qui a une incidence sur le rayon de braquage et les capacités hors route du camion. Les manœuvres serrées en ville sont plus corsées, disons-le ainsi.

Avis aux intéressés, Nissan limite son choix de coloris à trois pour le Hardbody : Blanc glacier, Noire intense et Alerte rouge, cette dernière étant la plus appropriée à notre humble avis.

Le coup de vieux, c’est à cause de la concurrence

Il n'est pas nécessaire de revenir sur les déboires actuels du constructeur ici, mais disons que l’histoire de cette camionnette intermédiaire illustre assez bien la situation précaire dans laquelle plusieurs modèles de la marque sont enfoncés. Lorsque le Frontier a enfin reçu une refonte complète pour l’année-modèle 2022, le camion Nissan devenait du même coup le « p’tit jeune » de son groupe, avec une silhouette plus accrocheuse et même une nouvelle motorisation. Néanmoins, la cure de jouvence aura été de très courte durée, car Chevrolet/GMC, Toyota et Ford préparaient une contre-attaque avec des véhicules fortement révisés et franchement plus modernes.

Photo: Vincent Aubé

Sous le capot, le Frontier demeure, avec le Honda Ridgeline, le seul camion intermédiaire exclusivement livrable avec un moteur V6. La cylindrée du bloc de Nissan est passée de 4 à 3,8 litres il y a trois ans déjà, tandis que le nombre de rapports à l’intérieur de la boîte automatique grimpait de manière vertigineuse à neuf (alors que l’ancienne n’en proposait que cinq).

S’il est clair que cette motorisation est plus archaïque au sein d’une catégorie où la turbocompression et l’hybridation sont désormais bien implantées, elle confère au moins au Frontier une belle sonorité et un comportement plus serein à vitesse d’autoroute. La puissance de 310 chevaux est également adéquate et le couple, bien qu’inférieur à celui de certains concurrents avec 281 lb-pi à 4 400 tr/min, fait sentir sa présence lorsque le pied droit en redemande, lors d’une reprise sur les voies rapides par exemple.

Photo: Vincent Aubé

Précisons tout de même que le Frontier Hardbody n’est pas l’option suprême de la gamme pour les amateurs de conduite hors route. En effet, la version Pro-4X est clairement celle qu’il faut viser. D'abord parce que ses amortisseurs Bilstein sont conçus pour ce genre de conduite, mais aussi par qu’il y a plus de protection sous le véhicule, sans oublier le différentiel à glissement limité électronique au deuxième essieu, absent du Hardbody.

Le châssis, quant à lui, est le même que celui instauré au milieu des années 2000. Des ajustements ont été apportés à la suspension, mais ceux-ci n’ont pas vraiment réussi à masquer les origines plus anciennes du véhicule. À vide, le Frontier Hardbody se montre sautillant sur les routes usées de la Belle Province. Toutefois, ce brasse-camarade confirme que le Frontier repose sur du solide. C’est vraiment cette impression qui ressort le plus après une balade au volant du Frontier.

Et à l’intérieur ?

Que vous aimiez ou non le design, le Frontier est quand même plus attrayant que son prédécesseur avec ses feux aux DEL et ses ailes bombées. Dans l'habitacle, les mauvaises langues diront que le poste de pilotage manque de surface tactile et de commandes dernier cri, mais cette ergonomie « à l’ancienne » a au moins l’avantage de conserver plusieurs boutons sous l’écran central. On y retrouve donc les commandes de la climatisation, du volant et les sièges chauffants, une molette pour la sélection du type de motricité, tandis qu’un bon vieux levier de vitesses est installé du côté gauche de la console centrale. À bord de cette variante Hardbody, moins cossue que le niveau Pro-4X, il n’y a même pas de pavé de recharge sans fil pour votre appareil intelligent.

Photo: Vincent Aubé

Et l’écran peine à suivre l’offre numérique observée chez les autres camionnettes intermédiaires, du moins pour 2024, car la refonte partielle de 2025 a corrigé cette lacune avec un écran élargi et désormais compatible aux applications sans fil d’Apple CarPlay et Android Auto.

Le Frontier Hardbody est exclusivement disponible avec une cabine d’équipe, ce qui facilite l’entrée à bord des passagers. Le volume intérieur est toutefois inférieur à celui d’un modèle pleine grandeur. Et si les sièges de la première rangée sont confortables, on ne peut pas en dire autant de la banquette arrière, le dossier étant très vertical.

Photo: Vincent Aubé

Une seule année ?

À la question « la mode rétro a-t-elle sa place dans les camionnettes ? », il semble que la réponse soit « pas vraiment ». Non pas que cette tentative de Nissan de raviver les passions d’une époque révolue soit manquée, mais bien parce que cette édition spéciale n’est pas de retour en 2025. Le contenant est fort intéressant, mais le contenu un peu plus vieillot le relègue déjà en fin de peloton.

Et ce n’est pas nécessairement à cause de son ambiance intérieure, mais plutôt un ensemble de facteurs qui nuisent à l’éclosion de ce Nissan Frontier. Est-ce que l’année-modèle 2025 suffira à redresser la barre ? Il est permis, malheureusement, d’en douter, surtout à un prix de départ de 46 998 $ pour le Frontier (SV) le plus accessible.

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