Voitures électriques de fabrication chinoise : peut-être…

Attention! Avec ce titre, ne supposez pas que BYD (manufacturier automobile chinois souhaitant percer notre marché) pourrait bientôt vendre des véhicules au Canada. Il n’en est pas question. Toutefois, cette date fatidique du 1er octobre 2024 où la taxe canadienne de 100% a été exigée auprès des manufacturiers de véhicules électriques de fabrication chinoise, aura bousillé les plans de certains joueurs pourtant bien établis.

C’était notamment le cas pour Tesla qui fabriquait en Chine une Model 3 nous étant destinée, ou encore de Volvo, qui a importé à peine quelques centaines de EX30 avant la mise en vigueur de la loi. Sans oublier Polestar qui, avec sa berline Polestar 2, connaît un bon succès au Québec. Une voiture que l’on a volontairement surproduite jusqu’au 30 septembre afin de suffire à la demande jusqu’en mi-année 2025, sachant que, par la suite, il ne serait plus possible de continuer à l’offrir sur le marché canadien.

Photo: Polestar

Cette berline, qui aurait dû être commercialisée pendant encore deux ans et qui aurait été repositionnée dans la gamme suite à l’arrivée de la Polestar 4 (fin 2025), pourrait donc disparaître du catalogue du constructeur plus vite que prévu. Toutefois, il semble que les instances gouvernementales seraient actuellement en pourparlers avec des manufacturiers, incluant Polestar, dans l’optique d’offrir un délai de grâce sous certaines conditions. Bref, un accord qui permettrait aux constructeurs durement touchés par cette nouvelle réglementation de prolonger - pour une période indéterminée - la commercialisation de leurs produits assemblés en Chine.

Chez Polestar, les stratèges de la marque avaient jusqu’au 7 novembre pour déposer leur requête en défendant leur point. On peut penser qu’il en est de même pour d’autres joueurs, incluant BMW, qui avait pour plan de nous offrir une Mini électrique de fabrication chinoise dès cet automne. Or, on peut aussi imaginer que si le gouvernement fédéral accorde un délai à ces manufacturiers, de très strictes règles et conditions seraient établies. Est-ce que la voiture était déjà commercialisée au pays au moment de la mise en application de la loi? Est-ce que les produits concernés touchent sévèrement le bilan financier du manufacturier? Est-ce que la production du véhicule peut facilement être rapatriée vers une autre usine? Quelle sera la durée de vie restante du produit advenant l’approbation d’un délai de grâce?

Chose certaine, si le Canada accorde un passe-droit à quelques manufacturiers, même s’il ne s’agit que pour une courte période, le pays ouvrira une boîte de Pandore en prouvant que les règles sont un peu malléables... Voilà qui fera rager davantage BYD qui fait pour l’instant des affaires en or en Europe, où l’impact de leur arrivée se fait sentir auprès de plusieurs grands manufacturiers. En particulier, Volkswagen, qui affiche actuellement un bilan catastrophique au point de devoir mettre la clé dans certaines usines du côté de l’Allemagne.

Photo: Antoine Joubert

Évidemment, si BMW, Polestar, Tesla et Volvo se voyaient accorder la moindre exemption, cela signifierait aussi une possible surproduction temporaire de certains modèles qu’ils vendraient par la suite à des prix plus agressifs. Parce que si des industriels choisissent la Chine pour l’assemblage de leurs véhicules, c’est une simple question de sous. Une voiture assemblée en Chine et acheminée par bateau jusqu’au Canada coûte moins cher qu’une voiture fabriquée aux États-Unis et transportée par train ou par camion, sur quelques milliers de kilomètres tout au plus. Bien sûr, l’impact écologique du transport d’un véhicule depuis l’autre bout de la planète n’est aucunement calculé dans ces équations, ce qui est encore plus ironique lorsque l’on sait qu’il est ici question de véhicules électriques...

Quoi que l’on en dise, il est indéniable qu’un délai de grâce permettrait aux manufacturiers « malchanceux » dans cette affaire de mieux braver la tempête, pour ensuite rapatrier de futures productions là où la taxe d’importation au Canada comme aux États-Unis ne s’applique pas, ou ne risque pas de l’être dans un futur rapproché. Autre élément d’importance : le changement de gouvernement au pays de l’Oncle Sam, et la volonté de M. Trump de surtaxer des véhicules qui seraient assemblés au Mexique. 

À voir aussi : Antoine Joubert évoque la taxe sur les produits chinois

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