Vente de véhicules électriques : Québec aurait deux ans d’avance sur son objectif
Québec atteint son objectif d’électrification des transports deux ans plus tôt que prévu: les ventes de véhicules zéro émission neufs représentaient 34% des ventes totales lors du troisième trimestre. Les experts craignent toutefois un ralentissement après la disparition de la subvention Roulez vert.
Il s’agit de données préliminaires, mais notre Bureau parlementaire a appris qu’environ 34% des engins neufs vendus étaient électriques ou hybrides rechargeables du 1er juillet au 30 septembre 2024.
- À lire aussi: GM a vendu 300 000 véhicules électriques aux États-Unis depuis 2016
- À lire aussi: Pleins crédits pour véhicules électriques : il ne reste que deux mois
Statistique Canada devrait dévoiler prochainement les chiffres officiels. Déjà, le trimestre antérieur avait révélé des ventes record de 28,4% et près de 34 000 véhicules électriques vendus en trois mois.
Ainsi, les ventes au Québec ont explosé au point de dépasser les objectifs prévus au calendrier du gouvernement Legault. Dans son plan, Québec visait de tels pourcentages seulement en 2026. « On est deux ans d’avance », a signalé une source près du dossier.
Selon les sondages, entre 46% et 54% des gens sont en désaccord avec l’interdiction de la vente de véhicules neufs à essence à compter de 2035. Le Parti conservateur d’Éric Duhaime mène d’ailleurs la campagne de contestation: « Mon char, mon choix ».
Le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, a soutenu la semaine dernière que les données allaient prouver que « l’appétit » des Québécois pour les véhicules électriques était en croissance.
« On a des chiffres qu’on va révéler pour le dernier trimestre qui démontre qu’au contraire l’appétit pour les véhicules québécois est plus fort que jamais », avait plaidé le ministre.
Fin de la subvention
Plus les ventes augmentent, plus le gouvernement doit décaisser les subventions provenant de son programme Roulez vert. D’ici la fin du programme en 2027, Québec a budgété environ 780 M$.
Or, à ce rythme, le gouvernement pourrait presque vider sa cagnotte cette année.
En ajoutant la subvention du gouvernement fédéral, les consommateurs obtiennent un rabais de 12 000 $ sur un véhicule neuf 100% électrique. Alors que le coût moyen d’un véhicule à essence avoisine les 90 000 $.
Toutefois, dès le mois de janvier 2025, Québec fera passer sa subvention de 7000 $ à 4000 $, puis à 2000 $ en 2026. Elle disparaîtra ensuite.
Ralentissement à venir?
Le directeur général de l’Association des véhicules électriques du Québec, Sébastien Raîche, estime que les ventes du dernier trimestre sont une bonne nouvelle. Il soutient cependant que la hausse actuelle est due à la fin de la subvention à venir. Il craint ensuite un ralentissement.
« C’est sûr qu’il y a un effet. À chaque annonce d’augmentation ou de diminution des subventions, on a vu les ventes augmenter et par la suite diminuer progressivement », a-t-il noté, soutenant que la chute des taux d’intérêt devait aussi être prise en compte.
Selon l’organisation, il est donc trop tôt pour mettre fin aux subventions, l’absence de véhicule abordable nuira au marché. « C’est rare que le prix des véhicules baisse », dit-il.
La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec évoque aussi un « phénomène d’enflure », parce que les gens savent que le programme se termine.
« C’est l’hypothèse, un effet dû à l’échéance », a affirmé le directeur des affaires publiques Charles Robert.
Évolution du pourcentage de vente de véhicules électriques au Québec
2018 : 2,8%
2019 : 4,6%
2020 : 5,6%
2021: 7,2%
2022 : 10,07%
2023 : 16,2%
2024 : Pourrait dépasser les 30% (chiffres préliminaires)
Nombre de véhicules électriques au Québec au 9 sept 2024 : 298 848 véhicules immatriculés
(Sources : Statistique Canada, Association des véhicules électriques du Québec et sources)