Jaguar F-TYPE - Tournée d’adieu

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2024

La F-Type a fait souffler un vent de fraîcheur sur la gamme Jaguar à ses débuts, il y a dix ans déjà. Sculptée par le génial Ian Callum et son équipe, cette héritière directe de la sublime E-Type des années 60 n’a pas pris une ride depuis. Et cela vaut aussi pour ses performances et son comportement. À la veille de son avenir tout électrique, Jaguar souligne avec brio le dernier tour de piste de cette grande sportive encore pleine de cœur et de charme.

À première vue, on croirait que la F-Type n’a pas changé d’un iota en plus d’une décennie. Sa partie avant a pourtant été redessinée, en 2021, pour profiter de l’adoption de phares à DEL beaucoup plus minces. Ses blocs optiques arrière sont également plus anguleux et sa grille de calandre s’est agrandie. Les F-Type y gagnèrent aussi un écran numérique configurable pour la nacelle du pilote. Ces dernières années, Jaguar a en outre élagué la fiche technique des F-Type. Il y a deux ans, la noble marque britannique a éliminé le V6 compressé de 3 litres, qui était offert depuis ses débuts. Le 4 cylindres turbo de 2 litres, qui s’était ajouté au catalogue en milieu de parcours, et la boîte manuelle ont également disparu.

Jaguar profite de cette éclipse annoncée de sa dernière sportive à moteur thermique pour souligner le 75e anniversaire de ce type de voiture au sein de sa gamme. C’est effectivement en 1948 qu’est apparue la XK120, sa première voiture sport. Trois ans plus tard, la XK120-C, mieux connue sous l’appellation C-Type, remportait les 24 Heures du Mans, rien de moins. Cette pionnière du frein à disque répéta son exploit en 1953. Jaguar allait dominer la grande classique du Mans en 1955, 1956 et 1957, grâce à la D-Type. Après le succès des XK120, XK140 et XK150, Jaguar fit sensation avec sa E-Type au Salon de Genève en 1961. Cette beauté intemporelle, sportive, aussi redoutable qu’abordable, devint la première automobile à être ajoutée à la collection du prestigieux Museum of Modern Art de New York.

Après des XJ-S lourdes et pataudes, les sportives de Jaguar connurent leur renaissance avec la XK8, en 1997, et les XK à structure et carrosserie tout aluminium, en 2006, avant d’être relayées par la F-Type en 2014. Les F-Type 75 que Jaguar nous offre, pour 2024, viennent donc mettre un point final à la riche histoire d’une grande lignée de sportives. On ne peut donc que se réjouir en constatant qu’elle tire sa révérence au sommet de sa forme, sinon de ses formes.

Touches finales

Deux versions de cette série finale sont offertes. Les F-Type 75 sont animées par un V8 de 5 litres compressé de 444 chevaux tandis que celui des F-Type R 75 produit 567 chevaux. Les deux sont couplés à une boîte automatique à 8 rapports et un rouage intégral. Leurs trains roulants ont été soigneusement adaptés en conséquence. Les F-Type R 75 profitent par exemple de pneus plus larges, montés sur des roues au fini noir luisant à dix rayons alors que celles des F-Type 75 en comptent cinq.

Stylistes et designers ont été sollicités autant que les ingénieurs durant l’élaboration de ces coupés et décapotables. Les détails abondent. Une esquisse de leur silhouette est gravée discrètement sur les ailes avant, la console centrale et les seuils en acier inoxydable. La finition de l’habitacle fait également appel aux cuirs et matériaux les plus riches. Jaguar est fière du Vert Giola, exclusif aux F-Type 75, mais nous aimons le noir satiné qui conférait au coupé F-Type R 75 conduit, lors du lancement, une allure délicieusement menaçante.

Lancement mémorable

Sur 500 km de routes fabuleuses, dans les Pyrénées, le coupé F-Type R 75 était en tout point impérial, quel que soit le rythme. Avec des sièges moulants, une position de conduite juste, un V8 au muscle illimité et un aplomb irréprochable, il offre la quintessence du grand tourisme moderne, tout bonnement. Le fait que son rouage intégral transmette habituellement 90% du couple aux roues arrière y est pour beaucoup.

Élégante et svelte, la décapotable F-Type R 75 fut malgré tout une révélation. À son volant, on ne s’ennuie pas une seconde des 123 chevaux en moins. On apprécie plutôt l’agilité que lui procurent ses 72 kilos en moins autant que la finesse et la sensibilité supérieures de sa direction. Il faut convaincre Jaguar de reconduire cette version à roues arrière motrices qui n’est plus au programme actuellement. Quoi qu’il en soit, la sonorité mécanique des deux versions est carrément enivrante, avec des notes délicieusement féroces à moyen régime. On en redemande sans cesse. Heureusement qu’on peut d’ailleurs faire démarrer ces gros V8 en mode silencieux, pour ne pas se brouiller définitivement avec tout le voisinage. Ce sera un souci de moins avec les futures sportives Jaguar à moteurs électriques.

Feu vert

  • Silhouettes classiques
  • Moteurs V8 fabuleux
  • Aplomb imperturbable
  • Cossues et confortables

Feu rouge

  • Certains affichages fades
  • Visibilité moyenne
  • Freinage sec en amorce
  • Bruit de roulement

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