Jaguar F-PACE - Dernier tour en roue libre
Les choses ont pourtant bien commencé pour le F-Pace, premier utilitaire sport de Jaguar, il y a sept ans. Construit sur une nouvelle architecture réussie et dessiné par l’équipe inspirée d’Ian Callum, il devint immédiatement le meilleur vendeur de la marque. Depuis, malgré la popularité croissante des VUS, les retouches pertinentes et l’ajout d’une version de performance, les ventes n’ont cessé de fondre. Qu’à cela ne tienne, trois versions du F-Pace sont disponibles une dernière fois chez nous avant que ne s’amorce l’ère annoncée du tout-électrique pour Jaguar, nouveaux VUS inclus.
Le jugement des chiffres s’avère impitoyable. Les données les plus récentes nous apprennent ainsi qu’il s’est acheté 42,5% moins de F-Pace au Canada l’an dernier, mais que le svelte VUS représente néanmoins 80% des ventes de Jaguar au pays. De quoi s’inquiéter sérieusement pour ce constructeur, dont la gamme entière doit passer à l’électrique pour 2025. Mais ça, c’est une autre histoire.
Du moins cher au plus vert
Jaguar a simplifié l’arbre généalogique du F-Pace pour 2024 en ramenant l’offre à trois versions distinctes, liées aux différents groupes propulseurs que l'on retrouve sous leurs capots. Le plus abordable de ce trio de VUS britanniques est le R‑Dynamic S P250 à moteur 4 cylindres turbocompressé de 2 litres et 246 chevaux. Une mécanique qui le fait passer de 0 à 100 km/h en 9 secondes et de 80 à 120 km/h en 6,9 secondes. Des performances très ordinaires.
Le prix de base actuel du F-Pace R‑Dynamic S P250 est de 67 050 $, une hausse appréciable de plus de 3 000 $ qui n’a rien de surprenant sur le marché actuel. On choisit essentiellement le F-Pace R‑Dynamic S P250 pour profiter de la silhouette attrayante et de la conduite sûre et agréable, sans se ruiner. Ou pas trop. La prochaine marche est occupée par le F‑Pace R‑Dynamic S P400, le seul des trois qui profite d’une hybridation légère. Proposé à 76 400 $, il a fait un bond de quelque 2 000 $ depuis le dernier millésime. Son 6 cylindres en ligne de 3 litres est suralimenté par un turbocompresseur, mais également par un compresseur électrique qui gonfle son couple à bas régime.
Un alternodémarreur récupère en outre l’énergie cinétique sous forme d’électrons au freinage pour les verser aussitôt dans une batterie lithium-ion de 48 volts. Il l’utilise ensuite pour adoucir et faciliter les arrêts et redémarrages du moteur thermique, tout en appuyant l’accélération. La puissance totale du groupe propulseur est de 395 chevaux et la cote de consommation combinée se chiffre à 10,8 L/100 km selon Ressources naturelles Canada. Dommage, quand même, que Jaguar n’ait pas importé le F-Pace P400e hybride rechargeable. Son autonomie électrique a d’ailleurs été augmentée de 20% pour atteindre 65 km (norme WLTP) pour sa dernière année, grâce à une batterie plus costaude de 19,2 kWh.
Les joies du plus fort
La star et l’athlète de la famille F-Pace est toujours le SVR, dont l’arrivée dans la gamme remonte à 2019. Il est toujours animé aussi par un V8 surcompressé de 5 litres à la sonorité rageuse, dont Jaguar a le secret. Le couple abondant et la horde de 543 chevaux que libère ce moteur emmènent les deux tonnes métriques du SVR de 0 à 100 km/h en 4,6 secondes, lui font parcourir le quart de mille en 12,7 secondes, avec une pointe de 183 km/h, et le propulsent de 80 à 120 km/h en 3,3 secondes. Par contre, la distance d’arrêt, en freinage d’urgence à 100 km/h, serait sans doute plus courte que les 39 mètres mesurés si les larges pneus du SVR avaient un indice d’usure nettement moindre que 500. Parce que les freins sont assez puissants, avec leurs disques de 396 mm de diamètre, aux roues avant et arrière. Côté pratique, le SVR peut également tracter 5 300 lb avec une remorque freinée.
Au volant, on apprécie les sièges avant bien sculptés, la bonne visibilité, la position de conduite juste, les grandes manettes d’aluminium derrière le volant pour la boîte automatique à 8 rapports et le sélecteur électronique trapu sur la console. Les affichages au tableau de bord sont clairs, malgré certaines commandes souvent récalcitrantes pendant la conduite.
En dépit de ses qualités certaines, il faut être iconoclaste, adorer conduire ou aimer sérieusement son apparence pour s’offrir un F‑Pace SVR. D’abord parce que son prix de départ actuel s’élève à 103 600 $, faisant un bond de près de 2 200 $. Et ce n’est que le début. Les couleurs les plus spectaculaires (certaines sont vraiment magnifiques) ajoutent présentement 10 600 $ à la facture. Le surplus est même de 13 200 $ pour le Noir ligurien au fini satiné. La note totale pour un F-Pace SVR 2024 avec toutes les options est de 126 169 $. Chose certaine, quels que soient réellement les progrès accomplis par Jaguar en termes de fiabilité, il est sage et prudent de louer plutôt que d’acheter ce bolide. Une précaution qui vaut pour ses frères, également.
Feu vert
- Moteur et performances réjouissants (SVR)
- Sièges avant impeccables (SVR)
- Conduite sûre et agréable
- Coffre bien fini et pratique
Feu rouge
- Plusieurs commandes récalcitrantes
- Système de navigation imprécis
- Performances très banales (P250)
- Son exécrable en mode « mains libres »