VinFast VF 8/VF 9 - Courbe d'apprentissage abrupte
Le VinFast VF 8 est officiellement arrivé au Canada en tant que premier véhicule du constructeur vietnamien à être commercialisé ici. Le VF 9, qui lui ajoute une rangée de sièges supplémentaire, n’est pas loin derrière. Dans le but de pénétrer le marché de manière novatrice, VinFast a conçu un programme de location de batterie, une initiative qui visait à le rendre plus compétitif face à ses rivaux. Or, le manufacturier a décidé d’abandonner temporairement ledit programme au Canada, citant des incertitudes administratives quant au choix des partenaires financiers.
Quoi qu’il en soit, le progrès que VinFast a fait dans la dernière année est épatant. La communauté automobile craint cependant que le constructeur saute des étapes. Le principal défi pour VinFast, c’est d'abord de gagner la confiance des acheteurs potentiels. Et ça, ça passe par le produit, mais cela vient également par le service après-vente. Hélas, la presse automobile a été peu complaisante avec le VF 8 pour ses premiers essais, lui qui a été fortement critiqué notamment pour sa piètre valeur et les performances médiocres de ses divers systèmes d’aide à la conduite. Toutefois, il semblerait que tous les journalistes n’ont pas eu la même expérience à son volant.
Deux motorisations, deux compromis
Vendus en version Plus et Eco, le VF 8 et le VF 9 développent 402 chevaux dans la première et 349 chevaux dans la seconde. Les deux variantes sont armées d’un moteur à l’avant et l’autre à l’arrière qui travaillent en tandem pour offrir le rouage intégral de série. Le compromis sur la puissance est proportionnel à l’autonomie disponible. En effet, le VF 8 Plus promet 425 kilomètres d’autonomie tandis que l’autre réduit la portée à 391 kilomètres. Fait à noter : il existe deux variantes City à autonomie réduite, mais elles sont réservées pour le marché américain et ne traverseront pas la frontière. Les chiffres officiels du volumineux VF 9 n’ont pas été formellement dévoilés au moment d’écrire ces lignes.
Sur le plan de la conduite, on déplore un léger manque de confort, surtout sur les routes accidentées. Autrement, le VF 8 adopte une tenue de route adéquate considérant son poids et son format. Le mode Sport sélectionnable est particulièrement mal calibré, il rend l’accélérateur beaucoup trop nerveux et le comportement du véhicule devient erratique. VinFast a armé son VF 8 d’une multitude de technologies d’aides à la conduite. Certaines sont beaucoup trop intrusives, d’autres sont plus pertinentes. Et les électromobilistes sévères seront déçus de la consommation, car le VF 8 avale 26 kWh/100 km selon les normes de l’EPA. Une consommation très élevée pour un véhicule de ce format. Sur une note plus joyeuse, contrairement à beaucoup de véhicules électriques sur le marché, le VinFast VF 8 affiche une capacité de remorquage intéressante, avec près de 4 000 lb (1 800 kg) pour une remorque munie d’un système de freinage.
Un habitacle convivial, dominé par l’écran central
Il est évident que VinFast s’est fortement inspiré de Tesla pour concevoir l’habitacle de ses premiers modèles. Non seulement au chapitre de ses textures plutôt bon marché, mais également au niveau des commandes. On s’aperçoit rapidement que la majorité des systèmes doivent être contrôlés par l’énorme tablette orientée à l’horizontale dans le tableau de bord, ce qui risque de ne pas plaire à tous. L’interface est complexe, mais tout de même sensée dans ses fonctions essentielles.
Le volume de chargement à l’arrière est quelque peu restreint en configuration normale, avec seulement 376 litres dans le VF 8. En revanche, on peut profiter de 78 litres additionnels dans le coffre avant. Évidemment, le VF 9 dispose de davantage d’espace. Côté recharge, VinFast annonce un passage de 10% à 70% de niveau de charge en 24 minutes sur une borne de niveau 3 (BRCC). La puissance de recharge maximale s'élève à 160 kW, ce qui se situe dans la moyenne de l’industrie.
Avec une seule boutique au Québec, pas de centre de service opérationnel et une réputation inexistante, il est normal à ce stade de se poser des questions sur la valeur réelle d’un produit VinFast. En plus, il faudra évaluer comment ces nouveaux arrivants s’acclimatent à nos hivers en termes de durabilité et de performance. Le constructeur tente de pallier certains manquements avec une garantie générale assez audacieuse de 10 ans/200 000 km et 10 ans/kilométrage illimité sur la batterie. Mais à quoi bon avoir une bonne garantie si l’on ne peut pas encore faire entretenir les véhicules?
La bonne nouvelle pour l’instant, c’est que la majorité de ce que l’on reproche au VF8 peut se régler via des mises à jour infonuagiques à distance (over the air). Et n’oublions pas que des problèmes de finition, des systèmes électriques défectueux et des défauts de fabrication flagrants, ont tous été des maux qui ont tourmenté, il n’y a pas si longtemps de ça, le cheminement d’un certain constructeur américain de véhicules électriques qui bat maintenant des records de vente année après année.
Feu vert
- Bonnes performances sur papier
- Autonomie compétitive
Feu rouge
- Fiabilité incertaine
- Divers systèmes électroniques à recalibrer
- Service après-vente incertain
- Confort de roulement perfectible