Volkswagen Golf - Virtuoses paradoxales

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2024

Il faut certainement saluer le petit groupe d’ingénieurs allemands passionnés qui a inventé la compacte sportive en créant la première GTI, il y a plus de quatre décennies. On doit remercier aussi Volkswagen de continuer à nous offrir les GTI et Golf R les plus récentes, malgré le triste retrait de la Golf ordinaire au profit de pseudo-camions au goût du jour. Il faut même se réjouir du fait que la boîte manuelle soit disponible pour ces deux sportives, seulement en Amérique. Il ne leur manque désormais qu’une interface efficace et des commandes ergonomiques.

Les versions GTI et R appartiennent à la huitième génération de la Golf, élaborée sur l’architecture MQB de Volkswagen. Leur carrosserie est dépourvue de tout appendice spectaculaire. La GTI se distingue de sa sœur par les deux quintettes de phares d’appoint qui sont déployés de part et d’autre de sa calandre. On ne peut pas s’y tromper. La silhouette de la Golf R est particulièrement sage et plutôt anonyme, comme toujours. Sa couleur la plus vive est un bleu métallisé alors que la GTI a droit à un rouge, deux gris, un jaune vif et un argenté en plus du blanc et du noir. Les portières des deux versions se referment avec le boum sourd et net des meilleures allemandes, ce qui rassure et ajoute au plaisir.

Personnalités distinctes

Comme toujours, l’habitacle des deux Golf sportives est confortable, spacieux, bien fini et plein de rangements. Une fois encore, la GTI se démarque avec ses baquets enveloppés de leur traditionnel tissu carreauté en deux tons avec une abondance de surpiqûres rouges. Les sièges de la R, en net contraste, sont platement habillés de cuir noir. Égalité, par contre, pour le volant sport superbe de forme et de texture dans les deux cas. Le tableau de bord des deux versions est moderne, sobre et bien fini. Avantage à la Golf R, cette fois, pour la grande moulure en fibre de carbone (ou simili) qui fait toute la largeur.

Au premier abord, les écrans en mettent plein la vue, littéralement. Celui du conducteur est clair, ses affichages très lisibles et agréables. Les choses sont moins joyeuses sur l’écran central, dont les réactions sont lentes et la logique énigmatique. Pour désactiver l’antidérapage, il faut par exemple passer par le menu « Freins », ce qui n’a rien d’évident. Il faut aussi viser juste pour toucher la bonne icône... Il est pénible, également, de régler la température ou le volume audio avec des touches affleurantes qui ne sont ni précises ni constantes. Que ce soit au volant ou sous l’écran.

En outre, le déverrouillage de la GTI Performance essayée était capricieux, la sélection des postes de radio laborieuse et le commutateur des phares agaçant. Et pourquoi deux étapes, à l’écran, pour activer les sièges chauffants? Bref, ces Golf sont difficiles à vivre, au quotidien. La bourde de VW est de les avoir affligées d’une interface multimédia ahurissante et d’avoir éliminé tout ce qui ressemble à une commande physique. Ou presque.

Leur vraie nature

De toute manière, la force des Golf sportives demeure ce rare amalgame d’agilité, de stabilité et de performance qu’elles offrent, chacune à leur manière. À cet égard, la conduite de la R est nette, sa direction précise et fine comme jamais. En mode Race (course), elle pointe sans hésiter et reste plaquée au sol, sans roulis. On sent bien le transfert de couple vers la roue extérieure arrière qui lui octroie cet équilibre et ce mordant. En piste, elle inspire confiance mais reste avare de sensations, avec une suspension un peu souple et une direction peu tactile.

Dans la GTI, le roulement est ferme et l’aplomb proportionnel. Si elle est loin d’offrir autant de motricité que la R sur la neige, la GTI s’y révèle stable et prévisible. En amorce de virage, le train avant tient bon, et ilsuffit de lever le pied droit pour qu'elle pivote à volonté. Pour le reste, ses outils de conduite sont tout aussi impeccables. Même le minuscule sélecteur de la boîte DSG, sur la console, que l’on place d’ailleurs souvent en mode S parce que les reprises en D sont léthargiques.

Le 4 cylindres turbo de 2 litres et 315 chevaux de la Golf R est nerveux et musclé, avec une sonorité plus aiguë qu’à son habitude en accélération. En modes Race et Drift, ça pétarade allègrement quand on passe les rapports avec les manettes. Le mode Départ canon paraît comme par enchantement, en invoquant le mode Race et en désactivant l’antidérapage (ESC). Pied gauche sur le frein, accélérateur à fond, l’aiguille bondit à 4 000 tr/min et c’est parti pour un sprint vers 100 km/h en 4,28 secondes et un quart de mille avalé en 12,6 secondes. On ne rit plus! En fait, les GTI et Golf R sont un peu paradoxales, avec cette cassure entre des performances solides et un comportement brillant, d’une part, et une ergonomie désastreuse de l’autre. Si on choisit les premiers, il faut accepter de vivre avec la seconde.

Feu vert

  • Excellente tenue de route
  • Performances relevées
  • Rouage intégral performant (R)
  • Habitacle confortable et pratique

Feu rouge

  • Commandes anti-ergonomiques
  • Freinage trop brusque
  • Cogne sec sur les fentes et les bosses (R)
  • Faible disponibilité (R)

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