Nissan Murano - Par lui, avec lui et en lui
Il y a plus de 20 ans, Nissan a modifié le paysage automobile en dévoilant le Murano. On se rappellera que ce modèle a donné naissance, en 2003, à la catégorie des «crossovers» qu'on a finalement rebaptisée «multisegments» au Québec, alors que le mot anglais crossover est encore utilisé en Europe, et particulièrement en France. À l'époque, la mission des véhicules multisegments se résumait à remplacer les fourgonnettes que l'on jugeait monotones à conduire. Deux décennies plus tard, force est d'admettre que les fourgonnettes ont souffert de l'arrivée des multisegments. C'est également le cas de tous les types de voitures (berline, coupé, hayon et familiale) dont les ventes dégringolent.
Il va sans dire que la conception du Murano a contribué à changer le marché automobile à bien des égards en alliant les caractéristiques d'une voiture à hayon à celles d'un véhicule utilitaire sport traditionnel. Cela dit, en quoi la première génération du Murano était-elle si révolutionnaire? D'une part, on a assemblé le Murano sur le châssis monocoque d'une voiture (sa sœur Maxima) au lieu d'utiliser le châssis en échelle d'un camion. Du côté de la mécanique, il a inauguré l'ère des boîtes à variation continue (CVT) en plus d'être l'un des pionniers de la traction intégrale dite intelligente ou adaptative. De plus, le design futuriste de la carrosserie, en 2003, ressemblait à celui d’un véhicule concept avec ses lignes musclées, son hayon tronqué et ses « gros » pneus de 18 pouces. Cette grandeur était hors norme à l'époque parce qu’aucun manufacturier de pneumatique n’avait prévu fabriquer des pneus d’hiver de dimension 235/65R18.
Trois générations plus tard
On conviendra que le Murano est bien né, puisque seulement trois générations se sont succédé en 21 ans. L'introduction du modèle actuel remonte à 2014, il y a 10 ans. Ce cycle représente une éternité dans l'industrie automobile. Même s'il trouve encore son lot d'acheteurs, il a perdu beaucoup de plumes au palmarès des ventes dans la dernière année. Et la quatrième génération se fait attendre. Or, le Murano revient sans changement en 2024. Et ne pensez pas que le modèle Ariya à moteur électrique prendra sa place au sein de la gamme. Les dimensions de ce dernier coïncident plutôt avec celles du Rogue. Somme toute, le Murano est là pour de bon grâce à sa réputation acquise et parce que Nissan a besoin d'un multisegment de taille intermédiaire pour rivaliser, entres autres, avec le Hyundai Santa Fe, le Ford Edge et le Chevrolet Blazer.
Cela dit, la prochaine génération du Murano devrait être assemblée sur la plus récente version de la plate-forme D utilisée par son grand frère le Pathfinder. Pour ce qui est du moteur, on peut supposer qu'un 4 cylindres turbocompressé remplacera le V6 de 3,5 litres. Il faut dire que les performances et la consommation d'essence ne sont plus vraiment en phase avec les meilleurs joueurs de la catégorie. D'autre part, le rendement de la boîte automatique à variation continue n'est pas vraiment reluisant. En plus de souffrir d'un effet d'élasticité marqué, sa fiabilité à long terme est inférieure à la moyenne.
Si vous avez besoin de tracter, le Murano n'est pas le modèle à prioriser. La faible capacité de remorquage du véhicule fait en sorte qu'il ne peut pas tirer une remorque pesant plus de 1500 lb malgré les 260 chevaux de son moteur. Il faut savoir que la norme de la catégorie se situe autour des 3500 lb. Sur ce plan, le Pathfinder fait beaucoup mieux avec une capacité jusqu’à 6000 lb grâce, notamment, à la robustesse de sa boîte automatique à 9 rapports.
Une année de plus...
Avec ses 10 ans bien sonnés, le design extérieur du Murano commence à accuser le poids des ans. À l'intérieur, le design a aussi prix un coup de vieux, avec des lignes qui nous renvoient à la génération précédente des produits Nissan. Certains détails ne peuvent camoufler l'âge avancé du Murano, dont le style archaïque du levier de vitesses et des cadrans de l'instrumentation. La qualité des matériaux pourrait aussi être améliorée. Cependant, nous apprécions toujours la présence des bons vieux boutons servant au fonctionnement de la ventilation et du système audio, lesquels se situent sous l'écran tactile de 8 pouces. Le confort des sièges Zéro Gravité fait aussi partie des points forts du véhicule. Il est possible de rouler longtemps sans fatigue. Enfin, nous avons aussi apprécié la bonne prise en mains du volant.
Le modèle qui a probablement donné l'idée aux grands manufacturiers de se lancer dans la course aux multisegments est le Toyota Highlander en 2001. Par ailleurs, on ne peut passer sous silence que la source de cette inspiration pourrait aussi être la Subaru Outback, en 1995, ou le Subaru Forester en 1998. Quant au Porsche Cayenne, il est peu probable qu'il ai eu un rôle puisque son lancement a coïncidé avec celui du Murano en 2003.
Qu'à cela ne tienne, le premier multisegment de l'histoire reste indubitablement le modèle Eagle d’American Motors, en 1980, avec son rouage 4x4 et sa garde au sol surélevée. Quoi qu'il en soit, le Murano est sans contredit celui qui a donné le coup d'envoi à la vague des multisegments en tout genre que l'on connait aujourd'hui. Sans lui, on a du mal à imaginer quelle tendance aurait emprunté le monde de l'automobile.
Feu vert
- Conduite confortable
- Fiabilité éprouvée du V6
Feu rouge
- Faible capacité de remorquage
- Un seul moteur disponible
- Modèle en fin de vie