Jaguar XF - Dure réalité

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2024

La représentante de la marque anglaise dans le créneau des berlines intermédiaires n’est plus vraiment une menace pour l’hégémonie allemande, elle qui entame sa neuvième année sur cette plateforme. Au fil des saisons, la rivale des Mercedes-Benz Classe E, BMW Série 5 et Audi A6 a perdu des plumes, notamment sous le capot où la grande dame a déjà été offerte avec six ou huit cylindres. Signe des temps, la Jaguar XF n’est plus l’ombre d’elle-même alors qu’une seule option demeure au menu canadien : un moteur 4 cylindres turbo.

Dans les faits, c’est 296 équidés qui prennent place entre les deux roues avant, la berline intermédiaire britannique venant également avec une boîte de vitesses automatique à 8 rapports et un rouage intégral, une particularité presque commune de nos jours. En revanche, cette motricité accrue transforme les déplacements hivernaux en de vulgaires promenades, quelles que soient les conditions.

300 chevaux à votre service

Sous cette jolie robe aérodynamique se cache une mécanique idéale pour les longs trajets où la consommation de carburant est importante. Mais pour les routes de l’arrière-pays, l’ancien V6 suralimenté ou, mieux encore, le moteur 6 cylindres en ligne des récents produits Land Rover, serait tout indiqué pour accrocher un sourire au visage de celui ou celle qui tient le volant. Mais, il n’en est rien! Heureusement, la boîte de vitesses automatique travaille de manière plus transparente.

Si la symphonie en 4 cylindres risque d’en décevoir plus d’un, le châssis de la berline est quant à lui suffisamment rigide pour résister à une journée de conduite dynamique. La direction, sans être aussi précise ou engageante que celle d’une F-Type, en dit assez à son conducteur pour que ce dernier puisse manœuvrer à sa guise, peu importe le type de route qui se dresse devant lui. Même les suspensions se veulent un beau mélange de fermeté et de confort, tandis que le système de freinage se voit récompensé de ne pas devoir composer avec les grosses cylindrées des années antérieures.

Est-ce que la Jaguar XF peut suivre ses rivales germaniques, américaines, nipponnes ou coréennes? Pas tout à fait, l’agrément de conduite qui n’étant pas vraiment la priorité de la seule berline d’origine britannique encore en service sur nos routes. L’absence d’une grosse cylindrée manque cruellement à la XF. Une berline qui paraît « dégriffée » depuis que la haute direction a sabré dans le choix des mécaniques.

Bel habitacle, mais…

Aussitôt assis à l’intérieur, les passagers jettent leur regard sur cette planche de bord simple au possible. Le constructeur a réduit le nombre de boutons physiques il y a quelques années à peine, au profit de cet écran central élargi et incurvé de 11,4 pouces. L’autre moniteur, dissimulé derrière le volant multifonctions, a plutôt une largeur de 12,3 pouces. La première chose qui saute aux yeux, c’est la qualité des graphiques des deux écrans. Cependant, certaines fonctions sont difficiles à trouver et certains sous-menus sèment la confusion.

Et puisqu’il est question de « semer la confusion », les commandes de la climatisation, logées sous l’écran central, sont difficiles à comprendre et demandent un peu d'habitude. Quand une commande toute simple comme celle de changer la température de l’habitacle demande à son utilisateur de quitter la route des yeux, ce n’est jamais bon signe. Le maniement de ce petit levier de vitesses et la forme du volant sont en revanche très convaincants. L’habitacle de la berline se montre quant à lui plus accueillant grâce à des sièges confortables avec beaucoup de support à la première rangée. L’espace réservé aux passagers des deux rangées est également très bon.

La Jaguar XF est une berline qui, malgré un design très réussi, a du mal à cacher son âge. En fait, la division Jaguar semble avoir faire la saut du côté de la propulsion électrique. Pourtant, le multisegment I-Pace est arrivé en 2019, mais depuis ce temps, plus rien. Certes, la priorité de JLR est d’élaborer une gamme de véhicules à vocation utilitaire avant de songer à revenir dans le créneau des berlines. Mais si le constructeur voulait venir jouer les trouble-fêtes au milieu des BMW i5 et Mercedes-Benz EQE pour ne nommer que celles-là, une Jaguar XF à motorisation électrique pourrait potentiellement enlever quelques ventes aux ténors de la catégorie. À condition d’offrir une technologie à la hauteur, ce qui n’est pas simple de nos jours avec l’évolution rapide de la propulsion électrique. Mais, la belle Jaguar XF est encore bien loin de son virage électrique, et pourrait même n’avoir jamais droit à ce privilège. En fait, ça sent déjà la fin pour cette rarissime berline intermédiaire de luxe.

Feu vert

  • Économie de carburant
  • Sièges confortables
  • Graphiques clairs (écran tactile)

Feu rouge

  • Un modèle rare sur nos routes
  • Aucune forme d’électrification
  • En retrait face aux berlines allemandes

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