Porsche Cayman S 2010, c'est beau la vie!
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Ce sont rarement les voitures qui font les accidents, ce sont les humains, disait le sage. Ce sont rarement les voitures qui sont exceptionnelles, ce sont les humains, disait l’autre sage. Des humains peuvent quelquefois faire des voitures exceptionnelles et ce n’est pas par accident, dit l’auteur de ce texte, un sage évidemment…
L’automne dernier, nous avons eu la chance de conduire une Porsche Cayman S. Si nous avons attendu le printemps pour vous parler de cette voiture, ce n’est pas parce qu’elle n’est pas adaptée à l’hiver (à ce sujet, voir l’article de mon confrère Sylvain Raymond http://www.guideautoweb.com/articles/6571/. C’est plutôt parce qu’elle agit sur les humains comme le soleil après des jours de froid…
Il y a seulement une quinzaine d’années, Porsche ne proposait qu’un seul modèle, la 911. Malgré la quintessence que représentait cette voiture, elle ne pouvait assurer la pérennité de la marque allemande. Est apparue en 1997 la Boxster qui, si elle avait été mal acceptée à ses débuts, est rapidement devenue une incontournable dans la catégorie des sportives. Entre un Cayenne hérétique et une Panamera qui l’est quasiment tout autant, Porsche dévoilait, en 2007, ce que plusieurs croyaient être une Boxster coupé, la Cayman. Il n’a pas été long aux amateurs de belles mécaniques pour comprendre que ce biplace, s’il reprenait la plate-forme et plusieurs éléments mécaniques de la Boxster, n’en possédait pas moins sa propre personnalité. Même que la ligne joliment arrondie de son toit et le galbe prononcé de ses hanches la rendent, aux yeux de plusieurs, plus désirable qu’une Boxster qui, avouons-le, commence à vieillir.
Moteur + légèreté = yahou!
On retrouve deux Cayman au catalogue Porsche. Il y a tout d’abord la Cayman de base (!) qui sait quand même y faire en matière de puissance avec son six cylindres à plat (boxer) de 2,9 litres qui développe 265 chevaux et 221 livres-pied de couple. Mais ceux qui aiment les émotions fortes (et qui en ont les moyens!) optent pour la Cayman S, dotée d’un autre six cylindres mais de 3,4 litres qui crache 320 chevaux et 273 livres-pied de couple. Il ne s’agit pas de données extraordinaires mais quand elles se retrouvent dans une voiture de 1375 kilos, elles assurent des performances très relevées! Par exemple, le 0-100 km/h est bouclé en 5,3 secondes tandis que le 80-120 km/h est l’affaire de 5,0 petites secondes, le tout accompagné par une sonorité loin de celle des gros V8 américains mais qui vous caresse le tympan comme il a rarement été caressé. Ce moteur, très moderne, ne carbure pas à la piquette. Il requiert de l’essence à indice d’octane 93 qui peut être remplacé, contre mauvaise fortune bon gré, par un octane 91. Durant notre semaine d’essai, où nous n’avons pas piloté sur une piste de course et où nous avons été sage, trop sage, notre moyenne a été de 11,6 litres/100 km, ce qui est extraordinaire.
La Cayman S permet à ce moteur d’être associé à deux transmission, soit une manuelle à six rapports et une automatique à sept rapports à double embrayage, appelée PDK. Cette boîte, qui équipait notre Cayman S, fait pratiquement l’unanimité surtout pour sa rapidité à changer les rapports. Sur notre voiture d’essai, en mode automatique, elle se montrait parfois un peu lente à réagir sur les rapports inférieurs, surtout à basse vitesse et agissait parfois brusquement. Par contre, en mode manuel, nous n’avons vraiment rien à lui reprocher. Il y a aussi un mode départ canon « launch mode » facile à opérer. Là où cette transmission pèche, c’est au niveau ergonomique. Pour changer les rapports au volant, plutôt que de doter ce dernier de palettes conventionnelles, Porsche a préféré opter pour des boutons qu’on enfonce pour monter les rapports et qu’on tire vers soi pour rétrograder. Les deux boutons sur le volant ayant les mêmes fonctions, le pilote en vient à trouver son propre mode. En passant, un ingénieur de Porsche m’a déjà confié que ce système était beaucoup moins convivial que les traditionnelles palettes derrière le volant mais que les seuls qui s’en plaignaient étaient… des journalistes automobiles! Malgré la sophistication de cette boîte et les excellents chronos qu’elle permet d’obtenir sur une piste, j’ai encore un petit faible pour la manuelle.
Le confort, c’est relatif…
Comme sur toute Porsche qui se respecte (et les Porsche se respectent beaucoup), la direction est un modèle de vivacité et de retour d’information tandis que les freins aux étriers rouge sont hyper puissants. Alors imaginez les Porsche munies d’étriers jaunes (freins en céramique)! Un moteur admirable, une direction délicieuse et des freins magistraux, que demander de mieux? Un châssis impeccable. Ça tombe bien, la Cayman S en possède un! Ce qui lui permet de proposer des suspensions ultra sportives sans être trop dures. Oh, on n’est pas au volant d’une Lincoln, loin de là, mais on pourrait s’attendre à se faire brasser l’anatomie beaucoup plus. La Cayman S est même presque confortable! Ça dépend toujours de la définition qu’on donne au mot confort...
De nos jours, l’électronique est de plus en plus répandue et la Cayman S ne fait pas exception. Notre voiture était dotée du PSM (Porsche Stability Management) qui gère, on s’en doute, le système de stabilité latérale. Ce système analyse constamment la vitesse de la voiture, l’angle du volant, l’accélération latérale (G) et le degré de rotation autour d’un axe vertical. En fait, si ce système sent que la voiture sera bientôt en perdition, il prépare les freins à une intervention. Et si la voiture est en perdition, il freine la roue appropriée et réduit la puissance du moteur. Le PSM, lorsque couplé à la transmission PDK et associé au mode Sport, permet une utilisation sur une piste. À ce moment, le septième rapport devient inopérant. Parmi les autres aides électroniques, on retrouvait le PASM (Porsche Active Suspension Management), activé par le pilote ou qui s’ajuste automatiquement à sa conduite lorsque la PDK est placée en mode Sport.
Vivre avec une vedette
Une voiture sport, c’est bien beau mais il faut vivre avec tous les jours. La Cayman S réussit l’exploit! Certes, la visibilité vers l’arrière n’est pas extraordinaire, les gens souffrant de maux de dos n’arrivent pas à s’extirper de son habitacle (s’ils sont parvenus à y entrer!), les larges pneus 235/35ZR19 à l’avant et 265/35ZR19 à l’arrière suivent fidèlement le moindre cheveu tombé sur la chaussé, les porte-verre artisanaux ne sont pas très efficaces et le tableau de bord de notre voiture laissait entendre quelques craquements lorsque la température descendait le moindrement mais, dans l’ensemble, les qualités dynamiques de la voiture compensent largement pour ces quelques irritants. Heureusement, le rayon de braquage est court malgré la dimension des pneus, les deux coffres (un à l’avant, un à l’arrière) permettent de transporter plus qu’une brosse à dents et la position de conduite parfaite se trouve immédiatement.
Certes, à 75 000$, la Cayman S ne s’adresse pas à tout le monde. Mais il faut aussi savoir reconnaître les aubaines et cette voiture en est quasiment une! D’ailleurs, avec la parité du dollar canadien et du dollar américain, Porsche a revu ses prix à la baisse. L’an dernier, la même voiture coûtait 77 500$. Il faudrait juste que Porsche continue à baisser sa Cayman s de 2 500 dollars par année pendant les 24 prochaines années pour que je puisse m’en offrir une…