Volkswagen ID.Buzz 2025 : la fantaisie automobile existe toujours

Points forts
  • Design fantastique
  • Habitabilité exceptionnelle
  • Aménagement intérieur réussi
Points faibles
  • Prix très élevé
  • Autonomie décevante
  • Poids considérable
Évaluation complète

Avec la quasi-élimination des coupés et cabriolets, des familiales, de même qu’avec la dégringolade des berlines, le monde automobile se dirige vers une uniformité de configuration et de design, sous forme de VUS. Une variation sur un même thème de centaines de modèles qui, à près de 80%, sont vendus en gris, noir ou blanc... Bonjour la fantaisie!

L’époque où les constructeurs osaient est révolue, et Volkswagen, surtout en Amérique du Nord, n’échappe pas à cette règle. L’abandon des Beetle, Eos, Passat, Arteon, et de la vénérable Golf (qu’elle soit hatchback ou familiale), illustre à quel point le constructeur allemand se fond dans la masse avec les Taos, Tiguan, ID.4, Atlas et compagnie. Toutefois, l’ID.Buzz constitue l’exception à la règle. Un projet ambitieux et original, dévoilé au grand public il y a près de huit ans (Salon de Detroit, janvier 2017), et qui peut certainement redorer le blason d’un constructeur proposant une gamme de produits de plus en plus générique. Une gamme non pas inintéressante, puisque les ventes vont bon train. Mais force est d’admettre que l’on pourrait aujourd’hui apposer un emblème Ford, Nissan ou Toyota sur plusieurs des produits de la marque, sans que le public le réalise.

Avec l’ID.Buzz, les choses sont différentes. D’abord, parce qu’on l’identifie instantanément comme un produit Volkswagen, ensuite parce qu’il attire la sympathie de toutes les générations. Des nostalgiques de la belle époque des années soixante ou soixante-dix, hippies ou non, des adeptes de la vanlife, de même que des fanatiques de Filmore (film Les Bagnoles), forcément plus jeunes. Et parce que le design est réalisé dans le même esprit que celui de la New Beetle de 1998 face à l’inspiration de la Coccinelle, l’ID.Buzz fait  sourire les gens. Un phénomène aujourd’hui extrêmement rare, considérant encore une fois l’uniformisation du monde automobile.

À voir : Antoine Joubert découvre le Volskwagen ID. Buzz

Il aura donc fallu près de huit avant que l’ID.Buzz se pointe enfin sur le marché nord-américain. Et pourtant, le feu vert avait été donné pratiquement le jour de son dévoilement. Certes, la pandémie explique en partie ce retard dans l’échéancier, mais comment justifier que l’ID.Buzz roule sa bosse depuis déjà plus de deux ans en Europe? Après tout, n’avait-il pas été dévoilé au pays de l’Oncle Sam?

D’abord, il faut comprendre que la conception du modèle européen, 250 mm plus court que le nôtre, affecte son autonomie, conséquence d’une batterie de plus petite taille. Car oui, il s’agit d’un véhicule tout électrique. La conception d’un modèle à empattement allongé mieux adapté aux besoins et aux mœurs des Nord-Américains allait obliger le constructeur à retourner à la table à dessin, en travaillant pour ne pas dénaturer le charme du prototype initialement dévoilé. Puis, avec ces multiples problèmes d’approvisionnement en pièces, expliquant d’ailleurs la pénurie momentanée de modèles comme l’ID.4, le constructeur faisait face à de nombreux défis.

Les embûches ont donc été très nombreuses pour Volkswagen, qui n’a toutefois pas lancé la serviette. C’est donc en mi-année 2024 que débutait à pas de tortue la production de modèle à empattement allongé, du côté de Hanover en Allemagne. Un endroit où plusieurs véhicules reposant sur la plate-forme MEB de Volkswagen sont assemblés, incluant la nouvelle berline ID.7 qui figure dans les plans pour l’Amérique du Nord, bien que son arrivée soit sérieusement retardée. C’est du moins ce qu’affirme Brittany Cramer, responsable de la planification de produits pour l’ID.Buzz et l’ID.7, chez Volkswagen Canada.

Photo: Antoine Joubert

Une minivan ?

Non, non, non! Volkswagen vous prie de ne pas ainsi qualifier l’ID.Buzz qui, dit-on, ne s’identifie à aucun genre. Voilà qui est d’actualité! Cela étant dit, on comprend que le constructeur ne souhaite pas faire rejaillir le mot « minivan » dans son vocabulaire, ce qui évoquerait la triste histoire de la Routan. Essentiellement, une fourgonnette Chrysler rebaptisée, vendue de 2009 à 2014, et dont le succès pour Volkswagen a été d’une lamentable tristesse. Une conséquence de cette soudaine réduction de prix des modèles Chrysler suite à la crise de l’automobile de 2009, ce que ne pouvait se permettre à l’époque le constructeur allemand, considérant les termes de son contrat avec Cerberus (défunte société mère de Chrysler).

Photo: Volkswagen

Mais voilà, cela fait maintenant dix ans que la Routan n’est plus. Et bien que l’Atlas ait pu depuis répondre aux besoins de nombreuses familles, rien n’avait offert autant d’espace intérieur que cette fourgonnette. Jusqu’à ce qu’arrive l’ID.Buzz, dont le volume habitable est plus généreux que celui de l’actuelle Chrysler Pacifica, bien qu’elle soit plus courte que celle-ci par plus de 200 millimètres.

N’en déplaise aux stratèges de la marque, je considère l’ID.Buzz comme étant une fourgonnette. Un véhicule pouvant accueillir jusqu’à sept occupants, doté de deux portes coulissantes et des mêmes fonctionnalités que les Pacifica, Odyssey, Carnival et Sienna de ce monde. En tenant compte de sa motorisation électrique, qui compte parmi ses nombreuses distinctions.

Photo: Antoine Joubert

La concurrence?

Quelle serait-elle? Difficile à dire, puisque les acheteurs proviennent de partout. On convaincra autant le conducteur d’un Chevrolet Tahoe que celui d’une fourgonnette Chrysler. Sans compter ceux qui n’ont guère besoin d’autant d’espace, mais qui craquent pour son style ou pour ce qu’elle représente. Cela dit, parce qu’il s’agit d’un VÉ  à trois rangées de sièges, on peut penser au Kia EV9 et au futur Hyundai Ioniq 9, qui sera dévoilé au prochain Salon de Los Angeles. Évidemment, dans l’optique où ces véhicules peuvent réaliser le même mandat familial.

Comprenez toutefois que l’ID.Buzz, malgré son aérodynamisme remarquable (CX de 0,29), demeure passablement énergivore. Sans conteste en raison d’un poids à vide de 2 820 kilos, et de sa batterie de 91 kWh pesant à elle seule 558 kg. Ainsi, avec une consommation moyenne oscillant entre 25 et 26 kWh/100 km, l’ID.Buzz ne parvient sur papier qu’à parcourir 377 kilomètres sur une pleine charge (ou 372 avec la version 4Motion, à quatre roues motrices). Des chiffres un brin décevants, bien que Volkswagen affirme pouvoir aisément dépasser les 400 kilomètres dans les meilleures conditions.

Photo: Antoine Joubert

La bonne nouvelle, c’est que la vitesse de charge maximisée à 200 kW permet de réalimenter la batterie de 10 à 80% en moins de 30 minutes, évidemment sur une borne de niveau 3 et dans les meilleures conditions. Autre bonne nouvelle, les modèles destinés au marché canadien sont tous dotés d’une pompe à chaleur réduisant l’impact du froid sur l’autonomie, ce à quoi les Américains n’ont pas droit.

Vivre l’expérience ID.Buzz

Au-delà de ses séduisantes lignes extérieures, l’ID.Buzz nous accueille à son bord avec grande originalité. D’abord, dans un environnement exempt des sempiternelles teintes de gris ou de noir, Volkswagen nous servant au choix un habitacle couleur cognac, marine ou sable blanc. D’innombrables attentions esthétiques incluant plaquettes et surpiqûres contrastantes, boiseries et appliques en aluminium contribuent au charme indéfectible de cet intérieur.

Photo: Antoine Joubert

Le conducteur positionné six pouces plus haut qu’à bord d’un Atlas et bénéficiant d’une incroyable visibilité périphérique ne pourra qu’être enchanté. Dans une certaine mesure, le pare-brise reposant sur deux piliers vitrés précédant l’arceau des portières rappelle un peu la défunte fourgonnette Chevrolet Lumina APV, caractérisée elle aussi par la taille de sa planche de bord et par le fait que le seul nettoyage du pare-brise depuis l’intérieur constituait un sérieux défi! C’est pareil ici, bien que la position de conduite soit plus intéressante et que le sentiment de sécurité soit supérieur.

Se glisser à bord ou sortir du siège conducteur exige un petit exercice d’étirement, qui n’a rien de catastrophique. Sauf si vous êtes de très petite taille. Mais rassurez-vous, il s’agit de la seule véritable lacune ergonomique de cet habitacle, qui donne sinon un accès facile à la rangée médiane et même derrière. D’ailleurs, l’espace intérieur représente un sérieux avantage, qu’importe où vous vous installez. Les sièges centraux se replient et se rabattent en un tournemain, alors que les sièges arrière se replient et se retirent sans grand effort.

Photo: Antoine Joubert

Un plateau surélevé au coffre sous lequel logent deux pochettes de rangement repliables est fixé de façon à ce qu’une fois les sièges rabattus, vous puissiez obtenir un plancher plat. Vous pourrez maximiser l’espace en retirant les sièges, pesant chacun une vingtaine de kilos, mais retenez que la polyvalence de cet habitacle est presque sans égal dans l’industrie.

La planche de bord magnifiquement aménagée, avec un écran central tactile de 12,9 pouces de dernière génération, est d’une grande facilité d’utilisation. Viennent de série une chaîne audio Harmon Kardon à 13 haut-parleurs avec caisson d’extrêmes graves, l’affichage tête haute, des sièges chauffants/ventilés avec fonction de massage, et un éclairage d’ambiance en trente couleurs. En fait, tous les ID.Buzz 2025 destinés au marché canadien et baptisés 1St Edition reçoivent le nec plus ultra en matière d’équipement. Il en sera autrement l’an prochain alors que le fabricant s’attellera, non pas sans quelques particularités, sur les versions américaines que sont les Pro S et Pro S Plus.

Photo: Antoine Joubert

Bref,  les deux seules options à prévoir sont la peinture à deux tons (1 500 $) et le toit panoramique à fonction électrochromique, permettant de réduire la quantité de lumière pénétrant dans l’habitacle. Une option de 2 000 $ qui sera sans doute très populaire. Pour obtenir un rouage intégral, il faudra sélectionner une version 4Motion, laquelle est dotée de deux moteurs électriques pour une puissance de 335 chevaux, réalisant des accélérations plus vives qu’avec la version propulsée (282 chevaux). Volkswagen Canada estime d’ailleurs qu’environ 90% des ventes se réaliseront la première année avec cette configuration, plus pratique avec notre climat.

C’est cool, carrément « buzzant »

Parfois c’est même trippant!  Cet extrait, tiré du thème musical de l’émission Watatatow (pour ceux qui s’en souviennent), ne cessait de me tourner en tête alors que je défilais les kilomètres au volant de l’ID.Buzz. Parce que son « cool factor » est indéniable, au point où il était impossible de s’immobiliser sans attirer les foules. Un arrêt le temps de quelques photos aura d’ailleurs suffi pour que cyclistes, piétons et automobilistes s’en approchent, comme s’ils étaient aimantés. Ces passants étaient émerveillés, curieux de connaître le prix, l’autonomie, la puissance, demandant même parfois de se glisser à bord! Inutile de vous dire que ce genre de réaction face à un nouveau véhicule n’est pas banal. Au cours de ma carrière, seuls les Smart ForTwo et Ford Flex ont suscité autant de réactions, tandis que j’assistais au lancement média de ces deux modèles.

Photo: Antoine Joubert

Encore une fois sous le charme de la position de conduite, l’ID.Buzz m’a plu instantanément. Puissant, stable et facile à conduire, il allait prouver que ses formes inhabituelles ne sont pas un obstacle à son agrément. Bien sûr, l’immense surface vitrée facilite la tâche, mais on s’y sent de suite à l’aise, peu importe les conditions. Il n’y a en fait que le diamètre de braquage qui soit parfois problématique lorsque vient le temps d’effectuer des virages serrés.

Il serait mensonger de prétendre que le poids ne se fait pas sentir, avec pour conséquence de gros soubresauts sur les routes dégradées. Cela, en dépit d’un empattement long de 3 239 mm, pourtant bénéfique à son confort. Quoi qu’il en soit, l’ID.Buzz s’avère confortable et exempt de tout craquement. Il faut par contre anticiper une certaine raideur, par exemple au croisement d’une ligne ferroviaire ou d’un nid-de-poule. Certes, l’hiver, vous pourriez réduire la taille des jantes à 19 pouces (au lieu de 20), histoire de mieux amortir les chocs. Mais vous viendriez gâcher son style, où les jantes assorties jouent un rôle capital.

Photo: Antoine Joubert

Ajoutons au passage que l’ID.Buzz, bien que doté de freins à tambour à l’arrière, freine promptement. Volkswagen estime que cette configuration (disques avant/tambours arrière) est idéale pour ses VÉ, expliquant avec raison que la faible sollicitation des freins arrière engendre sur les véhicules électriques une usure prématurée des disques de frein, surtout chez nous au Québec. La présence de tambours élimine donc ce problème, réduisant ainsi les coûts d’entretien sans nuire à la performance. Il faudra cependant y porter une attention particulière lors d’un remorquage, puisque l’ID.Buzz est équipé d’emblée d’un attache-remorque de Classe II, permettant une capacité maximale de 3 500 lb.

Le défi : perpétuer l’engouement

Il est clair que l’ID.Buzz - disponible pour livraison dès janvier 2025 - aura du succès, malgré une facture colossale, oscillant entre 79 995 $ et 88 995 $, alors qu’ une version 4Motion débute à 85 495 $. Un élément à souligner puisqu’encore une fois, on estime que neuf acheteurs sur dix choisiront cette option. Personnellement, j’en suis moins persuadé, considérant que la version 4Motion n’est livrable qu’en configuration à six passagers, avec sièges capitaine centraux. Un désavantage face au modèle propulsé qui propose une banquette à trois places, plus pratique pour les familles. À ce sujet, Volkswagen mentionne vouloir bientôt réviser cette situation, alors que les Américains peuvent déjà bénéficier de diverses combinaisons.

Non admissible aux crédits gouvernementaux, l’ID.Buzz s’adresse donc à des gens fortunés. À des familles bien nanties, voire à des entreprises, qui le convertiront parfois en véhicule commercial, puisque la déclinaison à cet effet offerte en Europe ne peut traverser les frontières.

Photo: Antoine Joubert

Et pour cause, la taxe de 25% exigée par les Américains pour tout véhicule commercial fabriqué à l’extérieur des États-Unis, ce qui explique d’ailleurs l’abandon des Ford Transit Connect, Ram Promaster City et Mercedes-Benz Metris. Et puisque les décisions des offres canadiennes découlent de celles des Américains, nous nous en voyons privés.

Maintenant, Volkswagen compte élargir son catalogue dès 2026 avec une offre plus diversifiée, incluant des versions à cinq places et des modèles moins luxueux. Cela permettrait de réduire le prix d’entrée, qui serait néanmoins supérieur à 70 000 $. Ainsi, et bien que le produit soit attrayant, le défi du constructeur sera de lui faire passer l’épreuve du temps. Qu’il ne s’agisse pas que d’un feu de paille et que les acheteurs demeurent au rendez-vous, année après année.

Parce qu’il est clair que si on l’adopte en grand nombre, la concurrence suivra. Attendez-vous à ce que Stellantis dévoile d’ici quelques années sa nouvelle fourgonnette électrifiée, qui sera inspirée de modèles d’antan. Qui sait d’ailleurs si l’ID.Buzz ne relancera pas le segment des fourgonnettes, qui stagne depuis longtemps dans l’industrie automobile nord-américaine. Et à ce moment-là, est-ce que le constructeur admettrait l’exploit? Parce que rappelons que l’ID.Buzz n’est PAS, une fourgonnette!

À voir aussi : combien coûte... le Volkswagen ID.Buzz 2025

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