Tesla Cybertruck 2024 : moins abruti qu'il en a l'air

Points forts
  • Performances impressionnantes
  • Maniabilité inégalée pour le format (roues directionnelles arrière)
  • Unique en son genre
Points faibles
  • Qualité d'assemblage aléatoire
  • Habitacle dénué de finition
  • Plusieurs fonctionnalités qui se font attendre
  • Prix élevé
Évaluation complète

Que vous soyez admirateur ou non des produits Tesla et d’Elon Musk, l’apport du constructeur en matière de technologies dans l’industrie automobile est indéniable. La marque innove constamment, et qui dit innovation dit parfois… curiosités!

C’est là que la camionnette Cybertruck entre en scène avec ses angles quasi droits et sa robe en acier inoxydable. Soyons sincères, dans les mois qui ont suivi son dévoilement en 2019, nous doutions sérieusement de la concrétisation éventuelle du projet. Mais voilà que les premiers Cybertruck plaqués « Je me souviens » commencent à sillonner les routes de la Belle Province.

Est-ce que la planète avait besoin d’un monstre électrique de 6 600 livres en acier inoxydable? Peut-être pas. Toutefois, la manœuvre est stratégique pour Tesla. Le créneau de la camionnette pleine grandeur est toujours plus populaire en Amérique du Nord et les parts de marché sont très lucratives pour les constructeurs qui le composent. On peut aussi remettre en question les motivations des acheteurs désireux de se procurer ce qui ressemble à un imposant électroménager à 140 000 $, mais les chiffres commencent déjà à parler : il s’est vendu environ 27 000 unités du Cybertruck à ce jour, selon des chiffres obtenus par la National Highway Transport Safety Administration (NHTSA) aux États-Unis.

Le Guide de l’auto s’est rendu en Californie, terre natale de Tesla, pour faire un premier essai du Cybertruck dans son édition Foundation Series à deux moteurs.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Les feux verts et feux rouges de l’acier inoxydable

Le Cybertruck doit son style carrément singulier au fait que l’acier inoxydable ne se façonne pas aussi bien que la tôle typique qui compose la carrosserie de la majorité des véhicules sur la route. Et ce choix de matériau comporte des avantages, mais également plusieurs inconvénients. Le Cybertruck est plus robuste que ses rivaux, il peut survivre à des coups de massue et même à des tirs balistiques de petit calibre. Puis, on va se le dire, ça donne un look hyper accrocheur.

Or, la science derrière cette armure étincelante a également ses handicaps. Une voiture faite de tôle et d’aluminium agit comme un coussin en se froissant facilement lors d’une collision. L’acier inoxydable du Cybertruck aura tendance à conserver son intégrité, donc le choc sera transféré aux occupants du véhicule et à ceux des autres véhicules impliqués.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Ensuite, il y a les problèmes liés à la corrosion. Non, inoxydable ne rime pas toujours avec « ne rouille pas ». Tesla le souligne bien sur son site internet, la composition « réduit » la corrosion à long terme. En effet, le grade choisi pour le Cybertruck contient un certain magnétisme et, si Tesla garde sa recette secrète, des propriétaires rapportent déjà des problèmes de rouille. Hélas, notre climat hivernal de neige et de gadoue bien assaisonné de sel de déglaçage pourrait bien accélérer la réaction. Et même si tout se passe bien, entretenir les panneaux dans le cadre d’un usage quotidien constitue également un défi en soi…

Performances et maniabilité étonnantes, visibilité quelconque

En tant que chef de file dans la conception de groupes motopropulseurs électriques et de batteries haute capacité, Tesla a mis tout son savoir-faire dans notre véhicule d’essai, un Cybertruck dont les deux moteurs développent une puissance combinée de 600 chevaux et un couple de 525 lb-pi.

Avec ses accélérations convaincantes, le Cybertruck cache très bien ses 6 600 livres en ligne droite. Un poids considérable, certes, mais pas aussi aberrant que celui du GMC Hummer EV, qui dépasse les 9 000 livres!

Photo: Louis-Philippe Dubé

L’une des forces inusitées du Cybertruck est sa manœuvrabilité. Oui, vous avez bien lu, le Cybertruck nous a étonnés dans les virages serrés à basse vitesse, même avec son empattement imposant. Or, il ne pourrait accomplir ce numéro avec autant de brio sans ses roues directionnelles à l’arrière, qui peuvent pivoter jusqu’à 10 degrés.

C’est une bonne chose, parce que malgré les glaces gigantesques qui recouvrent le Cybertruck, la visibilité est carrément nulle à l’intérieur. Le conducteur doit se fier majoritairement au système de caméras, qui fait d’ailleurs l’objet d’un rappel pour le délai avec lequel il diffuse les images sur l’écran central…

À haute vitesse sur une route sinueuse, c’est une autre histoire. La direction électronique de type steer-by-wire, qui est caractérisée par l’absence de lien mécanique entre le volant et les roues, et la suspension pneumatique adaptative semblent également souffrir d’un certain délai par rapport aux actions du conducteur au volant, ce qui donne l’impression que le Cybertruck flotte un peu trop dans les virages.

Au chapitre de la consommation, notre camion a affiché une moyenne de 22 kWh/100 km au terme de notre périple composé d’une variété de types de routes. Cette donnée est tout de même épatante considérant le poids de la bête, son physique et le fait qu’une Tesla Model 3 consomme en moyenne 16 kWh/100 km.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Un intérieur confortable, mais peu chaleureux

Dans l’habitacle, le Cybertruck poursuit la tradition de simplicité de Tesla en étant pratiquement dépourvu de finition. L'écran principal installé en plein centre de la planche de bord se charge de gérer pratiquement toutes les fonctionnalités du véhicule. Il comprend notamment le sélecteur de vitesses numérique qui se trouve au coin supérieur gauche et qui demande au conducteur de glisser de manière verticale une commande pour engager la transmission, ce qui est novateur, mais tout à fait inhabituel et inutilement élaboré.

Autrement, l’interface est identique à celle que vous trouverez dans toutes les Tesla, mis à part le fait que la compagnie a ajouté une application spécifique à la conduite hors route. Même si nous n’avons pas pu tester ce volet, les fonctionnalités déployées par cette application sont bien étoffées. En plus d’incorporer un mode « Baja » pour la conduite à haute vitesse sur sentier, le Cybertruck peut patauger dans 32 pouces d’eau après avoir pressurisé sa batterie et mis son système de ventilation en boucle fermée.

Notons le confort louable de la sellerie, une caractéristique que l’on apprécie fort bien et qui est calquée des autres véhicules du catalogue Tesla. Le volant rectangulaire ne fera certes pas l’unanimité auprès des conducteurs, mais comme mentionné plus haut, la direction assistée des roues directionnelles à l’arrière ne demande jamais au conducteur de faire des manœuvres drastiques avec le volant.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Finalement, notre modèle Foundation Series arborait des insignes gravés au laser à l’extérieur et des emblèmes Foundation dans l’habitacle, mais il était également équipé de série de la capacité d’alimentation de secours résidentielle Powershare et du système de conduite autonome supervisée de Tesla. Hélas, cette dernière fonctionnalité n’était pas encore activée dans notre exemplaire d’essai…

Il faut ajouter que les propriétaires du Cybertruck Foundation reçoivent également un crédit de 3 500 $ pour des accessoires Tesla, dont l’ensemble de pneus d’hiver Goodyear DuraTrac assorti de jantes, un essentiel pour bien chausser le mastodonte angulaire pour la saison froide.

Un essai s’impose

Le Cybertruck est une « bibitte » qui se distingue largement des autres camionnettes. Alors, si l’envie vous prend de conduire quelque chose de différent, il serait judicieux d’en faire l’essai pour déterminer si ce camion convient réellement à vos besoins, soit dans un centre Tesla ou par le biais d’une application de location entre particuliers comme Turo pour un essai à plus long terme. C’est avec ce dernier outil que nous avons effectué notre emprunt. L’expérience s’est très bien déroulée, mis à part le fait que le premier camion réservé soit tombé en panne avant même que nous puissions en prendre possession. Heureusement, Turo a pu nous trouver un autre camion en quelques heures, impeccable cette fois et avec seulement 300 miles (482 kilomètres) au compteur!

Photo: Louis-Philippe Dubé

Avec ses performances de haut niveau, ses 512 kilomètres d’autonomie et ses technologies de pointe, le Cybertruck est une démonstration tous azimuts du savoir-faire technique de Tesla, le tout dans un physique qui détonne. Et avec une facture de départ de 140 865 $ incluant les divers frais de transport et de préparation, son prix aussi détonne! Vivement des versions plus abordables!

À voir aussi : Le Guide de l'auto conduit le Tesla Cybertruck

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