Toyota : un frein à l'électrification?
Allons! N’exagérons rien. L’entreprise japonaise n’en est pas à ce point, commercialisant elle-même un Toyota bZ4x et un Lexus RZ, 100% électriques, et planifiant l’arrivée prochaine d’un bZ3X. Or, il est clair qu’à l’inverse de General Motors, Hyundai ou Volkswagen, l’avenir de Toyota ne semble pas se destiner à l’électrification. Le constructeur est plutôt à fond dans l’hybride.
En y pensant bien, la gamme Toyota (excluant Lexus) compte à elle seule pas moins de 20 familles de modèles. J’entends par « famille », celle de la Corolla qui comporte aussi bien la berline que le hatchback. Et de ce nombre, 18 proposent des déclinaisons hybrides, parfois de façon exclusive. C’est le cas de la nouvelle Camry, de la Prius, et des Crown et Crown Signia, mais aussi des VUS comme le 4Runner et le Land Cruiser. Bref, la technologie est omniprésente chez Toyota, qui conserve ses mécaniques traditionnelles que pour ses sportives GR 86 et GR Supra (exploitant respectivement des mécaniques Subaru et BMW).
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Si Toyota mise fort sur l’hybridation et sur l’hybride rechargeable, c’est parce qu’il s’agit d’un risque calculé. Une technologie qu’il maîtrise à merveille, et pour laquelle il n’y a pas de risque de fluctuation d’intérêt de la part des consommateurs. Depuis 25 ans, Toyota commercialise en Amérique du Nord une technologie qui n’a fait qu’évoluer au rythme de ses gains en popularité.
Qui aurait dit qu’un jour, le 4Runner ne serait qu’exclusivement hybride? Pourtant, Toyota l’avait prédit. D’ailleurs, il y a de cela des lustres que le fabricant affirme vouloir « hybridifier » l’ensemble de sa gamme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le plan est magnifiquement mis à exécution. Maintenant, est-ce que Toyota compte en rester là? Est-ce qu’il ne se contentera que d’améliorer la formule aujourd’hui considérée comme traditionnelle, sans innover? Bien sûr que non!
Il faut évidemment s’attendre à voir disparaître les modèles à essence de la gamme. Par exemple, l’abandon éventuel des moteurs à essence traditionnels de la Corolla, du Highlander… peut-être même du RAV4. Après tout, où est le véritable avantage de se procurer un RAV4 à essence, si ce n’est que pour l’obtenir plus rapidement et à quelques milliers de dollars de moins? On peut aussi imaginer que Toyota multipliera dans les prochaines années les modèles hybrides rechargeables, une technologie qu’il maîtrise efficacement et qu’il identifiera désormais avec l’acronyme PHEV plutôt que Prime pour les modèles 2025.
Cela dit, parce que Toyota est sans contredit le maître d’œuvre de la technologie hybride, l’association avec plusieurs constructeurs désirant en profiter se concrétise cette année. D’abord, avec l’introduction ces jours-ci d’un Mazda CX-50 à motorisation hybride, directement empruntée au Toyota RAV4. Cette nouveauté risque de faire exploser les ventes du CX-50, lesquelles déçoivent depuis son introduction, lui qui est assemblé aux États-Unis dans une usine possédée conjointement avec Toyota, où est aussi fabriquée la Corolla Cross. Outremer, Toyota produit également une Mazda2, en réalité ce n’est qu’une Yaris rebaptisée. Une sous-compacte hybride, que l’on adorerait au Québec mais qui, sur le plan commercial, ne serait pas viable à l’échelle nord-américaine.
Le renvoi d’ascenseur se fait aussi avec le constructeur Subaru (dont Toyota détient 16,5% des parts), responsable du développement technique de la BRZ et donc, de la Toyota GR 86. De ce fait, Subaru bénéficiera bientôt de la technologie hybride de Toyota, cette fois adaptée à la nouvelle génération du Forester, qui verra le jour pour le millésime 2026. Jusqu’ici, Toyota avait aussi servi sa technologie au Crosstrek, qui n’aura été offert que momentanément en version hybride. Le Forester 2026 promet une formule beaucoup plus aboutie et convaincante, qui rivalisera donc avec le plus populaire des produits Toyota, le RAV4.
Attendez-vous ainsi à ce que plusieurs futurs modèles Mazda et Subaru reçoivent à leur tour la technologie hybride provenant de Toyota. De façon spéculative, pensez ainsi à la Mazda3, au CX-30, et à l’Outback, qui connaîtrait sans doute un succès monstre avec une telle motorisation.
Chose certaine, et bien que la firme japonaise doive aussi multiplier ses offres dans le tout électrique, l’ascension de la technologie hybride n’est pas sur le point de plafonner. Cette dernière connaît d’ailleurs un regain de popularité exceptionnel en Europe, où les règles comme les pénalités relatives aux émanations polluantes se resserrent. Ne soyez donc pas étonné de constater aussi l’offre bonifiée de Honda en la matière depuis quelques années!