Porsche 911 Turbo 1978 : aussi tripante qu’intimidante
La première Porsche 911 Turbo, aussi appelée 930, est une des déclinaisons qui a marqué l’histoire. Notre voiture d’essai, qui date de 1978, est la première évolution du modèle. Son moteur de 3,3 litres gagne un échangeur d’air et quelques ajustements pour améliorer les performances, qui culminent à 296 chevaux. À l’extérieur, ses ailes élargies et son gros aileron arrière distinguent la 911 Turbo des modèles atmosphériques contemporains.
Dans l’habitacle, la boîte de vitesses à seulement 4 rapports et le manomètre de pression de turbo intégré dans le compte-tours différencient cette version suralimentée. Au démarrage du moteur, la sonorité est agréable, mais plutôt discrète. L’odeur d’essence persistante à l’échappement nous rappelle que ce modèle est dépourvu de catalyseur. Si l’embrayage se montre souple, la boîte de vitesses demande de la poigne. Le verrouillage des rapports est franc, mais la dureté de la commande et le guidage peu précis demandent de l’habitude.
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Pour vous donner une idée, nous avons passé deux fois la troisième au lieu de la première à un arrêt durant les premières minutes de l’essai! L’aiguille de température d’huile nous indiquant un moteur froid, les premiers kilomètres se déroulent à bas régime pour ne pas brusquer la mécanique. Lorsque l’on conduit à un rythme tranquille, les sensations de conduite rappellent celles d’une 911 SC atmosphérique. Si l’on excepte la commande de boîte rétive et une direction un peu lourde à l’arrêt, la 930 se manie très facilement.
L’amortissement se montre conciliant, et le bruit pas trop envahissant à bord. L’huile moteur enfin à température, nous écrasons l’accélérateur. Plutôt calme jusqu’à 3 000 tr/min, le moteur explose littéralement ensuite et se rue vers la zone rouge. De 3 500 à 6 700 tr/min la poussée est violente et constante. La faible largeur des pneus arrière nous inquiétait un peu (225/50x16), mais la puissance passe bien sur un sol sec.
La voiture, plutôt sous-vireuse quand on ne rentre pas en virage avec du frein, voit en plus sa direction s’alléger fortement lorsque le turbo se met à souffler. Puissante, violente et dépourvue de toute assistance à la conduite, la 911 Turbo régale autant qu’elle intimide son conducteur. Pour aller vite avec cette voiture, il faut freiner tard, garder du frein en entrée de courbe pour charger l’avant, puis réaccélérer le plus fort possible en sortie de virage sans se faire surprendre par l’explosivité du moteur. De notre côté, nous avons préféré jouer la carte de l’humilité…
L’avis de Jacques Duval dans le Guide de l’auto 1978 :
« La Porsche 911 reste, avec son moteur arrière, une voiture qui exige un bon conducteur et qui ne peut pas être mise entre toutes les mains. Cette remarque s’applique encore davantage à la version Turbo qui se veut une synthèse de luxe, de confort et de très hautes performances. En 1978, un moteur de 3,3 litres encore plus puissant et des pneus plus larges commandent un plus grand respect. Bref, c’est un bijou rare et une voiture qui fera époque dans l’histoire de l’automobile. »
Un grand merci à David Charest pour sa confiance et le prêt de sa voiture.