Porsche 911 S 1970 : délicieusement rétro
La 911 S marque le début de la course à la performance chez Porsche. Ce modèle 1970 se démarque par un empattement rallongé, une suspension arrière revue, une direction plus précise et un moteur de 2,2 litres au lieu de 2 litres. Le 6 cylindres à plat, doté d’une injection mécanique, développe 180 chevaux. Esthétiquement, ce modèle conserve l’allure épurée de la première 911, sans les ajouts aérodynamiques rendus nécessaires par l’augmentation graduelle des performances. Les petits pare-chocs métalliques et les touches chromées disséminées un peu partout la replacent aussi dans son époque. Notre modèle d’essai, repeint mais jamais restauré intégralement, affiche un état de conservation exceptionnel.
Au moment de s’asseoir à bord, la souplesse de l’assise surprend. Le volant, non réglable et placé un peu bas, touche vos cuisses si vous conduisez près du volant. Ce dernier offre tout de même une bonne prise en main, avec une vue imprenable sur le grand compte-tours central. La proéminence des ailes avant dans le champ de vision du conducteur fait sourire, la petitesse du seul rétroviseur disponible côté gauche un peu moins. Au démarrage, la progressivité de l’embrayage est adéquate, mais la boîte inversée demande un peu d’habitude. Le premier rapport se situe en bas à gauche, le second en haut à gauche, et ainsi de suite jusqu’en cinquième.
- À lire aussi: Porsche 911 Carrera 2.7 RS 1973 : le mythe tient toutes ses promesses
- À lire aussi: Porsche 911 Sport Classic 2023 : d'hier à aujourd'hui
Facile à apprivoiser au premier abord, la 911 S nous a surpris par sa douceur et le confort de ses suspensions. Au moment d’aborder un passage à niveau, nous avons commencé à ralentir lorsque Denis, propriétaire de l’auto nous a dit « pas besoin de freiner, la suspension est très confortable ». Il est vrai que la qualité d’amortissement de la 911 S est épatante, les trous et les bosses étant gommés très efficacement. Le freinage, s’il n’égale évidemment pas les voitures actuelles, se montre tout de même mordant et puissant. Il devait sans aucun doute être une référence en 1970.
Côté moteur, le 2,2 litres est performant et mélodieux. Coupleux à bas régime, il donne le meilleur de lui-même jusqu’à 6 000 tr/min environ. Au-delà, l’aiguille continue de grimper mais la poussée faiblit. En fin de compte, le principal défaut de la voiture demeure sa transmission. Lente, peu précise et souffrant d’un long débattement au levier, elle impose de décomposer délicatement ses gestes. Vouloir précipiter les choses va se solder par un craquement des pignons qu’il faut éviter de répéter trop souvent. Un bémol qui est largement compensé par le plaisir ressenti derrière le volant de la 911 S.
L’avis de Jacques Duval dans le Guide de l’auto 1971 :
« Même si la voiture n’est pas très grande, l’accès en est facile et les sièges sont d’un confort remarquable. La boîte de vitesses exige une période d’adaptation. Un manque d’habitude occasionne souvent des erreurs, comme un passage de la première à la quatrième. La tenue de route de la Porsche est légendaire. Le conducteur sportif appréciera ce comportement, mais la conduite est un peu délicate sous la pluie. Les freins sont impeccables. Ils arrêtent la voiture sans jamais surchauffer. Nous sommes en présence d’une voiture très sûre, qui est d’un confort et d’une solidité remarquables. »
Un grand merci à Denis Hébert pour sa confiance et le prêt de sa voiture.