Mercedes-Maybach part à la chasse
Maybach la division sélecte et de très grand luxe du constructeur Mercedes-Benz a été relancée en 2002 avec les prestigieuses Maybach 57 et 62. Celles-ci ont été vendues pendant une décennie et construites à l’échelle mondiale à moins de 4 000 unités, faisant d’elles des voitures extrêmement rares. Or, le succès de ces berlines n’aura peut-être pas été aussi retentissant que ce que Mercedes-Benz aurait souhaité, si bien le constructeur a choisi par la suite de corriger le tir pour finalement créer de nouveaux produits à partir de modèles existants.
Aujourd’hui, le catalogue compte ainsi la Mercedes-Maybach de Classe S (avec moteurs à huit ou douze cylindres), le VUS GLS 600 de même que le EQS SUV 680, 100% électrique. Dans le cas de la berline de Classe S, Mercedes-Maybach lui apporte de sérieuses modifications pour davantage d’exclusivité, incluant un empattement allongé de 7 pouces. Les VUS, eux, ne reçoivent que des changements esthétiques (jantes, calandres, garnitures et finition), sans modifications majeures au chapitre de la carrosserie. Des véhicules qui sur le plan de l’image peinent donc à se distinguer des modèles desquels ils découlent, bien que l’on puisse les habiller d’une peinture deux tons plus tape-à-l’œil.
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On constate d’ailleurs depuis l’arrivée de la Classe S en 2022 que Mercedes-Maybach souhaite adopter un style plus distinctif. Avec un déferlement de chrome et des jantes scintillantes, on obtient un cachet ostentatoire et loin d’être discret. Personnellement, ce qui me plaisait des produits Maybach, c’était le fait qu’il s’agissait de véhicules de très grand luxe qui se fondaient davantage dans la masse que les Bentley et Rolls-Royce, d’emblée typiques par leur clinquant.
Au cours des derniers jours, j’ai eu la chance de conduire une Mercedes-Maybach S680 qui, malgré ses allures de limousine, n’attirait pas les regards de la même façon qu’une Rolls-Royce. Or, parce que les ventes des deux marques d’origine britannique se portent bien et qu’il est possible d’aller chercher une part du gâteau, Mercedes-Maybach choisit cette fois une approche plus radicale. C’est vendredi dernier que Mercedes-Maybach dévoilait la première biplace de l’histoire, directement dérivée de la Mercedes-AMG SL 63, mais dont le style est à l’opposé de celui des produits AMG. Calandre chromée, ornement de capot, jantes à rayons multiples, emblèmes illuminés et capot noir ne sont que quelques-unes des particularités de ce roadster. Ce dernier possède aussi un couvercle moulé au-dessus de ce qui, sur une SL traditionnelle, consiste en deux places assises supplémentaires. Un élément éliminé sur celle que l’on nomme la Mercedes-Maybach SL Monogram.
Cette décapotable en met plein la vue avec ses multiples emblèmes Maybach peints par un procédé unique sur son capot, mais aussi sur la toile de toit repliable. Une approche esthétique qui rappelle celle des couturiers comme Louis Vuitton ou Gucci, ce qui devrait certainement plaire à une partie de la clientèle. Celle-ci est beaucoup plus jeune que ce que l’on pourrait imaginer, puisque l’acheteur moyen d’une Mercedes-Maybach est âgé de 41 ans.
Cela comprend bien évidemment la clientèle chinoise nantie qui ne conduit que rarement son véhicule, et qui raffole des produits de la marque. On estime toutefois que le premier marché de la SL Monogram serait celui des États-Unis, où les acheteurs en quête d’un cabriolet de grand luxe et moins sportif que la Mercedes-AMG SL pourraient être nombreux.
Présentée la fin de semaine dernière dans le cadre du Concours d’Élégance de Pebble Beach, cette SL Monogram a fait tourner les têtes. Plusieurs semblent avoir apprécié la nouvelle approche de la marque, qui pourrait donner le ton pour certains produits à venir. Tout laisse croire que cette formule pourrait être la bonne, puisqu’en général, les acheteurs de produits de grand luxe aiment l’image que ceux-ci reflètent, souvent même parfois plus que le produit en lui-même.
Cette nouvelle SL Monogram, qui devrait toucher le sol nord-américain l’été prochain, nous dévoilera par ses ventes quelle direction prendra Mercedes-Maybach dans un futur proche. Un avenir qui pourrait être de plus en plus électrique, puisque le silence de roulement et l’insonorisation de haut niveau font partie de la philosophie Maybach. Cependant, il faudra pour cela que la clientèle morde à l’hameçon. Une partie qui n’est pas gagnée d’avance.