Jaguar X-Type, dans la tourmente

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Malgré le fait que la X-Type soit le modèle le plus populaire chez Jaguar, son avenir à long terme est incertain. Les ventes de ce modèle n’ont jamais atteint les objectifs très ambitieux du constructeur britannique qui fait maintenant partie du portefeuille des marques de Ford. Alors que Volvo, également propriété de Ford, réussit à augmenter ses ventes, c’est tout le contraire qui se produit chez Jaguar. Les ventes de la X-Type ont chuté de plus de 35 pour cent dans les trois premiers mois de 2005 aux États-Unis, entraînant un ralentissement de la production à l’usine de Halewood qui ne fonctionnait parfois que trois jours par semaine durant certaines périodes.

Le modèle actuel de la X-Type est donc appelé à poursuivre sa route sans grands changements jusqu’en 2009, et la haute direction du Premier Automotive Group n’a toujours pas statué sur son éventuelle remplaçante. En effet, Jaguar pourrait la remplacer par un autre modèle du même genre qui n’aurait probablement pas le même nom, ou encore délaisser complètement le créneau des voitures de luxe abordables pour se concentrer sur une production réduite de modèles haut de gamme, ce qui semble être le scénario le plus probable. Il faut dire que la route n’a pas été facile pour le constructeur britannique en prise avec de sérieuses difficultés financières au moment même où la concurrence est devenue nettement plus féroce. La X-Type aura donc un cycle de vie de huit ans, soit deux ans de plus que celui des principaux modèles concurrents qui font par ailleurs l’objet de retouches ponctuelles tant au niveau des carrosseries que des motorisations. Bref, ce n’est pas la joie chez Jaguar qui n’arrive pas à suivre le défilé et le rythme imposé par ses compétiteurs.

À cela, il faut ajouter que les premiers modèles de la X-Type souffraient d’une qualité d’assemblage douteuse, et même si des efforts considérables ont été déployés par la marque pour corriger cette situation, comme en témoigne le remplacement de plus de 1 000 composantes depuis son lancement en 2001, le mal était fait dans l’esprit du public. La X-Type a donc raté son entrée en début de carrière et comme le disent souvent les Américains : « There’s no second chance for first impression ». Les péchés de jeunesse de même que l’avenir incertain du modèle à long terme ont de ce fait une incidence directe sur la valeur de revente de la X-Type que l’on ne peut qualifier que d’aléatoire.

Cela dit, la X-Type actuelle n’est pas dépourvue de qualités et l’ajout il y a deux ans d’un modèle familial a permis de raviver l’intérêt envers cette voiture de luxe à prix plus abordable par une polyvalence accrue et un style plus accrocheur que celui de la simple berline. La réalisation de la familiale a d’ailleurs nécessité la révision complète de la carrosserie qui est entièrement nouvelle à partir du pilier B jusqu’à l’arrière, tout en intégrant plus de 400 nouvelles pièces que l’on ne retrouve évidemment pas sur la berline. Le style est particulièrement réussi et la X-Type familiale parvient à se démarquer de la concurrence sur le plan visuel, non seulement par sa ligne distinctive, mais également par sa partie avant commune avec la berline qui incorpore élégamment les quatre phares épousés par les renflements pratiqués dans le capot.

Sur la familiale, comme sur la berline, l’espace est compté à l’avant en raison de la planche de bord qui est plutôt massive et de la largeur de la console centrale. C’est donc un habitacle intimiste qui accueille conducteur et passager, et c’est un peu le même scénario à l’arrière, quoique le dégagement pour la tête soit plus grand à cet endroit sur la familiale que sur la berline à cause de la ligne surélevée du toit.

Depuis l’abandon du moteur V6 de 2,5 litres l’an dernier, seul le V6 de 3,0 litres se retrouve sous le capot des X-Type. Ce qui est une bonne chose pour ceux qui ont l’habitude de voyager avec armes et bagages, puisque la puissance du 2,5 litres était un peu juste lorsque la voiture était bien chargée. Il faut cependant noter que le moteur de 3,0 litres est plus bruyant que ceux de la concurrence en accélération franche, ce qui n’est pas nécessairement souhaitable compte tenu de la vocation de voiture de luxe abordable de ce modèle. La boîte automatique fait du bon travail et les changements de rapports se font en douceur, mais il faut toutefois composer avec la grille en forme de « J » qui est typique à la marque, mais qui rend le maniement du levier plus délicat en conduite sportive lorsque l’on souhaite contrôler la boîte manuellement. L’atout majeur de la X-Type est sans contredit la traction intégrale qui fait partie de l’équipement de série, et qui assure un comportement routier sûr et prévisible en conduite normale. En conduite sportive cependant, la X-Type ne peut suivre le rythme imposé par les modèles concurrents proposés par BMW et Audi qui sont nettement plus à l’aise dans ce genre de situation. Ces derniers tiennent la dragée haute à la Jaguar dont les suspensions sont calibrées avec des réglages souples afin de rehausser le confort des occupants.

Malgré les progrès réalisés en fiabilité et en qualité d’assemblage, on ne peut que se demander si ce n’est pas trop peu, trop tard pour assurer le succès à long terme de ce modèle dont la vocation première était d’amener une clientèle plus jeune et d’élargir la portée de la marque. Il faudra donc suivre l’évolution de Jaguar au sein du Premier Automotive Group pour voir si la X-Type aura une descendance ou si l’idée d’une Jaguar à prix abordable deviendra chose du passé.

Feu vert

Fiabilité améliorée
Version familiale
Traction intégrale de série
Tenue de route saine

Feu rouge

Valeur de revente aléatoire
Volume intérieur serré
Levier de vitesse boîte automatique
Abandon probable du modèle en 2009

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