Tesla et ses apôtres
La fin de semaine dernière, nous diffusions sur TVA un épisode du Guide de l’auto dans lequel nous faisions l’essai de la Tesla Model 3, un véhicule mis à jour pour 2024 et un incontournable dans le monde des voitures électriques.
Mon collègue Gabriel Gélinas et moi avons été impressionnés par sa qualité de fabrication améliorée, par son comportement routier et par ses innovations techniques. N’oublions pas sa très faible consommation énergétique – une des meilleures de l’industrie – qui explique conséquemment son excellente autonomie. Nous avons aussi applaudi l’excellence du réseau des Superchargeurs de Tesla, rehaussant l’expérience pour les conducteurs.
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Or, comme toute voiture, la Model 3 n’est pas parfaite. Nous avons critiqué notamment le fait qu’elle soit difficile à réparer à la suite d’un impact, que les commandes physiques s’y fassent trop rares et que le constructeur joue au yo-yo avec les prix, déstabilisant l’acheteur et rendant incertaine la valeur de revente du produit. Puis, nous avons glissé quelques mots sur le Cybertruck, dernier-né de la famille, lequel paraît assemblé à la hâte.
Eh bien, il n’en fallait pas plus pour que s’accumulent dans ma boîte de courriels et sur Messenger des dizaines de commentaires désobligeants, en plus de ceux laissés sur YouTube et Facebook, où l’émission est également diffusée. Des individus ont simplement émis des opinions divergentes des nôtres, ce que je respecte, mais d’autres y sont carrément allés d’attaques personnelles.
Des trucs du genre « vous ne connaissez rien, continuez de vendre des chars à gaz » jusqu’à « ça prend un cris*%$ de moron pour ne pas admettre que le Cybertruck est le meilleur pick-up au monde ». Sinon un charmant « va chier l’cave » de la part d’un type dont les quelques photos Facebook se résument à des images de voitures Tesla ou des partages de publications d’Elon Musk. Et puis, dans un français quasi incompréhensible, un internaute a tenu à nous rappeler que Tesla est un mode de vie et qu’il fallait être imbécile pour oser comparer le produit avec quoi que ce soit d’autre.
Sachez qu’au fil du temps, j’ai développé une carapace pour ne pas que ce genre de commentaires m’atteigne personnellement, ce que j’appelle mon « filtre à niaiseries ». En effet, dans ma carrière, il est arrivé que l’on me lance des flèches à la suite de mauvaises critiques. Dans la plupart des cas, celles-ci provenaient de vendeurs insatisfaits qui ne dévoilaient que rarement leurs couleurs. Mais de façon générale, et bien que les discussions s’enflamment très souvent pour des sujets anodins, il est rare que l’on m’insulte pour une simple divergence d’opinion. Sauf lorsqu’il est question de Tesla!
Allez donc savoir de quoi s’abreuvent ceux que je qualifie d’ « apôtres de la secte Tesla », mais je suis dans l’obligation d’admettre que ce seul facteur fait en sorte que j’aurais des réticences à me procurer un véhicule de cette marque. Non pas parce que le produit n’est pas intéressant, puisqu’au contraire, la Model 3 m’a impressionné (ce que n’ont d’ailleurs pas compris ces apôtres!). Or, voudrais-je conduire le même véhicule que ces trop nombreux bien-pensants qui qualifient d’imbéciles et qui attaquent tous ceux dont l’opinion s’éloigne de la leur? Après tout, il n’est ici question que d’une voiture, calmez-vous!
À la lumière de ces commentaires reçus après la diffusion d’un épisode qui était somme toute fort positif, on me donnait l’impression que j’avais attaqué des enfants ou un membre de leur famille. Hallucinant! Pourtant, je ne faisais que souligner l’absence de levier de clignotants, la visibilité moyenne et le coût élevé des pièces de rechange. Mais encore une fois, aux yeux de ces gens, la moindre critique n’a pas sa place.
Soyez-en sûr, je continuerai à faire mon métier avec passion. Et ce ne sont pas les critiques de ces « détenteurs de vérité » qui m’empêcheront de dormir! Cependant, on peut s’interroger sur les raisons qui expliquent cet acharnement et ce manque de respect, qui ne surviennent pratiquement jamais lorsqu’il est question de produits d’autres marques. Comprenez que l’on dépasse ici le côté environnemental ou les allégeances de voitures électriques contre celles à essence. Et il ne s’agit pas d’opinions basées sur des faits ou des études, puisque rien de tout cela n’est rationnel. D’ailleurs, mes collègues pourraient seconder mes propos.
Je suis également convaincu qu’à la suite de la lecture de cette chronique, on me lancera d’autres flèches en me traitant de tous les noms…