L'automobile : une vache à lait

On apprenait la semaine dernière qu’une nouvelle couche de taxation serait ajoutée pour l’automobiliste domicilié dans la grande région de Montréal. Une hausse de 150% de la taxe visant à financer le transport collectif dans le Montréal métropolitain, que l’on applique à l’immatriculation annuelle de chacun des véhicules de promenade. Conséquemment, dès janvier 2025, l’immatriculation passera à 390,32 $. De ce montant, 150 $ sont attribuables à ladite taxe, ce à quoi s’additionnent 30 $ de contribution au transport en commun. C’est donc un total de 180 $ que l’automobiliste débourse pour pallier le manque à gagner des sociétés de transport, de toute évidence mal gérées, mais surtout, largement déficitaires.

Les automobilistes québécois enragent, n’aimant pas être pris pour la vache à lait du gouvernement... Celui-ci collecte déjà des taxes sur l’assurance automobile, sur la vente de pièces et de services, et sur la vente de véhicules... Deux, trois, quatre fois plutôt qu’une, puisque l’automobile est le seul bien usagé taxé chaque fois qu’il est revendu, même entre particuliers. Et puis, il y a la récente taxe de luxe sur les véhicules de plus de 100 000 $, la taxe à la cylindrée pour les plus gros moteurs, et la taxe de luxe à l’immatriculation! N’oublions pas non plus la taxe d’accise sur l’essence, de 10 cents le litre, la taxe québécoise du carburant fixée à 19,2 cents le litre, et la taxe sur l’essence du Grand Montréal de 3 cents, encore une fois remise à l’Autorité régionale de transport métropolitain. Et vous ajouterez bien sûr à ces 32,2 cents par litre, la TPS et la TVQ, pour un total de 37,02 cents le litre.

Photo: Forbes

Les exemples pleuvent sur la quantité d’argent générée par l’automobiliste québécois, qui finance une bonne partie du transport collectif, de même que les pistes cyclables et leur entretien. En fait, la seule contribution à laquelle certains automobilistes ont droit, c’est le crédit pour l’achat de véhicule électrique. Un geste politique qui coûte une fortune, mais qui vise à augmenter la vente de ce type de véhicules. Des véhicules toutefois vendus plus cher, desquels on collecte davantage de taxes, pour ensuite la remettre dans la poche du consommateur qui fait un « effort environnemental » en passant à l’électrification. Parce qu’en y pensant bien, l’acheteur d’un Hyundai Kona Preferred à essence paiera 4 600 $ de taxes suite à son achat. Or, l’acheteur de son équivalent électrique paiera 7 350 $ de taxes, un surplus de 2 750 $ qui permet d’absorber ces généreux crédits offerts aux automobilistes - qui diminueront dès janvier 2025.

Maintenant, si la contribution des automobilistes est à ce point nécessaire pour les gouvernements, pourquoi les cible-t-on aujourd’hui comme les ennemis à abattre? Parce que sans la contribution des automobilistes que l’on peut qualifier d’utilisateurs surpayeurs, je n’ose même pas imaginer à quel point le Québec serait dans le pétrin.

Comme le tabac?

Ainsi, d’un côté on tend la main aux automobilistes en leur demandant de payer toujours plus, alors que de l’autre, on les cible comme de gros méchants pollueurs. Si ça continue, à l’instar des paquets de cigarettes, Québec imposera l’application d’un message sur les carrosseries de chaque véhicule neuf : l’automobile pollue, est néfaste pour l’environnement, l’automobile cause des décès! Voilà le message que l’on tente de véhiculer, refusant de regarder la vérité en face en admettant que l’automobile est nécessaire à l’équilibre économique. D’ailleurs, ne vient-on pas de largement subventionner la construction d’une usine de batteries pour automobile?

Photo: Justin Sullivan/Getty Images/AFP

Alors, bien que la gauche extrême souhaite anéantir à jamais l’automobile ou du moins, le droit à l’individu de la posséder et d’en faire usage, force est d’admettre que l’automobile est nécessaire au financement de ce que ces mêmes gens veulent imposer. Un transport collectif pour tous, pour lequel on ne paierait pratiquement rien. Bonjour les lunettes roses! D’ailleurs, s’il fallait que l’utilisateur du transport en commun paie ce qu’il en coûte réellement, on peut imaginer que l’automobile deviendrait soudainement fort attrayante. Or, avec la multiplication des taxes pour les automobilistes, du coût des assurances qui grimpe en flèche ou des pneus qui ont presque doublé en cinq ans, l’accès à une automobile devient de plus en plus un enjeu. D’autant plus que les petits véhicules abordables se font rares, expliquant pourquoi le prix moyen d’un véhicule vendu au Québec frôle les 60 000 $. À ce propos, considérant qu’il s’est vendu 394 366 véhicules neufs dans la province l’an dernier et qu’on les a taxés en moyenne à hauteur de 8 900 $, cela signifie une collecte de taxes dépassant les 3,5 milliards de dollars. Un montant qui, j’en suis certain, constitue une belle plus-value dans le budget annuel gouvernemental…

À voir : c’est quoi la taxe de luxe?

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