Chevrolet Silverado EV 2024 : deux ans plus tard
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À l’observation des chiffres décrivant le nouveau Silverado EV, certains diront que l’attente en valait la peine. Or, pour un constructeur aussi impliqué dans l’électrification que General Motors, il est pratiquement impensable de lancer une telle camionnette deux ans après l’arrivée du F-150 Lightning de Ford. Deux ans bien sonnés, puisque nous avions publié un article découlant du premier essai du populaire camion électrique de Ford le 11 mai 2022.
Après avoir d’abord été offert sur le marché américain en version WT (Work Truck), le Silverado EV débarque chez nous ces jours-ci. En version WT, mais aussi dans sa déclinaison RST 1ST Edition, qui ne sera écoulée qu’à 500 exemplaires à l’échelle nationale. Un véhicule millésimé 2024, qui sera suivi en 2025 par les moutures LT, Trailboss, RST et fort probablement, High Country.
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Ironiquement, le Silverado EV n’est pas la première camionnette de Chevrolet. En effet, en 1997 et 1998, le fabricant avait commercialisé quelques centaines d’unités de compactes S-10, exclusives au marché californien. Des véhicules expérimentaux, qui n’affichaient que 116 km d’autonomie, et qui exploitaient sans surprises des éléments techniques tirés de la légendaire GM EV1, abandonnée par General Motors.
Riposte de poids
Comme pour le GMC Hummer EV 1ST Edition, Chevrolet a ici mis le paquet en matière de technologie. Un véhicule qui génère 754 chevaux, un couple de 708 lb-pi, et qui abrite une batterie de 205 kWh permettant une autonomie de 708 km. Essentiellement, 193 km de plus que le plus efficace des F-150 Lightning, bien que ce Silverado RST soit doté de roues… de 24 pouces de diamètre! Remarquez, la variante 4WT faisant appel aux mêmes éléments techniques et utilisant des roues de 18 pouces n’a que 16 kilomètres d’autonomie supplémentaire, pour un total de 724.
Chevrolet annonce une capacité de remorquage de 10 000 lb (12 500 lb avec la version 3WT), de même qu’une capacité de charge dans la caisse de 1 500 lb (1 750 lb avec la version 3WT). La déclinaison 3WT - qui fait appel à une batterie de 170 kWh et où la puissance est de 510 chevaux - et a par conséquent un peu moins d’autonomie (632 km), bien que supérieure à la plus efficace des camionnettes Ford. Hélas, tout cela a un prix : le poids. Une masse annoncée à 8 532 lb dans le cas de la 4WT, et que l’on estime ainsi à plus de 8 700 lb avec la RST 1ST Edition. Ainsi, un poids plus élevé que celui du F-150 Lightning, variant déjà de 6 200 à 7 000 lb.
En quoi cette masse est-elle problématique? Eh bien, dites-vous que s’il est cocasse d’en faire mention avec le GMC Hummer EV, considéré comme un jouet, il en va autrement pour un véhicule comme le Silverado, qui sera utilisé sur une base quotidienne par ses utilisateurs et qui sera plus répandu.
Cela se traduira forcément par une usure prématurée de toutes les pièces de soubassement, incluant freins, suspensions et pièces de direction, et surtout du côté des pneus Michelin de taille LT275/50R24, pas nécessairement conçus pour supporter un tel poids. Des montes pneumatiques qui vous coûteront de 3 000 $ à 3 500 $ à remplacer…
Maniable et puissant, mais…
Uniquement revêtu de noir ou de blanc, le Silverado RST 1ST Edition est particulièrement puissant. On l’a d’ailleurs équipé d’un mode WOW (Wide Open Watts) permettant de boucler le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes. Cela dit, après deux ou trois usages de ce mode visant à impressionner le beau-frère, vous le rangerez sans doute au placard. Vous apprécierez cependant la réponse initiale à l’accélération et surtout, les quatre roues directionnelles, avec pour avantage une maniabilité exceptionnelle. En effet, le véhicule affiche un diamètre de braquage à peine supérieur à celui d’une sous-compacte!
Autre technologie intéressante et qui permet de répliquer de belle façon au système AutoPilot du Tesla Cybertruck, le système SuperCruise. Non seulement ce dispositif de conduite semi-autonome fonctionne efficacement, notamment en effectuant par lui-même des changements de voie, mais il peut être utilisé lorsqu’une remorque est arrimée au camion, prenant ses dimensions en considération.
Le conducteur d’un F-150 Lightning sera toutefois déçu par le niveau de confort et surtout, par la qualité d’assemblage et de finition du nouveau Silverado. Un véhicule qui malgré sa suspension pneumatique adaptative, cogne dur sur routes dégradées, conséquence de ses roues de 24 pouces et de son poids. Plusieurs bruits de caisse disgracieux émanent d’ailleurs dans l’habitacle, plus ou moins bien ficelé, et qui revêt des matériaux de qualité ordinaire.
Une vive déception quand on sait qu’il s’agit d’un modèle hyperluxueux et vendu à très fort prix. Heureusement, la technologie intégrée à bord est convaincante. On combine ici un écran de 11 pouces en guise d’instrumentation et un second de 17,7 pouces logé au centre, intégrant Google. Alors non, pas d’Apple CarPlay à bord du Silverado EV, lequel vous sert de série Google Maps, et peut transmettre via différentes fonctions une multitude de commandes depuis votre appareil mobile.
Proposant des sièges confortables (on concède néanmoins l’avantage à ceux du F-150 Lightning), le Silverado EV s’ouvre sur un aménagement intérieur étudié : une ergonomie irréprochable doublée de multiples espaces de rangement, dont une console centrale modulaire, franchement bien pensée. Sachez que l’habitacle tout de noir vêtu est mis en lumière par le toit panoramique entièrement vitré (mais non ouvrant) qui pour l’heure est exclusif à cette version RST 1ST Edition.
Avalanche de possibilités
Au chapitre du volume du coffre avant, le Silverado EV doit là aussi donner l’avantage à Ford, bien qu’il soit de plus de 300 litres. Toutefois, Chevrolet se reprend avec une caisse de 5 pieds 11 pouces pouvant accueillir 1 634 litres. Et puisque le Silverado EV adopte un châssis monocoque et la plate-forme Ultium si chère à GM, il est possible de rabattre à plat la paroi séparant la caisse de l’habitacle, à la façon du défunt Chevrolet Avalanche. Un principe que reprend aussi le Cybertruck de Tesla, mais qui dans ce contexte, permet d’obtenir un plateau pouvant atteindre 10 pieds 10 pouces de longueur. Ajoutons que l’on adopte ici le battant arrière Multiflex avec marchepied repliable intégré.
Avec 350 kW de vitesse de charge, le Silverado EV peut être rapidement ravitaillé. Jusqu’à 160 kilomètres d’autonomie en 10 minutes, et à peine 40 minutes pour une charge de 10 à 80%. Maintenant, encore faut-il pour cela être en mesure de trouver une borne pouvant servir une telle vitesse de charge, ce qui est très rare chez nous.
Il faut donc prévoir le coup, puisque sur une borne de 100 kW du Circuit électrique, vous mettriez par exemple plus de deux heures pour obtenir 80% de charge à partir de 10%. Bref, il est impératif de prévoir ses arrêts de recharge là où les bornes sont les plus efficaces, notamment avec le réseau de Superchargeurs Tesla, auquel Chevrolet adhérera d’ici peu.
Pas de crédits…
Suite à la réduction du prix du F-150 Lightning, les versions à petite batterie de 98 kWh sont admissibles au crédit fédéral de 5 000 $ pour les véhicules électriques. Une situation tout autre pour le Silverado qui, même dans sa version 3WT, n’y a pas droit. Et pour cause, un prix d’entrée à 78 070 $, incluant les frais de transport et préparation, qui passe à 83 870 $ pour la variante 4WT à plus grosse batterie.
Le saut vers la RST 1ST Edition est ensuite si élevé qu’il vous serait possible de vous procurer un Trailblazer bien équipé pour une somme équivalente! À preuve, un surplus de 37 000 $ portant son indécente facture à 120 870 $. Certes, l’autonomie et la puissance y sont. Et pour certains, ces éléments seront suffisants pour les convaincre. Or, il est facile de craindre un vieillissement prématuré du produit de même que des coûts d’entretien élevés.
Est-ce qu’un Silverado LT ou RST avec batterie de 170 kWh serait un choix plus avisé? Probablement. D’autant plus que son autonomie risque de dépasser les 600 km. Et vous pouvez certainement anticiper l’arrivée de tels modèles dès 2025, en espérant que d’ici là on aura resserré les boulons. Car pour le moment, et en dépit de toutes les qualités de ce produit, l’impression d’un travail partiellement inachevé continue de planer.