Toyota Land Cruiser 2024 : le grand retour d'une légende
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En faisant fi du Land Cruiser Serie 70 destiné aux entreprises minières, le Land Cruiser a quitté le sol canadien en fin d’année 1989. La division canadienne avait alors considéré qu’il valait mieux mettre l’emphase sur le 4Runner, et que le marché pour un trop grand VUS était alors symbolique. Pourtant, les Américains l’ont conservé jusqu’en 2021, alors qu’on dévoilait une nouvelle génération de Sequoia. Or, les plans étaient alors déjà dessinés. Toyota préparait le grand retour de ce modèle sous une forme un peu plus compacte que la dernière, s’apparentant alors à celle du Land Cruiser Prado (vendu à l’internationale).
Pour la petite histoire, le Land Cruiser Prado était jusqu’à tout récemment le pendant du Lexus GX chez Toyota. Et devinez quoi? Il en est de même pour cette nouvelle mouture, qui effectue un retour au pays après 25 ans d’absence. Une déclinaison moins bourgeoise du Lexus GX lui aussi récemment renouvelé, mais qui à l’inverse du Land Cruiser 2024, adopte une motorisation à 6 cylindres traditionnelle.
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Soyez-en certains, Toyota jouera la carte de la nostalgie et de l’aventure pour promouvoir son nouveau Land Cruiser. Un produit dont le défi sera de justifier son écart de prix face au 4Runner de nouvelle génération, lequel partage plusieurs de ses éléments techniques, y compris la motorisation et cette plateforme TNGA-F, qu’adopte l’ensemble des camions Toyota sur châssis à échelle.
La plus vaste gamme
Du Corolla Cross jusqu’au Sequoia, Toyota est la marque proposant désormais le plus grand choix en matière d'utilitaires. Pas moins de huit « VUS » sont proposés, incluant la nouvelle Crown Signia qui viendra succéder au Venza, qui tirera bientôt sa révérence. Qui plus est, trois VUS proposent chez Toyota des châssis à échelle, ce qui est là encore plus généreux que n’importe quelle autre marque de camions.
On se demande toutefois où se situe la place du Land Cruiser, qui ne propose que cinq places assises et qui n’est pas nécessairement plus vaste que le nouveau 4Runner, très attendu. Parce que si, aux États-Unis, le nom Land Cruiser résonne comme celui d’un véhicule plus prestigieux, il en va autrement chez nous où l’étiquette demeure à définir.
Assurément, le Land Cruiser de fabrication japonaise propose cette prestance de même qu’une présentation intérieure plus cossue, le distinguant notamment d’un 4Runner qui emprunte son poste de conduite à la camionnette Tacoma. L’espace y est un tantinet plus généreux, mais le consommateur appréciera surtout l’approche plus classique et traditionnelle de ce VUS, qui donne davantage l’impression d’être roi de la jungle lorsqu’on se trouve à son volant.
Baroudeur des bois
Le programme auquel Toyota nous a fait participer ne comptait que peu de conduite sur route. Il a d’ailleurs fallu insister afin de pouvoir le tester sur le bitume, puisque les organisateurs avaient principalement mis l’emphase sur ses aptitudes hors route, pour le moins exceptionnelles. Il faut dire qu’au-delà de sa garde au sol de 8,7 pouces, le Land Cruiser se démarque par des angles d’attaque et de sortie de 32 et de 23 degrés, lui permettant de s’aventurer à peu près n’importe où. Doté de plaques de soubassement, il se démarque également par sa suspension arrière multibras permettant plus d’agilité.
Équipé de série d’un système toutes roues motrices permanent, le Land Cruiser comporte également un différentiel verrouillable, une assistance à la descente en pente ainsi que le « crawl control » permettant de stabiliser la vitesse en montée. Il faut toutefois passer au modèle plus luxueux pour bénéficier du sélecteur multi-terrain permettant aussi le verrouillage du différentiel central. Il est également possible dans ce contexte de désengager la barre stabilisatrice avant de façon à obtenir un plus grand débattement des suspensions. Comme seul handicap, notons les jantes de 20 pouces du modèle Premium, lesquelles impactent négativement les aptitudes hors route.
Évidemment, la forte inclinaison du Land Cruiser en sentier de même que l’efficacité du système toutes roues motrices (aussi doté d’une gamme basse) était particulièrement impressionnant. Et on ne peut qu’imaginer ce à quoi pourrait ressembler une version modifiée avec pneus plus agressifs et suspension rehaussée. À ce propos, attendez-vous à ce que Toyota propose plusieurs accessoires TRD, permettant de repousser encore davantage les limites de ce camion.
Solide comme le roc, le Land Cruiser fait sentir sa grande qualité de construction sur la route. L’impression d’un véhicule qui pourrait durer des décennies est palpable, bien que le comportement n’ait rien de révolutionnaire. Sans surprise, on constate un certain tangage de la carrosserie de même qu’un flou considérable au chapitre de la direction. Et puis, bien que le freinage soit prompt, inutile de vous dire que le transfert de masse est alors très prononcé. Heureusement, le véhicule démontre une bonne stabilité de même qu’un confort exceptionnel, compte tenu de sa conception.
Sur le plan mécanique, l’adoption exclusive d’une motorisation hybride est fort intéressante. Une mécanique similaire à celle retrouvée chez certaines versions de la camionnette Tacoma, soit un quatre cylindres de 2,4 litres turbocompressé oeuvrant de pair avec un moteur électrique, pour une puissance de 326 chevaux. Le couple maximal, se chiffrant à 465 lb-pi et livré des 1 700 tr-min est lui aussi impressionnant. Il élimine en fait toute impression d’un manque de puissance, anhiliant ce sentiment que le véhicule doit effectuer par moment un quelconque effort. Combiné à une boîte automatique à 8 rapports, cette mécanique de choix offre non seulement un muscle exceptionnel, mais permet d’obtenir un rendement énergétique environ 30% inférieur à celui de l’actuel Toyota 4Runner, qui lui concède pas moins de 56 chevaux.
Au final, la consommation avoisine ici les 10 L/100 km. Un résultat on ne peut plus exceptionnel compte tenu du poids, du format et de l’aérodynamisme de ce véhicule. Il faut également ajouter qu’avec un tel couple, les accélérations comme les reprises sont musclées, laissant deviner que le véhicule sera en mesure de remorquer des charges atteignant 6 000 lb, poids maximal annoncé par le constructeur.
Aguichant
Robuste et très aguichant sur le plan du look, le Land Cruiser plaît à coup sûr. La présentation classique de la version de base 1958 avec feux circulaires est réussie, mais le fait de monter en gamme pour bénéficier d’artifices supplémentaires est souhaitable. Sur le plan visuel, la peinture deux tons et la galerie de toit renforcent à eux seuls le caractère du Land Cruiser, qui peut même être livré en version « First Edition », arborant d’immenses garde-boue, un plateau de toit plus massif de même que ces mêmes feux circulaires offerts sur la version 1958.
Le Land Cruiser se distingue également par quelques bonnes idées, tels ces coins de pare-chocs amovibles qui peuvent être remplacés indépendamment du reste du pare-chocs en cas de bris. Également, par une lunette arrière relevable et par ces antibrouillards à DEL pouvant offrir à la sélection d’un pouton, un éclairage blanc ou jaune. Hélas, les jantes manquent cruellement de style. On aurait souhaité par exemple des jantes peintes en blanc, imitant des roues d’acier, ou encore des roues plus distinctives mettant en valeur le style du véhicule.
Optez pour une version 1958 et vous constaterez que le tissu des sièges rappelle directement celui des véhicules Toyota des années 80. Un tissu de qualité, mais d’allure rétro, qui se mélange à merveille avec un poste de conduite très classique, quoique bien aménagé. Hélas, la version 1958 n’est livrée qu’avec un petit écran de 7 pouces, d’allure plutôt bon marché, de même qu’avec un équipement succinct considérant le prix du véhicule. Pour l’acheteur en quête d’un outil ou qui se fiche de l'aspect luxueux d’un véhicule contemporain, cette version pourra convenir.
Mais il est clair que la majorité jettera son dévolu sur le land Cruiser régulier, arborant cuir synthétique, siège du conducteur électrique, écran de 12,3 pouces et toit ouvrant. C’est également dans cette version que débarque le système Multi-Terrain, repoussant d’un cran les capacités hors route. Vient ensuite la version Premium avec cuir véritable, système JBL à 14 haut-parleurs, clé numérique et réfrigérateur dans la console, laquelle propose donc un niveau de luxe façon Lexus. Quant au modèle First Edition, seulement 290 unités sont disponibles pour le marché canadien, proposant tout ce niveau de luxe, mais avec une allure plus baroudeuse, comportant d’ailleurs des pneus plus agressifs et des protecteurs de bas de caisse.
Le choc de la facture
On peut d’ores et déjà miser sur une fiabilité et une robustesse remarquables avec le Land Cruiser. Un véhicule dont le coût de possession sera inférieur à la compétition, bien que celle-ci soit difficile à cerner. Cela dit, attendez-vous à une facture d’assurance indécente, conséquence du fort intérêt des voleurs pour les VUS de la marque. Puis, sachez que pour vous offrir ce VUS, il vous faudra débourser une somme approximative variant de 73 000 $ à 94 000 $, en incluant les frais de transport et de préparation. Une échelle de prix extrêmement élevé, mais que la clientèle saura digérer au fil du temps, constatant fort probablement la faible dépréciation du produit.
Attendez-vous d’ailleurs à ce que le Land Cruiser se fasse rare chez les concessionnaires, conséquence d’un très fort intérêt des Américains, où les ventes sont toujours plus rentables qu’au Canada. En somme, une valeur sûre, un produit d’exception et de grande qualité. Mais il est clair qu’on aurait souhaité un tantinet plus d’audace de la part de Toyota, ne serait-ce qu’en matière de proposition d’équipement et d’habillage. Un souhait qui sera sans aucun doute exaucé avec le futur 4Runner.