Fiat 500e 2024 : faire oublier sa devancière

Points forts
  • Bouille sympathique
  • Comportement routier et confort
  • Maniabilité remarquable
  • Agrément de conduite
Points faibles
  • Visibilité gênée par le rétroviseur central
  • Facture considérable (excluant les subventions)
  • Réputation de fiabilité de la marque
Évaluation complète

Depuis plusieurs années, la division Fiat est sur le respirateur artificiel. Du moins, en Amérique du Nord, où les ventes sont symboliques. Au Canada, seulement 46 Fiat trouvaient preneur en 2023, contre 54 en 2022 et 79 en 2021. Aussi bien l’admettre, aucune promotion n’était faite par Stellantis pour cette marque, délaissée par plusieurs concessionnaires qui ont lancé la serviette pour se concentrer principalement que sur Dodge, Jeep et Ram.

En 2024, seulement 38 concessionnaires Stellantis conservent donc la bannière Fiat, alors qu’on en retrouve 86 sur le territoire du Québec. Et de ce nombre, la plupart se situent dans les grands centres, où la nouvelle Fiat 500e est davantage vouée à un certain succès. Désormais 100% électrique, cette Fiat roule depuis près de quatre ans en Europe, où plus de 185 000 exemplaires ont déjà été écoulés. Et clairement, cette dernière n’avait initialement pas été conçue dans l’optique d’une exportation vers l’Amérique du Nord, considérant de surcroît la piètre réputation de fiabilité qui avait couru à la perte du précédent modèle.

Photo: Antoine Joubert

Ainsi, et en considérant les nombreuses modifications techniques nécessaires à son homologation nord-américaine, pourquoi donc a-t-on choisi d’importer à nouveau la Fiat 500? Parce que pour l’heure, le constructeur n’a toujours aucun véhicule électrique dans son portfolio et parce qu’il coûte très cher à Stellantis de se procurer des crédits carbone leur permettant de poursuivre la vente de véhicules à essence. Alors, ce n’est pas parce qu’on s’est soudainement développé une nouvelle passion pour les sous-compactes ou parce qu’on croit fièrement à l’essor de cette division italienne. Non.

Il y a simplement un besoin criant de véhicules électriques. Remarquez, Stellantis lancera également d’ici la fin de l’année le Jeep Wagoneer S et la Dodge Charger. Mais ces véhicules entreront au compte-gouttes et coûteront assurément deux fois plus cher que la Fiat 500e, l’électrique la moins chère au pays en 2024.

Citadine de cœur

Charmante à souhait, cette Fiat se retrouvera donc aux côtés de véhicules aussi imposants que les Jeep Grand Wagoneer et Ram HD chez les concessionnaires Stellantis. Un drôle de contraste, considérant qu’il s’agit aussi de la plus petite voiture commercialisée au pays. Une voiture d’à peine 3,6 mètres de long, et dont le poids n’est que de 1 342 kilos, bien qu’il s’agisse d’une électrique. À titre de comparaison, un poids équivalent à celui d’une Honda Civic de base, et inférieur de 320 kilos à celui de la désormais défunte Chevrolet Bolt EV.

Photo: Antoine Joubert

Il faut dire que la batterie de la 500e est 35% plus petite que celle de la Bolt EV, expliquant d’ailleurs une autonomie passablement inférieure, annoncée à 227 kilomètres. Certes, un chiffre plus convaincant que celui du Mazda MX-30 ou de la Mini Cooper SE, mais qui pourrait néanmoins freiner plusieurs acheteurs. Remarquez, la grande majorité de celles et ceux qui s’intéresseront à cette citadine ne rouleront guère plus de 50 ou 75 kilomètres par jour. Peut-être exception faite des rôtisseries qui l’adopteront clairement comme véhicule de livraison!

Dotée d’une batterie de 42 kWh, la petite Fiat peut être rechargée jusqu’à une vitesse de 85 kW sur une borne de niveau 3, permettant un ravitaillement à 80% en 35 minutes. Sur une borne de niveau 2, il faut prévoir environ 6 heures pour une recharge complète, ce qui est tout a fait raisonnable. Or, malgré un poids réduit et une puissance de seulement 117 chevaux (87 kW), la consommation énergétique est supérieure à celle de la Chevrolet Bolt EV, estimée à 18,5 kWh/100 km.

Toutefois, notre essai réalisé en conditions idéales nous a permis d’obtenir une moyenne de consommation de 15,8 kWh par 100 km, permettant d’anticiper une autonomie de 265 km. À l’inverse, attendez-vous à ce que cette voiture fasse au mieux 150 kilomètres par grand froid, surtout si elle est utilisée sur l'autoroute. Parce que si la 500e est parfaitement à l’aise en ville, où l’accélération initiale et prompte, il en va autrement sur autoroute où elle est ironiquement handicapée par un très mauvais coefficient aérodynamique de 0,32.

Photo: Antoine Joubert

La Fiat 500e doit donc impérativement être considérée pour une utilisation majoritairement urbaine, bien qu’elle étonne par son confort. Une voiture certes minimaliste, mais bien suspendue et visiblement beaucoup mieux assemblée que sa devancière. Avec pour résultat, une impression de confort supérieure à celle de la Chevrolet Bolt EV, qui pourtant propose un empattement plus long de 280 mm. Maniable à souhait, elle se démarque également par un diamètre de braquage de seulement 9,6 mètres, lui permettant pratiquement de tourner sur elle-même.

Trois modes de conduite sont proposés avec la 500e, et ce sans mode sport. En fait, le mode régulier vous permet de circuler en exploitant le plein potentiel de la voiture, sans toutefois bénéficier de la conduite d’un seul pied, ou à une seule pédale. Voilà la principale distinction avec le mode Range, avec lequel vous pourrez gagner quelques kilomètres d’autonomie, bien qu’il n’y ait aucune donnée du constructeur l’indiquant.

Quant au mode Sherpa, il vous permettra d’optimiser au maximum le rendement énergétique de la voiture, permettant de bonifier considérablement l’autonomie. Toutefois, cela se fait au coût d’une puissance réduite à 77 chevaux, à une vitesse culminant à 80 km/h, et qui élimine aussi la possibilité d’utiliser la climatisation, le dégivrage et les sièges chauffants.

Photo: Antoine Joubert

Avec 162 lb-pi de couple, la Fiat 500e propose des accélérations initiales franches, permettant toujours de facilement tricoter en milieu urbain. Le constructeur indique d’ailleurs que le 0-50 km/h s’effectue en seulement 3,1 secondes, sans toutefois dévoiler le traditionnel 0-100 km/h. Qu’à cela ne tienne, cette petite italienne est fort amusante à conduire, dotée encore une fois d’une direction précise d’une réponse instantanée à l’accélération.

Le conducteur profite également d’une position de conduite nettement plus agréable qu’avec le précédent modèle, qui donnait l’impression d’être juché sur un tabouret. Désormais, le siège est confortable et le dégagement aux épaules est nettement plus généreux. On retrouve également à bord une console avec un accoudoir central améliorant considérablement le confort général.

Photo: Antoine Joubert

Plus spacieuse, mais…

Pouvant accueillir quatre occupants, cette Fiat n’est évidemment pas très accueillante aux places arrière. L’espace accordé dépend directement du positionnement des sièges avant, mais ne peut en tous les cas être considéré comme généreux. Au mieux, les places arrière dépanneront, mais ne serviront pas sur une base régulière. Voilà une des raisons qui explique chez nous l’absence de la déclinaison 3+1 offerte en Europe, laquelle est dotée de petites portes arrière à battant, facilitant l’accès aux places arrière. Pour être homologuée chez nous, Fiat aurait dû en modifier la structure, puisque non conforme pour les tests de collision latérale de la NHTSA (National Highway Traffic Safety Association).

Photo: Antoine Joubert

Joliment conçu, l’habitacle propose sur la version Red (modèle de base) une sellerie de tissu noir matelassé, alors que la déclinaison La Prima propose un cuir synthétique couleur crème du plus bel effet. Dans les deux cas, Fiat propose un poste de conduite où trône au centre un sélecteur de vitesses à bouton-poussoir, un chargeur à induction pour appareil mobile et au sommet, un écran tactile de 10,25 pouces directement emprunté aux Alfa Romeo Tonale et Dodge Hornet.

Irréprochable sur le plan ergonomique, il propose l’ensemble des commodités modernes incluant AppleCarPlay/AndroidAuto sans fil, ainsi que la navigation. En fait, l’équipement à bord est on ne peut plus complet, permettant d’ailleurs de croire que peu de gens jetteront leur dévolu sur la version La Prima, passablement plus coûteuse. Il faut dire qu’en plus du cuir synthétique, celle-ci donne accès à une multitude de dispositifs d’assistance à la conduite et à une chaîne audio JBL à 7 haut-parleurs plus performante.

Photo: Antoine Joubert

Offerte en rouge, en noir ou en blanc, la Fiat 500e Red devrait être la plus populaire des deux. Il faut dire que la version La Prima, qui troque alors le rouge pour un rose cendré et à laquelle s’ajoutent quelques garnitures extérieures chromées, commande un prix supplémentaire de 5 000 $, portant la facture totale à 47 190 $ (transport et de préparation inclus). C’est donc dire que la version Red est offerte à 42 190 $, à laquelle vous retranchez au Québec un montant de 10 437 $ en crédits gouvernementaux applicables, ramenant la facture réelle à 31 753 $ avant taxes.

Une facture qui devient donc très attrayante, mais qui se verra majorée de 10% dès l’an prochain en raison de la réduction du crédit gouvernemental québécois, passant de 7 000 $ à 4 000 $ (taxes incluses). C’est d’ailleurs à partir de 2025 que la Fiat 500e sera distribuée d’un océan à l’autre sur le marché canadien puisque pour 2024, seuls le Québec et la Colombie-Britannique y auront droit. Une stratégie visant à maximiser la disponibilité du modèle chez ces deux provinces où les crédits sont pour l’heure plus généreux.

Photo: Antoine Joubert

Fait intéressant, il semble que certains concessionnaires Stellantis aient eu beaucoup de pression de la part du manufacturier afin qu’ils fassent l’acquisition d’un nombre très élevé d’unités pour 2024. Un nombre tel qu’il inquiète plusieurs de ces propriétaires, sans doute échaudés par la marque et qui ne sont pas habitués à vendre ce type de produit ou du moins, à desservir une clientèle de véhicules électriques.

L’avenir nous dira donc si les Québécois vont répondre à l’appel de Fiat, en mettant de côté la sombre réputation de fiabilité qui la précède. On peut certes se consoler en mentionnant que les moteurs et transmissions qui étaient problématiques sur la précédente génération sont ici remplacés par un groupe motopropulseur électrique, qui ne semble pas problématique du côté de l’Europe pour l'instant. Or, est-ce que les concessionnaires seront enclins à faire face à leurs responsabilités en cas de pépin? Est-ce qu’on saura comment bien réparer et entretenir ces petites bêtes qui n’ont rien à voir avec des Ram Classic? Voilà ma plus grande crainte.

Autrement, la Fiat 500e constitue somme toute une belle surprise. Une sous-compacte sympathique et amusante dans un paysage automobile qui a tout fait pour les éliminer, et qui risque de répondre aux besoins d'une clientèle qui n’avait donc plus rien à se mettre sous la dent.

À voir aussi : Combien coûte... la Fiat 500e 2024?

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