Normes d'émissions des véhicules : les États-Unis avancent et reculent à la fois
Le gouvernement américain a annoncé mercredi avoir finalisé de nouvelles normes sur les émissions polluantes des automobiles, décrites comme les plus strictes jamais adoptées, et ayant pour but d’accélérer le passage aux voitures électriques.
Par rapport au projet de réglementation annoncé l’année dernière, qui a depuis fait l’objet d’une consultation publique, ces normes finales donnent toutefois davantage de temps et de flexibilité aux constructeurs pour atteindre les nouveaux objectifs d’émissions de CO2.
- À lire aussi: Une première pour les véhicules zéro émissions au pays
- À lire aussi: Réduire les émissions de 90 % avec un moteur... à l’ammoniac!
En pleine année électorale, le président Joe Biden a besoin du soutien de l’industrie automobile et de ses employés. Mais il doit également convaincre sur ses promesses climatiques.
« Ces normes de pollution les plus strictes jamais adoptées pour les voitures renforcent le leadership des États-Unis dans la construction de transports propres à l’avenir », a déclaré dans un communiqué Michael Regan, à la tête de l’agence de protection de l’environnement (EPA).
Les nouvelles normes concernent les véhicules légers et moyens construits à partir de 2027 et jusqu’en 2032.
L’administration ne fixe pas un quota précis de véhicules propres à vendre, mais restreint progressivement les émissions moyennes autorisées par an pour les nouveaux véhicules produits par chaque constructeur.
Le seuil limite a été assoupli pour les premières années (2027-2030), mais aboutit en 2032 au même niveau que précédemment envisagé.
À cette date, les normes d’émissions de CO2 représenteront une réduction d’environ 50 % par rapport aux normes pour les voitures de 2026, fait valoir l’EPA.
L’idée était de laisser « davantage de temps » aux constructeurs pour s’adapter au départ, a déclaré un haut responsable américain à des journalistes.
Mais certains défenseurs de l’environnement ont accusé le gouvernement d’avoir cédé à la pression des industriels.
Les nouvelles normes « requièrent moins de réductions d’émissions dans les premières années » par rapport à la proposition initiale, a regretté le Center for Biological Diversity. « Cela enverra de la pollution carbone dans l’atmosphère plus tôt, et fera davantage de dégâts pour le climat. »
Le Natural Resources Defense Council, autre association environnementale a estimé que les mesures allaient « dans la bonne direction ».
Première source d’émissions
Les transports sont actuellement la première source d’émissions de gaz à effet de serre du pays.
Les nouvelles normes doivent permettre d’éviter l’émission de 7,2 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2055, selon l’EPA. Cela représente environ quatre fois les émissions du secteur entier des transports en 2021.
La nouvelle réglementation agit également sur les émissions de particules fines, dangereuses pour la santé.
Elle doit au total apporter un bénéfice net de 99 milliards de dollars par an, selon le gouvernement, dont 13 milliards grâce à des économies de santé (hospitalisations évitées…).
Selon l’EPA, ces nouvelles normes doivent permettre d’accélérer la transition vers des véhicules sans émissions (électriques) ou à faibles émissions (hybrides rechargeables).
Concrètement, il reviendra aux constructeurs de choisir quelles technologies ils adoptent pour réduire leurs émissions. Ils pourront d’ailleurs aussi améliorer l’efficacité des moteurs des voitures à essence, par exemple.
Mais dans la mesure où nombre de constructeurs sont désormais bien engagés dans l’électrification, l’agence mise sur une accélération du mouvement.
« Depuis 2021, les ventes de véhicules électriques ont quadruplé, et les prix continuent à baisser », a fait valoir Ali Zaidi, conseiller de Joe Biden sur le climat. « Nous avançons de plus en plus vite pour affronter la crise climatique », a-t-il assuré.
Depuis le début du mandat de Joe Biden, qui s’est par ailleurs engagé à développer le réseau de bornes de recharge, les entreprises ont annoncé plus de 160 milliards de dollars d’investissements dans la construction de véhicules propres, selon l’EPA.
D’après les calculs de l’agence, d’ici les années 2030, les ventes de véhicules électriques pourraient représenter jusqu’à 56 % des véhicules légers (citadines, berlines, VUS, pickup…).
C’est moins que les 67 % envisagé l’année dernière, l’EPA identifiant désormais davantage de croissance pour les hybrides rechargeables afin d’atteindre les objectifs d’émissions.
En 2023, les voitures électriques ne représentaient encore qu’environ 7,6 % des véhicules écoulés aux États-Unis, selon le cabinet Cox Automotive.
La pente reste donc rude pour les constructeurs, qui se sont félicités de l’allongement des délais décidés par l’EPA: c’était « le bon choix à faire, car cela donne la priorité à des objectifs d’électrification plus raisonnables », a commenté John Bozzella, de l’Alliance for Automotive Innovation.