Croit-on encore à l'hybride rechargeable chez Hyundai?
Avec la récente annonce du gouvernement du Québec qui passe le couperet dans les crédits pour véhicules électrifiés, on peut aisément anticiper un désintérêt progressif des consommateurs envers la chose. Certains demeureront convaincus, d’autres considéreront d’abord leur portefeuille. Pour un véhicule coûtant déjà passablement cher ou n’étant carrément pas admissible aux crédits, l’impact sera de modéré à nul. Toutefois, il en sera autrement pour les véhicules électriques accessibles, particulièrement pour les hybrides rechargeables.
En fait, il est actuellement possible d’obtenir entre 5 000 $ et 10 000 $ des deux paliers de gouvernement (provincial et fédéral), pour l’achat d’un véhicule hybride rechargeable. Au fédéral, les rabais varient en fonction de l’autonomie électrique annoncée et au provincial, en fonction de la taille de la batterie. Voilà pourquoi un Toyota RAV4 Prime est admissible à 10 000 $, contre 7 500 $ pour une Prius Prime pourtant moins gourmande et offrant plus d’autonomie électrique, mais dont la taille de la batterie est inférieure à 15 kWh (ce qui trace la ligne entre 2 500 $ ou 5 000 $ de crédit provincial).
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Chez Ford, en 2023, on pouvait déjà constater un désintérêt à commercialiser l’Escape Plug-In Hybrid, désormais offert en une seule version très luxueuse et vendu à fort prix. Il en va autrement pour Mitsubishi Motors, chez qui 32,2% des ventes au Québec ont été réalisées avec l’Outlander PHEV. On peut donc anticiper un changement de stratégie de la part de ce constructeur qui, à l’inverse de Ford, n’abandonnera pas le créneau à court ou moyen terme.
Rappelons que dès 2025, le crédit provincial pour les véhicules hybrides rechargeables admissibles passera d’un maximum de 5 000 $ à 2 500 $, puis à seulement 1 000 $ en 2026 pour ensuite être éliminé. Sans compter que l’on ne sait encore rien des intentions du fédéral sur les rabais octroyés qui pourraient là aussi diminuer, ce qui pourrait faire très mal à certains constructeurs.
Du côté de Hyundai, il semble toutefois que la technologie hybride rechargeable ne fasse guère partie des plans à moyen et long terme. Selon Michael Ricciuto, directeur des produits et des stratégies corporatives pour Hyundai Auto Canada, cette technologie présente un désavantage au chapitre de la viabilité à long terme.
Parce qu’elle englobe plusieurs types de technologies exigeant énormément d’outillage et de formation pour les concessionnaires, mais aussi parce qu’il s’agit d’une technologie de compromis pour les consommateurs. C’est donc en ce sens que la nouvelle génération du Santa Fe a été développée sans variante hybride rechargeable, qui était pourtant proposée jusqu’en 2023, et qui demeure encore disponible avec le Tucson 2024.
En forte demande chez nous au Québec, cette technologie jusqu’ici embarquée dans le Santa Fe était beaucoup moins convoitée dans le reste du pays. Cela s’explique d’abord par l’admissibilité restreinte aux crédits, augmentant ainsi l’écart de prix face à un modèle hybride habituel. Puis, parce que Hyundai joue de plus en plus la carte de l’électrification avec notamment un produit comme l’Ioniq 5, il est facile de comprendre que plusieurs acheteurs ont choisi de jeter leur dévolu sur de tels modèles.
Ajoutez à cela l’arrivée prochaine d’un Ioniq 7 qui sera essentiellement comparable au récent Kia EV9, et vous avez là l’explication de l’abandon du Santa Fe hybride rechargeable chez Hyundai. Bien que ce soit purement spéculatif, on pourrait supposer que la prochaine mouture du Tucson sera exempte d’une déclinaison hybride rechargeable, Hyundai mettant graduellement l’accent sur l’hybride traditionnel et les véhicules entièrement électriques.
Cette stratégie propre à Hyundai risque d’être également valable chez Kia, les deux constructeurs partageant l’essentiel des technologies. Il reste à voir quelle sera la tactique de Mitsubishi concernant son Outlander PHEV et surtout, de Toyota avec les RAV4 et Prius Prime, lesquels connaissent chez nous un succès monstre. Un succès qui pourrait bien sûr fléchir avec la diminution des crédits, et qui pourrait soudainement expliquer un regain de popularité pour les hybrides traditionnels.
Voilà donc la preuve qu’un constructeur ne peut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Parce qu’en se pliant aux exigences des gouvernements qui jouent au yoyo avec les crédits et qui changent d’idée constamment, les fabricants courent à leur perte. Ainsi, à l’exception de constructeurs comme Polestar, Tesla ou Vinfast, qui ont des modèles d’affaires uniquement axés sur l’électrification, les manufacturiers établis depuis des décennies n’ont d’autres choix que de trouver des solutions à travers des offres multiples. Ce que fait Hyundai, qui continue parallèlement de croire en l’hydrogène.