Dodge Ram 1500 2010, il fait sa loi
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Au milieu des années 90, Dodge présentait un Ram aux lignes spectaculaires qui mettaient en évidence une énorme grille de calandre. Près de deux décennies plus tard, le Ram n’a rien perdu de sa superbe… même qu’il impressionne encore! L’an dernier, Dodge l’a entièrement revu et a profité de sa récente descente aux enfers financiers pour rebaptiser sa division camion du nom de Ram. Dorénavant, plus de Dodge Ram. Nous achetons un Ram ou un Ram Dakota. Pour obtenir un Dodge, il faut se procurer une automobile ou un VUS. D’ailleurs, le site public de Dodge comporte une section différente pour les Ram.
Trève de tergiversations marketing, place à notre essai! Avouons qu’il avait fière allure, notre Ram Laramie 4x4 Quad Cab noir et gris. Ses immenses pneus (P275/60R20) coûteront probablement l’équivalent d’une hypothèque annuelle lorsque viendra le temps de les changer mais ils ajoutent à l’impact visuel. Le modèle Sport 4x2 a même droit à des P285/45R22! Notre Ram ne possédait pas de marchepieds, ce qui est une excellente nouvelle pour les gens devant affronter des sentiers ou des chantiers de construction en mauvais état. En effet, cet accessoire améliore le look et facilite grandement l’accès à la cabine mais il réduit l’angle ventral, si utile en 4x4.
Habitacle luxueux
Dans l’habitacle, le Ram, tout comme ses ennemis jurés que sont les Ford F-150 et Chevrolet Silverado / GMC Sierra, fait une large part au luxe. Notre véhicule avait même droit au volant chauffant ainsi qu’aux confortables sièges en cuir chauffants ET ventilés. De plus, il faut souligner la qualité de la finition de l’habitacle. Elle n’est pas encore parfaite, remarquez, mais elle est à des lieux de ce que Chrysler nous avait habitués. Même la qualité des matériaux s’est bonifiée avec les années! Si les places avant se méritent une bonne note, ceux d’en arrière s’attirent un peu moins de sympathie. Chez le Ram, on trouve trois cabines : régulière, Quad et Crew. La première n’offre que deux portières et, derrière les sièges avant, on ne retrouve qu’un petit espace de rangement. À l’autre bout du spectre, la cabine Crew (Équipage en français) propose suffisamment d’espace pour accommoder très confortablement cinq personnes. Notre Ram était une version Quad, ce qui implique une banquette à trois places, d’accès assez pénible et d’un confort limité, en grande partie à cause du dossier trop droit. L’assise de ces sièges peut se relever, un peu à la Honda Fit, pour pouvoir loger des objets encombrants comme un vélo ou une télé dans sa boîte. Par contre, il ne faut pas passer sous silence le fait que cette banquette peut accueillir trois personnes et qu’on n’y retrouve que deux appuie-têtes. Il y a des lois pour tout alors je ne comprends pas pourquoi il n’y en a pas une régissant le nombre d’appuie-têtes. Mon chat, qui dort paisiblement près de mon ordi, vient de se lever la tête, de bailler, de me regarder de son air perdu et se replonge dans son sommeil. Deux ou trois appuie-têtes, il s’en fout…
Au sujet de l’habitacle, je n’aurais que deux commentaires négatifs et relativement bénins. Tout d’abord, la boucle de la ceinture de sécurité du passager avant, lorsqu’elle n’était pas utilisée, ne cessait de cogner contre le pilier « B » chaque fois que je tournais le volant vers la gauche. Ensuite, la pédale du frein à main (à pied devrais-je dire…) est très haute et il est difficile de l’enfoncer avec de grosses bottines de travail sans accrocher le tableau de bord.
Petit, moyen, gros
Une camionnette c’est, encore et toujours, un moteur. Le Ram en propose trois. Le premier est un V6 de 4,7 litres de 210 chevaux et 235 livres-pied de couple, réservé aux petits travaux. Les deux autres sont des V8 de 4,7 litres (310 chevaux et 330 lb-pi ) ou de 5,7 litres qui développe rien moins que 390 chevaux et 407 livres-pied de couple . Ce dernier, on s’en doute, est le chouchou des acheteurs. En plus de pouvoir remorquer jusqu’à 9100 livres (4128 kg) selon la version, il autorise des performances fort décentes. Le 0-100 est l’affaire de 7,4 secondes et la sonorité de ce moteur en pleine accélération vaut les quelques sous gaspillés! Si le V6 n’a droit qu’à une transmission automatique à quatre rapports, les deux V8 reçoivent une boîte à cinq rapports. Bien étagée, elle permet au 5,7 de ne « tourner » qu’à 1 700 tours/minute à 100 km/h et à 2 050 à 120 km/h. Par contre, une transmissions à six rapports me semblerait encore mieux adaptée et permettrait de faire économiser de l’essence tout en tirant meilleur profit du couple élevé du moteur lors d’un remorquage. Lors de notre essai, nous avons maintenu une moyenne de 15,4 litres/100 km, ce qui n’est pas mal du tout compte tenu du type de véhicule.
Le Ram est doté d’un système 4x4 qui est loin d’avoir la sophistication des récents rouages intégraux mais il permet, grâce à sa gamme basse et à la possibilité de verrouiller le différentiel arrière, d’affronter les pires situations. Précisons que la gamme basse est passablement démultipliée et devrait permettre de franchir des obstacles très difficiles.
Nouvelle suspension arrière
L’an dernier, on a beaucoup fait état de la nouvelle suspension arrière à ressorts hélicoïdaux plutôt qu’à ressorts elliptiques comme c’est l’habitude depuis les huit cent dernières années dans le créneau des camionnettes américaines (GM aurait cependant utilisé ce type de suspensions dans les années 70, ce qui vient réduire passablement le nombre d’années que je viens juste d’avancer!). Cette nouvelle façon de faire ne change pas grand-chose dans les capacités de chargement (payload) mais elle améliore nettement le confort sur une route maganée, un état quasiment permanent des voies « carrossables » au Québec. Nous avons pu rouler passablement vite sur un petit rang bosselé et nous avons été impressionnés par la stabilité du train arrière même si on est loin du comportement d’une automobile. Par contre, et sans doute à cause de cette suspension, le Ram est la camionnette américaine qui peut recevoir le moins de poids dans sa caisse de chargement, soit jusqu’à 1640 livres (744 kg) selon l’équipement.
Durant des décennies, la Chrysler Corporation, Dieu ait son âme, se faisait un devoir de satisfaire les amateurs de performance et on sent que le travail effectué sur le nouveau Ram par les ingénieurs a été sérieux même si l’entreprise a bien changé. La direction est précise (pour une camionnette, s’entend) et procure un bon retour d’information. La tenue de route est plutôt impressionnante même si on est loin d’un Ram SRT10, Dieu ait son âme à lui aussi… et Dieu sait qu’il en avait de l’âme! La caisse du Ram 1500 penche certes en virage mais, à moins de vouloir jouer les matamores, ce n’est pas dramatique. Les freins sont très mordants et le transfert de poids est assez bien maîtrisé. Il faut toutefois noter que nous n’avons pas pu essayer le véhicule avec une remorque chargée alors que les freins sont beaucoup plus sollicités. Comme toujours chez Chrysler, la pédale de freins va loin et procure très, très peu de sensations.
Il est indéniable que le nouveau Ram est une camionnette réussie tout en étant différente, autant au niveau visuel qu’au chapitre de sa suspension arrière. Ce dernier point peut par contre faire mal aux ventes puisque dans ce créneau, le conservatisme, l’ultra conservatisme plutôt, est roi. S’il fallait que Dodge n’effectue qu’un seul rappel au sujet de cette suspension, le tollé pourrait être tel que la nouvelle filiale de Fiat n’ait pas le choix de retourner en arrière et proposer un système plus conventionnel. Et ce, même si c’est sans doute le meilleur élément du Ram 1500.